Impensable ! Même les députés élus dans les localités du Nord rechignent à s’y rendre. A ce rythme, il ne faudrait pas s’attendre à voir les missions parlementaires en cours sillonner cette partie du pays. Le prétexte est tout trouvé : l’insécurité.
Sûrement, la raison principale de l’abandon des missions parlementaires dans les régions du Nord du Mali est liée à l’insécurité qui prévaut dans cette zone. Mais, pour certains, l’explication ne tient pas la route dans la mesure où des populations y vivent et mènent des activités au quotidien.
Certes, l’insécurité est une réalité dans cette partie du pays malgré la présence de l’armée dans la quasi-totalité des régions de Gao et de Tombouctou. De nos jours et au regard de la nouvelle donne, notamment les attaques à répétition dans les localités du Sud et le Centre du pays, l’argument de nos honorables députés est loin de convaincre.
En ces heures de suspicion, une mission parlementaire dans l’ensemble du pays surtout dans les localités du Nord où on note une forte concentration des FAMa, permettra de ralentir la reconstruction chère aux plus hautes autorités.
Les députés, une fois sur le terrain sauront faire l’état des lieux de la situation des infrastructures de base. D’autant plus que depuis l’installation de la 5e législature, les missions parlementaires se limitent à une partie de la région de Mopti.
Une mission parlementaire à Gao et Tombouctou est plus qu’un impératif. Elle aidera les populations qui ont du mal à se retrouver dans la gouvernance actuelle. Elus au nom du peuple, les députés se doivent de matérialiser cette assertion, en leur apportant la solidarité au moment où règne l’incertitude sur le terrain avec les attaques terroristes.
Surtout ne demandez pas au président de la commission santé de l’Assemblée nationale, Pr. Kalilou Ouattara, d’effectuer un voyage dans le septentrion, car il n’a ni la volonté ni le courage de le faire. Il a déjà son idée sur la question. Idem pour les autres députés de l’hémicycle qui sont élus dans les circonscriptions du Nord. Sur ce registre, seul le député de Kidal peut se vanter d’avoir fait le trajet à plusieurs reprises.
Quid du chef de file de l’opposition ?
Même le chef de file de l’opposition, SoumaïlaCissé, élu à Niafunké, réfléchit à deux fois pour se rendre dans son fief et pourtant, il a tenu des promesses fermes aux populations. Que dire du député RPM élu à Goundam, Mohamed Ould Sidi, et membre de la commission lois de l’Assemblée nationale, qui, depuis une semaine sillonne le pays, mais qui ne se rendra jamais dans son fief électoral ?
Nous ne parlerons même pas de l’indifférence de l’institution parlementaire sur le retour à la normale dans les régions, l’hémicycle a été tout simplement la grande absente.
Dans un pays où la morale est une règle de gouvernance, c’est la représentation nationale qui prend des initiatives pour accélérer la sortie de crise. En somme, l’Assemblée nationale a choisi d’abandonner les régions du Nord et trouve en l’insécurité un prétexte pour botter en touche.
Alpha Mahamane Cissé