Au moins cinq personnes ont été blessées lundi de sources concordantes. Les manifestations ont pignon sur rue encore, ce mardi 15 mai même si une accalmie précaire et revenue. Les manifestants, c’est à dire les jeunes dont les rangs grossissent de plus en plus, n’entendent plus reculer. Il s’agit là d’un mouvement populaire qui ne veut plus obtempérer aux dictats d’Ane çardine.
L’heure est grave. Interdiction de fumer, d’écouter la radio et de faire d’autres jeux comme le football : tels sont les dictats qu’Ane çardine de Iyad Ag Ghaly veut imposer aux populations de Gao. Les jeunes de la ville ont juré de ne pas se plier à ces exigences du nouvel occupant. Ils sont sortis, brûlant des pneus lundi dans les rues pour exprimer leur exaspération, notamment contre les nouvelles injonctions des islamistes. Les groupes armés ont riposté tirant, par moments, à balles réelles contre les manifestants. Selon plusieurs ONG, de nombreuses atteintes aux droits de l’homme ont, depuis, été commises dans ces régions également confrontées à des pénuries alimentaires aggravées par la sécheresse. Selon des témoins, dans un des quartiers, des manifestants ont arraché les drapeaux d’Ane çardine et du MNLA et ont hissé à la place le drapeau national malien. D’après un élu municipal ayant requis l’anonymat, les habitants ont été excédés par le fait que depuis le dimanche dernier, des hommes armés ont empêché des jeunes de se divertir. Selon cet élu, les envahisseurs ont cassé une télévision que regardaient les jeunes. C’est ce qui fut l’élément déclencheur. Ensuite, le lundi, des hommes armés ont tenté sans succès de s’approcher des tombeaux de la ville, nous a-t-ont indiqué. Les civils ont organisé une ceinture de protection, a ajouté le responsable municipal. Aujourd’hui, l’ONG Human Right Watch a confirmé les violations des droits de l’homme perpétrées par ces groupes armés, des crimes de guerre, des viols, des pillages et surtout l’enrôlement des enfants soldats.
Malgré cette situation insoutenable, le pays est bloqué politiquement sur les modalités de transition : 40 jours d’intérim selon les délais constitutionnels, douze mois suggérés par la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédeao) mais rejetés par les putschistes omniprésents sur la scène politique. La Cédeao bien qu’ayant reconsidéré sa position (remettre la proposition de l’envoi de sa troupe à la seule demande des autorités maliennes), la junte revient à sa première proposition après le coup d’état : la convention. Une tournure qui risque de compliquer la situation. Ceci est-il de nature à apaiser ou rassurer les partenaires ? Assurément non. Le pays est encore à la croisée des chemins car la communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest menace de revenir sur ses sanctions, même si elles sont ciblées. Elle accuse la junte de perturber la transition politique et de déstabiliser ce pays de 15 millions d’habitants. Selon certaines sources, l’attitude du chef de la junte commence à irriter certains chefs d’Etat de la sous-région. Le seul leitmotiv qui doit valoir aujourd’hui pour le capitaine Amadou Aya Sanogo, c’est de constituer plus une solution qu’un problème pour le Mali.