Le Président de la République du Mali, Dioncounda Traoré, a nommé, mardi soir, le médiateur de la République, Diango Cissoko, au poste de chef du gouvernement, selon un communiqué présidentiel diffusé à la télévision malienne (ORTM).
Les Nations unies, les États-Unis, l’Europe et l’Afrique de l’Ouest ont unanimement condamné l’ingérence des militaires dans la vie politique au Mali, mardi, quelques heures après l’arrestation et la démission forcée du Premier ministre Cheick Modibo Diarra. Après cette démission forcée et selon un décret lu par la chaîne de télévision publique malienne ORTM, le président par intérim, Dioncounda Traoré, a nommé au poste de Premier ministre le médiateur de la République, Diango Cissoko. Cette nouvelle crise ouverte au Mali intervient alors qu’est attendu avant Noël un feu vert de l’ONU sur le déploiement d’une force internationale pour chasser du nord du Mali les groupes islamistes armés qui l’occupent depuis huit mois.
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a lui-même «appelé une nouvelle fois à la fin de l’ingérence des militaires dans la politique», se déclarant «troublé» par le coup de force au Mali.
Mardi matin, Cheick Modibo Diarra avait annoncé sa démission et celle de son gouvernement après avoir été arrêté dans la nuit sur ordre du capitaine Amadou Haya Sanogo, chef de l’ex-junte ayant renversé en mars le Président Amadou Toumani Touré. La nouvelle intervention des militaires maliens va à l’encontre des résolutions de l’ONU qui demandaient que «les forces armées maliennes cessent d’interférer dans le travail des autorités de transition» mises en place après le putsch de mars, souligne le Conseil de sécurité, dans une déclaration. Il se dit prêt à envisager «des sanctions ciblées contre ceux qui empêchent la restauration de l’ordre constitutionnel et agissent pour miner la stabilité du Mali». Le Conseil réitère son soutien au Président par intérim Dioncounda Traoré et lui demande de «nommer rapidement un gouvernement d’union nationale». Il presse les «autorités de transition de mettre au point rapidement une feuille de route (...), afin de restaurer l’ordre constitutionnel et l’unité nationale, et de tenir dès que possible des élections pacifiques et crédibles».
Sur la même ligne de fermeté, le département d’État américain a «condamné cet acte perpétré par la junte militaire», l’exhortant à «cesser ses ingérences perpétuelles dans les affaires politiques et gouvernementales maliennes». La porte-parole de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, a dénoncé un «recul» pour la transition démocratique et promis «probablement des décisions cette semaine au sein du Conseil de sécurité». La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a aussi condamné les «agissements» des militaires au Mali.