Le chef de file de l’opposition politique malienne, président de l’Union pour la république et la démocratie (URD), Soumaïla Cissé, était hier face à la presse pour donner des informations relatives au statut de l’opposition, mais aussi pour se prononcer sur les sujets d’actualité nationale. Il trouve que « dans notre pays un scandale chasse un autre et puis la vie continue ».
Le chef de file de l’opposition politique malienne, Soumaïla Cissé, accompagné des cadres de son parti et de partis de l’opposition, a animé jeudi, à la Maison de la presse, une conférence pour informer l’opinion nationale sur le statut de l’opposition, mais aussi pour se prononcer sur les sujets d’actualité. Son constat est amer : « J’ai l’impression que dans notre pays un scandale chasse un autre et puis la vie continue », a-t-il regretté.
Parlant du statut de l’opposition, il a souligné qu’il est l’émanation de la volonté du peuple malien de préserver et de renforcer les acquis démocratiques du 26 mars 1992. Il a précisé que la démocratie est le droit fondamental des citoyens qui doit être exercée dans des conditions de liberté, d’égalité, de transparence et de responsabilité dans le respect de la pluralité de l’opinion et de l’intérêt commun. « Dans cet exercice tout le peuple malien est concerné », a-t-il rappelé.
A l’en croire, après plus de 20 de pratique démocratique, des avancées, des insuffisances et des lacunes ont retenu l’attention du monde politique, de la société civile et de la presse. Ce qui lui a fait dire qu’il est une nécessité de traduire en acte la volonté du peuple malien en renforçant les acquis démocratiques par l’amélioration du système électoral, l’octroi à l’opposition des moyens politiques, juridiques, financiers lui permettant d’exercer son rôle et de garantir son droit.
Frustrations
Le statut juridique des partis politiques, plus précisément de l’opposition, a été initié depuis 1995, a-t-il rappelé. Ce statut, a précisé le conférencier, donne droit à tout parti politique de militer dans l’opposition politique, d’entretenir des relations de coopération avec des partis politiques de l’étranger ou associations politiques internationales dans le respect de la souveraineté nationale et des lois et règlement de notre pays. Aussi, selon le même statut, l’opposition politique a droit à l’accès aux médias d’Etat au même titre les partis de la majorité. Le président de l’URD a déploré le non-respect de cette partie du statut.
Il a aussi précisé que ce statut prévoit aussi de devoir pour l’opposition. Les partis politiques de l’opposition sont tenus de respecter les autorités légalement établies ; d’œuvrer à l’instauration d’une culture démocratique par l’information, la formation et l’éducation des citoyens. Aussi doivent-ils veiller au respect de la souveraineté nationale, de l’intégrité du territoire, de la forme républicaine de l’Etat, de l’unité nationale et de la laïcité de l’Etat.
Parlant de situation actuelle de notre pays, il a indiqué que la nation malienne est meurtrie, la République fragilisée. « Les Maliens, à l’en croire, ont le sentiment avoir été trahis. Ils subissent un quotidien insoutenable, ils deviennent de plus en plus nostalgique du passé. L’année 2014, qui a été déclarée l’année de lutte contre la corruption, a vite laissé place à une promotion florissante de la corruption jusqu’au sommet de l’Etat ».
Aujourd’hui, le chef de file de l’opposition fait le constat, après une analyse objective de la situation, que dans notre pays un scandale chasse un autre et puis la vie continue (avion, équipements militaires, marché de gré à gré, engrais frelaté…)
« La démocratie est une majorité et une opposition, s’il n’y a pas d’opposition, la démocratie n’a pas de chance de survivre, à plus forte raison de relever les défis qui se posent à notre pays », a précisé le conférencier tout en assurant que l’URD ne cessera jamais de dénoncer, même si parfois on le traite de « hassidi ».
Youssouf Coulibaly