Le forum sous régional sur l’immigration, l’emploi et le développement durable se tiendra les 17, 18 et 19 décembre 2015 à Bamako. En plein préparatif pour la bonne tenue de ce forum, Mme Haïdara Aminata Kola Tall, directrice du forum sous régional sur l’immigration, l’emploi et le développement durable a accepté de nous accorder une interview, dans laquelle, elle nous livre les tenants et les aboutissants de cette rencontre d’envergure.
Le Débat : Présentez vous à nos lecteurs
AKT : Je tiens tout d’abord à vous remercier pour l’intérêt que vous accordez à mon projet. Moi, je suis Mme Haïdara Aminata Kola Tall. Je suis juriste de formation, promotrice de deux centres au Mali dans le domaine de l’enfance: le centre qui s’occupe des enfants autiste et une crèche pour les enfants. Je suis aussi la directrice de l’Agence pour la citoyenneté, le développement durable et la promotion des entreprises. Je suis également la directrice du forum sous régional sur l’immigration, l’emploi et le développement durable.
Le Débat : Comment l’initiative est venue d’organiser un tel forum au Mali ?
AKT : L’idée était déjà là depuis bien des années parce que, je suis issue de l’immigration, depuis 2005, je vis en France. Je suis partie dans le cadre de mes études, mais aujourd’hui je suis installée en France. Donc, cela me faisait mal au cœur de voir nos sœurs et frères tenter de regagner l’occident par la voie illégale ou clandestine. J’avais mal au cœur de voir tous les jours, les africains mourir dans la mer en croyant que l’occident c’est l’eldorado, en pensant qu’ils auraient une vie meilleure que chez eux. De voir les jeunes africains dans cette situation m’a révolté car si ces jeunes apercevaient l’occident comme nous les africains qui vivent déjà en Europe, ils n’oseront jamais tenter d’aller au prix de leur vie. Comme on le dit, on est mieux que chez soi. Personne ne choisit l’immigration de manière définitive. On va toujours ailleurs pour revenir plus fort, mieux armé pour affronter la vie, mais on n’y va pas pour rester. L’idée est donc née de ma souffrance de voir mes frères et sœurs voulant regagner l’occident, en pensant qu’ils auront la fortune.
Le Débat : Quels sont les objectifs de ce forum ?
AKT : Alors (sourire), les objectifs de ce forum, c’est tout d’abord de parler des causes profondes de l’immigration dont le chômage et aussi le poids social. Parce que souvent, l’atmosphère familiale peut pousser d’autres à partir à la recherche d’une vie meilleure ailleurs, mais toujours dans l’optique de revenir un jour chez eux. En plus des causes de l’immigration, on va essayer de mettre en relation les jeunes issus de l’immigration, les jeunes de la diaspora et ceux qui sont candidats à l’immigration. Cela permettra aux jeunes de la diaspora d’expliquer leur vie quotidienne difficile en Europe aux jeunes africains candidats à l’immigration. Le problème est que quand un africain part en Europe, il est difficile de retourner avec les mains vides. Cette honte empêche bon nombre d’africains aujourd’hui de retourner dans le bercail. Nous comptons à la fin de ce forum que chacun soit en mesure de connaitre les voies et moyens pour passer par la voie normale d’obtention de visa d’entrée dans les différents pays d’Europe. Pour ce faire, nous allons inviter les représentants des consulats au cours du forum afin qu’ils donnent les informations nécessaires aux jeunes candidats à l’immigration. A la fin du forum, des rapports seront établis et remis aux différents organismes internationaux, aux différents Etats de la CEDEAO afin que ça puisse servir de document de référence dans le domaine de l’immigration.
Le Débat : Quelles sont les différentes activités qui seront menées durant le forum ?
AKT : durant le forum, nous allons mettre des stands pour les artistes. Nous travaillons avec l’association des femmes artisanes du Mali. Peut être, il aura d’autres artistes de la sous région qui seront intéressés par évènement comme le forum concerne les pays de la sous région. Il y aura également des conférences débats autour des thèmes comme l’immigration, l’emploi et le développement durable. Nous comptons également organiser à la fin du forum, soit un déjeuner ou un diner au cours duquel des chanteurs seront invités. Il y aura aussi des défilés de mode et une conférence de presse.
Le Débat : Qui sont les participants et quel est le coût du forum ?
AKT : En faite, il y aura les jeunes de la diaspora, les jeunes seront invités dans tous les pays membres de la CEDEAO à y participer. Les organisations de la société civile et les organisations internationales seront également concernées. Au total nous comptons invités 300 participants, mais ça pourrait aller au-delà en fonction de l’évolution.
Nous avons un budget qui va dans les 240 millions de FCFA. Mais, nous sommes à la recherche de cette somme car, il n’est pas facile de mobiliser une somme aussi colossale auprès des partenaires. Je suis actuellement au Mali dans le cadre de la recherche des fonds. Et fort heureusement, nous avons un jeune dynamique sénégalais qui a pris l’initiative de s’impliquer personnellement dans le projet. Il est chargé de collecte de fonds pour le forum. C’est un député qui s’appelle Check Oumar Sy. Il me soutient moralement et financièrement pour la bonne organisation de ce forum. Il est donc très engagé dans ce sens. Il est aussi le directeur de l’observatoire de suivi en matière de développement économique au Sénégal. Je n’ai pas encore pris attache avec les autorités maliennes, mais je suis actuellement à Bamako pour cela. Je vais tout faire pour contacter les plus hautes autorités à faire ce forum une affaire nationale.
Le Débat : Votre dernier mot
AKT : Ce forum est un projet qui doit concerner tout le monde, parce que c’est rare de voir une famille malienne dans laquelle il n’y a pas d’immigré. Surtout la première région, Kayes, qui est la région la plus concernée par l’immigration. Les Sarakolé sont les premiers candidats à l’immigration (sourire). Je demande à tous les Maliens de venir nous prêter main forte pour une bonne organisation de ce forum qui constitue un lieu d’échanges sur les causes et les conséquences de l’immigration. J’exhorte les autorités maliennes à s’impliquer davantage dans ce projet pour mettre fin à l’immigration clandestine et sauver la vie des milliers de jeunes candidats à l’immigration. Je vous remercie.
Propos recueillis par Y. Doumbia