Le Collectif pour la défense de la République (CDR) a animé mardi une conférence de presse pour exiger du gouvernement la poursuite de l’opération de déguerpissement enclenchée le jeudi 23 juillet par le ministère des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, qui constitue, selon lui, l’amorce des mesures d’assainissement du secteur.
Indigné par l’arrêt des travaux de démolition des constructions anarchiques sur le patrimoine public et privé de l’Agence de cession immobilière à Souleymanebougou dans le cercle de Kati, le Collectif pour la défense de la République, au cours d’une conférence de presse animée mardi 4 août, au Carrefour de jeune de Bamako, a invité le gouvernement à faire face à ses responsabilités.
Selon le mouvement, cette opération qui était annoncée comme l’amorce des mesures correctives du département des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières dans le secteur foncier ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin.
« Force doit revenir à la loi. Nous soutenons cette opération pour une seule raison : il s’agit de la lutte contre les spéculations foncières qui constituent un problème aussi grave que la corruption. Le domaine ainsi démoli était occupé par des particuliers dont certains avaient construit dans le lit du marigot Farakoba qui sépare la Commune I et le cercle de Kati, par la complicité active d’autorités municipales… », a précisé le porte-parole du Collectif, Mohamed Youssouf Bathily.
Face à cette situation, le porte-parole du CDR dira que l’impératif s’impose de récupérer le patrimoine de l’ACI pour les premiers bénéficiaires qui ont tous les documents administratifs.
« Des notabilités et autorités municipales de Moribabougou et Ngabakro-Droit, précisément Diarrah Diarra, maire de Moribabougou, et Malick Kéita maire de Ngabakro-Droit et aussi le préfet de Kati sont parvenus à vendre non seulement l’emprise du marigot, mais à grignoter sur le site de l’ACI. Une parcelle qui avait été lotie depuis 2002 par le dernier gouvernement d’Alpha Oumar Konaré », a-t-il souligné.
Selon lui, ces spéculateurs n’épargnent ni une ville encore moins une campagne, des espaces comme des servitudes (lits des fleuves et marigots). Bref rien ne se perd à Bamako et environs, tout peut se morceler et vendre.
« C’est ainsi que l’Agence de cession immobilière a entrepris une opération de déguerpissement d’une soixantaine de constructions et soubassements concernés. Cette opération vise à donner les concessions aux premiers bénéficiaires. Ces constructions sont faites en toute illégalité. Ce n’est pas possible qu’on installe quelqu’un à moins de 5 m du fleuve. La servitude légale est de 25 m au moins. Il y a eu effectivement violation flagrante de la loi. Les personnes chargées de veiller à l’application de la loi pénale la violent en installant des gens sur des propriétés de l’Etat », a-t-il fait savoir.
Le gouvernement interpellé
Pour le Collectif, le gouvernement a manqué une occasion en or de redorer son blason. « L’arrêt des travaux est une atteinte à la sûreté de l’Etat parce que les fraudeurs continuent d’occuper les biens d’autrui. Le gouvernement ne devait pas se laisser distraire par les spéculateurs. La volonté de respecter de la loi ne doit pas s’arrêter », a-t-il dénoncé. Le Collectif pour la défense de la République interpelle le gouvernement sur la poursuite immédiate des travaux sous peine d’être complice à l’anarchie.
Bréhima Sogoba