Le prix de la viande continue à prendre l’ascenseur ces dernières semaines. Chacun y prend pour son compte aussi bien les bouchers que les consommateurs.
viandeLe prix du kilogramme est passé de 2200 à 2500 FCFA pour la viande avec os et de 2500 à 3000fcfa pour la viande sans os et de 3250 FCFA pour le filet. Une situation qui affecte beaucoup la population qui ne sait plus où donner de la tête. Tout le monde se plaint de cette hausse. Le pire c’est que la chair blanche (poisson et volaille) qui peut constituer une solution alternative est elle aussi en augmentation permanente. Les prix sont parfois fixés selon les humeurs des grossistes et des revendeurs. Notons que notre pays dépend aujourd’hui en grande partie des importations des poissons de mer en raison de l’appauvrissement drastique de nos cours d’eau en poisson d’eau douce.
Selon Bourama Ongoiba, boucher au marché de Boulkassoumbougou, la tension actuelle sur les prix est passagère. Elle s’explique par le mouvement de retour des animaux. Selon lui, avec la floraison des herbes dans la savane et dans le but de protéger les cultures de la destruction des animaux pendant l’hivernage, les bêtes remontent dans le sahel où est établi leur habitat naturel. C’est dire que généralement, en cette période, le prix de la viande grimpe durant la période hivernale où les vaches se nourrissent de « bourgous » (herbes). Une plante très nourricière pour les animaux. Elle leur procure de la vitalité et la force pour produire suffisamment de lait et de chair. En cette période d’engraissage, beaucoup d’éleveurs s’abstiennent de vendre leurs vaches, qui produisent beaucoup de lait.
Pour Bourama Ongoiba, les propriétaires de vache veulent que leurs animaux broutent beaucoup d’herbes pour grossir afin de les vendre plus chère. C’est ce mode de gestion à la fois affectueuse qu’économique qui est à l’origine de la cherté actuelle du prix de la viande, a-t-il expliqué. A croire à notre interlocuteur, les vaches attachées, nourries aux tourteaux se vendent moins chère par rapport à celles nourries à base d’herbe. Ces genres de bêtes produisent de la viande et du lait très succulents, ajoute-t-il.
Mais, après des investigations plus poussées, il nous est revenu de constater que cet argumentaire de Bourama Ongoïba ne tient pas la route. Car, il ressort de nos enquêtes que les éleveurs maliens transportent leurs bêtes dans les pays voisins (la Guinée, la Côte-D’ivoire et le Sénégal) soit pour les vendre ou pour le pâturage. Or, les ivoiriens ont mis en place un système d’appropriation irréversible de nos troupeaux. C’est-à-dire qu’ils ont aménagé un peu partout dans leur savane herbacée des multiples aires de pâture très extractibles pour attirer nos éleveurs. Mais, dès qu’une bête franchit le seuil de la frontière, elle ne peut plus retourner. Le propriétaire peut être libre de mouvement entre nos deux pays, mais pas les animaux. Ce qui fait que petit à petit, ils attirent toutes nos bêtes dans leur pays. Ce qui va créer des situations de pénurie de viande.
Il urge donc pour nos autorités de prendre des mesures pour mettre fin à cette politique d’exploitation de nos ressources en interdisant le pâturage hors pays. Pour cela, il convient de créer des aires de pâturages aménagés comme font les Ivoiriens.
Pour revenir au marché, selon Ongoïba, les bouchers ne font que palabrer en ce moment avec les consommateurs. « Chaque matin, c’est la discussion tendue avec les consommateurs alors que nous aussi sommes en train de nous débrouiller pour éviter la pénurie sur le marché. Sinon nous ne réalisons aucun bénéficie. » a-t-il expliqué, en ajoutant que la vente a même baissé durant ces dernières semaines. Car beaucoup de gens ont diminué leur achat. D’autres préférant payer le poisson à la place de la viande qui n’est plus à la portée de toutes les bourses.
Une restauratrice Néné Kéita explique qu’elle a même diminué le nombre de morceaux qu’elle mettait dans les plats qu’elle servait à ses clients.
Fatoumata Fofana