Face à la presse hier à la Maison de la presse, le chef de file de l’opposition malienne, l’honorable Soumaïla Cissé de l’URD a dénoncé la succession des scandales (affaire de l’avion présidentiel, contrat d’équipements militaires, engrais frelatés, affaire des passeports, des démolitions de maisons, attribution de logements sociaux…) sous le régime IBK. Avant de réaffirmer l’appartenance, sans aucune ambiguïté, de son parti, l’Union pour la République et la démocratie (URD) à » l’opposition républicaine et constructive « . Après avoir expliqué les contours de la loi qui institue le chef de file de l’opposition, M. Cissé a indiqué que le décret fixant la composition de son cabinet et les avantages y afférents n’est pas encore pris par le gouvernement. C’était en présence de plusieurs cadres de l’opposition malienne.
Pour le conférencier, » la nomination de l’honorable Soumaila Cissé comme Chef de file de l’opposition n’est pas une faveur ou un bonus quelconque accordé à ce dernier encore moins un moyen subtil de le ramener dans les rangs et de le faire taire. Non, comme je viens de l’indiquer c’est l’aboutissement d’un processus qui prend naissance dans la Constitution du 25 février 1992 et dans certains accords internationaux « .
Et de souligner qu’aujourd’hui, ce porte-parole de l’opposition c’est Soumaïla Cissé, demain ce serait un autre. » J’insiste sur ce point car dès ma nomination, on a focalisé les esprits sur les avantages non encore déterminés du Chef de file de l’opposition tout en occultant son rôle dans le jeu démocratique « , a-t-il expliqué.
Une opposition responsable et patriotique
Pour Soumaïla Cissé, bien avant l’entrée en vigueur de la loi n°2015-007 du 4 mars 2015 portant statut de l’opposition politique, » après s’être volontairement déclaré et sans pression aucune dans l’opposition dès le lendemain des élections générales de 2013, l’URD a inscrit son action dans une opposition constructive et responsable en faisant des critiques objectives et des contre- propositions « .
Et d’ajouter qu’il est inutile de rappeler les dérives et les abus qui continuent de caractériser le régime en place. L’URD ne cessera jamais de les dénoncer sans violence aucune.
« Aujourd’hui, la Nation est meurtrie, la République est fragilisée, la démocratie fracturée. Les maliens se sentent humiliés, indignement traités et trahis. Ils subissent un quotidien insoutenable. Ils deviennent de plus en plus nostalgiques du passé. On a l’impression que dans ce pays, un scandale chasse un autre chaque jour que Dieu fait. Les scandales sont devenus la règle. Pour ce régime, le peuple ne constitue plus une priorité « , a-t-il dénoncé.
Il a rappelé que l’année 2014 a été déclarée année de lutte contre la corruption. Mais, dira-t-il, ce slogan a laissé la place à une course effrénée pour la promotion de la corruption jusqu’au sommet de l’Etat. La corruption florissante, au contraire de l’emploi qui s’assèche, a atteint des proportions inquiétantes dans tous les domaines et les atteintes graves au droit des travailleurs sont devenues monnaie courante avec des relèves de cadres et d’agents dans tous les secteurs pour seul motif politique.
A en croire Soumaïla Cissé, le régime peine à créer l’espoir, à mobiliser les énergies et à faire appel au génie créateur du peuple malien. Pour la majorité qui gouverne, a-t-il poursuivi, les jeunes et les femmes sont loin d’être les véritables atouts de l’avenir. Les populations attendent désespérément les services sociaux de base promis.
A le croire, seule une saine distribution de la justice permet de sanctionner les errements inadmissibles. Avant de fustiger la récente démolition des maisons de paisibles citoyens sous divers arguments.
Recrudescence de l’insécurité
L’URD, a expliqué le chef de file de l’opposition, a rappelé avec insistance et sans succès que la montée fulgurante des attaques terroristes et jihadistes dans le pays requiert une vigilance sans faille, une mobilisation permanente et un engagement responsable du Gouvernement à travers des actions appropriées pour combattre les menaces afin d’assurer aux populations la protection de leur personne et de leurs biens.
» L’accord issu du processus d’Alger, auquel nous n’avons pas été associés malgré notre insistance, était censé ramener la paix et la quiétude dans notre Pays. Hélas ! Depuis la signature dudit document, l’insécurité se généralise « , a-t-il déploré.
Il n’a pas manqué de saluer le courage et l’engagement des forces armées et de sécurité du Mali, qui opèrent parfois dans des conditions très difficiles.
Et de souligner avoir demandé au gouvernement de différer la construction du projet de pavillon présidentiel à l’aéroport pour 8 milliards FCFA et d’affecter ce montant à l’équipement des forces de défense et de sécurité. Il a aussi indiqué que l’opposition a toujours exigé que les responsables des actes terroristes criminels soient recherchés, poursuivis, jugés et punis. Mais l’on constate qu’ils sont plutôt libérés en douce par les autorités du pays
« Malgré l’arrogance des réponses réservées à nos nombreuses critiques, motion de censure et autres interpellations, les maux demeurent nombreux, les dérives insupportables à tel point que le président de la République, après les avoir reconnus récemment à l’occasion de la fête de l’Aïd El Fitr, a promis de sévir et d’être impitoyable « , a-t-il déclaré, non sans scepticisme.
Rappelons que Soumaïla Cissé a, à l’entame de ses propos rappelé les droits et les obligations de l’opposition malienne, qu’il a reconnue plurielle et animée par plusieurs formations politiques disposant chacune de son leadership et de sa sensibilité.
Bruno D SEGBEDJI