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© aBamako.com par A S
L’ « ombre » d’un homme projeté sur son mur suscite la curiosité Bamako, le 27 Juillet 2015, Hamdallaye: L’ « ombre » d’un homme projeté sur son mur suscite la curiosité. |
Une tâche à Hamdalaye, un miracle et un abus de dépendance spirituelle.
Montre-moi une tâche, je te dirais si tu es l’auteur d’un miracle. On pourrait utiliser cette phrase à toutes les sauces au Mali aujourd’hui puisque la mode semble s’être arrêtée sur le miracle.
Pour planter le décor nous allons faire dans le classique : une commune à forte variante religieuse à ne pas confondre avec croyante, un imam très âgé, une saison de pluie qui désagrège le revêtement des murs et une misère apparente sont les ingrédients qui ont concocté une mise en scène qu’un réalisateur de film aurait eu du mal à réaliser et que même Pablo Picasso n’aurait pas pensé.
Suite à l’image d’une tâche vue comme un miracle dans la maison d’un vieil imam, le ministre de la culture s’est déplacé en personne suivi du président de la république sur les lieux. L’exécutif malien vient donc de valider la thèse d’un miracle puisque désormais les lieux sont sécurisés et sous surveillance de la police nationale obligée de filtrer les visites. Des milliers de badauds font la queue pour admirer ce qui l’a été avant eux par le premier des maliens. Certains y vont en simple touriste et d’autres pour vénérer cette « tâche divine ».
Prenons un peu de recul et analysons ce phénomène qui risque d’en entraîner d’autres. Qui est habilité au Mali à expertiser un miracle ? Quelle est la différence entre cette image et une autre ? Quel est le lien avec la religion musulmane et la foi ? Si cette image avait été aperçue dans la maison du vendeur de viande de chien et de Gnòglò à Bla, le caractère de miracle lui aurait-il été accordé ? Est-ce que la police aurait monté sa garde ? Est-ce que le président en personne se serait déplacé ?
Quoiqu’il advienne des réponses, le gagnant de cette rumeur est le pouvoir qui réussi par le biais d’une communication de la chose à déplacer le curseur sur les vrais sujets qui intéressent les maliens. Le fait que le président de la république s’en occupe personnellement oblige l’opinion à en faire un sujet d’importance prioritaire. On en oublie les attaques terroristes qui font des morts civils et militaires par dizaine chaque jour. On esquive la partition du Mali. On en profite pour allouer des logements sociaux aux ministres. On se dépêche de payer deux fois un ministre pour l’exercice de sa fonction.
L’importance que le pouvoir octroie à cette tâche comparée à ce qu’il donne aux soldats morts et blessés ainsi qu’à leurs familles est un indicatif sérieux des priorités. Lors de la cérémonie de signature de l’accord de paix à Bamako, le président a réussi à oublier les soldats maliens. C’est donc un classique chez lui d’inverser l’ordre des priorités. Le processus de « moutonnisation » des maliens semble marcher puisque désormais ils accourent par millier pour se prosterner devant cette tâche.
Le prêcheur Ousmane Cherif Haidara savait qu’en se déplaçant en personne il donnerait caution à cette rumeur. On assiste à un abus de dépendance spirituelle de la part de Haidara et IBK sur le peuple malien.
Le vrai miracle n’est donc pas là où on le cherche, il réside plutôt dans les faits suivants :
– La présence du légendaire opposant Oumar Mariko dans la mouvance présidentielle;
– La proximité entre IBK et Ousmane Cherif Haidara;
– Le fait que les politiques maliens et une certaine presse malienne ne désigne pas le MNLA et la CMA par « terroristes »;
– Le fait que le premier ministre Modibo KEITA ne voyage jamais;
– Les maliens ne se soulèvent pas malgré la levée des mandats d’arrêt contre certains terroristes du MNLA et la situation insupportable au pays
La vie du malien est un paradoxe, sa conduite est une incompréhension et son avenir est une incertitude qu’il confie au hasard et au miracle.
Elijah de Bla
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