Depuis l’investiture du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, le 4 septembre 2013, notre pays est en proie à une cascade de scandales, les plus rocambolesques les uns après les autres.
Des surfacturations dans l’achat du Boeing présidentiel et des équipements militaires à l’attribution des logements sociaux de Tabacoro, en passant par l’affaire des engrais frelatés et la démolition arbitraires des maisons de citoyens, les gouvernements successifs du régime actuel n’en finissent pas d’aligner des affaires sulfureuses…
Qu’est-ce qui peut bien expliquer cet état de déliquescence de l’Etat malien ? Est-ce l’incapacité du pouvoir à faire respecter les règles élémentaires de bonne gestion ? Est-ce le laxisme des pouvoirs publics dans le traitement des dossiers de corruption ? Ou (enfin), l’incapacité du président de la République à sanctionner les auteurs des détournements de fonds publics et de corruption ?
En tout cas le peuple s’interroge sur la multiplication de ces scandales aux allures d’un système de gestion. Si ce n’est pas le cas, les Maliens sont en droit de se demander si la gestion des affaires du pays n’a pas (finalement) échappé au chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta.
Achat d’avion présidentiel
En 2014, les scandales du Boeing d’IBK et de l’achat des équipements militaires ont éclaboussé la République avec des surfacturations de plusieurs dizaines de milliards détournés au détriment d’un Mali en crise économique et sécuritaire. Il a fallu la pression de la communauté internationale, à travers le Fonds monétaire international (FMI), la Banque Mondiale et l’Union Européenne, pour que les autorités de Bamako acceptent d’ouvrir des enquêtes. Qui se sont avérées concluantes. Car le pot au rose fut découvert. Des dignitaires placés au Sommet de l’Etat, en complicité avec des réseaux maffieux, avaient tout simplement pris possession des caisses de l’Etat et s’enrichissant illicitement sur le dos des contribuables. Malgré la découverte de ces gros scandales (plus de 70 milliards volatilisés), le chef de l’Etat a eu du mal à se débarrasser des responsables présumés des détournements. Là également, le peuple a dû compter sur les partenaires financiers internationaux pour voir débarquer du dernier gouvernement les personnes citées dans ces sulfureuses affaires.
Engrais frelatés à coup de milliards
Aussi, en 2015, les Maliens n’avaient pas fini de « digérer » ces deux scandales que surgisse dans le département en charge du monde rural, un autre scandale plus rocambolesque que les deux précédents : le scandale des « engrais frelatés ». Dans celui-ci, on évoque également un détournement de plus de 60 milliards de FCFA. Des noms sont cités. Le ministre en charge du département a été même interpellé à l’Assemblée Nationale et des enquêtes sont ouvertes. Et à présent, aucune personne n’a été inquiétée, même si le président de la République a promis sur les bouts des lèvres d’être « impitoyable » à l’avenir.
Démolition à Souleymanebougou
Ce n’est pas tout, le jeudi dernier, les populations de Bamako ont été sidérées de voir la démolition des maisons de Souleymanebougou sur instruction du ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, Mohamed Aly Bathily. Même si cette affaire n’est pas une affaire de corruption, c’est un scandale qui implique de gros sous. Une des maisons démolies coûterait plus de 200 millions de nos francs. Comment peut-on détruire cet important investissement dans un pays sous perfusion et en manque criard de liquidité ? Aucune réponse ne pourra apaiser les esprits échauffés par la décision du ministre Bathily. Ajoutez-y les noms de ministres et de hauts dignitaires du régime qui sont cités dans les malversations et autres scandales impliquant beaucoup d’argent.
Le scandale des logements sociaux
Dans cette affaire, il semble que le chef de l’Etat n’a été informé qu’après le démarrage des opérations. Et c’est lui qui aurait finalement ordonné l’arrêt des casses.
Enfin, l’attribution des logements sociaux de Tabacoro vient conforter les Maliens que la gouvernance sous IBK ne donne droit à aucun espoir. La magouille à ciel ouvert (lire notre article) a atteint des proportions inégalées. En lieu et place des revenus modestes, les logements sociaux auraient été distribués à des ministres, amis politiques, parents et militants du parti présidentiel. C’est un autre scandale qui vient se greffer à tant d’autres depuis l’arrivée d’IBK à Koulouba. N’est-ce pas là, le résultat d’une gouvernance bâtie sur la corruption, le népotisme, l’affairisme et le militantisme ? Tout passe comme si le président de la République est en train de payer des dettes concoctées sous la pression électorale. A ce rythme, où va la République ? C’est là toute la question.
Idrissa Maïga