Depuis un certain temps, rien ne va plus dans les mairies de la capitale en matière de gestion des régies, notamment de recettes. La raison principale, c’est le détournement des taxes recouvrées, à des fins personnelles par les animateurs des lieux. Si la décentralisation a fait des heureux à Bamako, ce sont les régisseurs de nos mairies qui, au vu et au su de tous, détournent la quasi-totalité des recettes communales. Et le pire est qu’ils sont souvent soutenus dans cette aventure par des élus communaux. L’essentiel est que ceux-ci soient graissés.
La méthode est simple, les quitanciers que leur livrent les percepteurs sont frauduleusement remplis. Ainsi, sur un quittancier, le régisseur trompeur peut se tailler la somme de 300 000 F CFA voire 400 000 F CFA. Et dans certaines communes, le régisseur peut se voir attribuer 2 à 3 quittanciers par mois. L’affluence oblige. Ce qui est surprenant, c’est l’habilité avec laquelle, ceux-ci procèdent aux remplissages des quittances. Ils sont tellement habiles que ça passe inaperçu. Mais il suffit de creuser en profondeur pour se rendre compte que le quittancier est rempli en deux phases.
Dans un premier temps, on inscrit le montant payé par l’usager (le payeur de taxe), correctement. Avant cette opération, on met un papier blanc entre la partie de la quittance qui sera remise au payeur et celle qui doit aller à la perception. Cela est fait pour éviter que le montant qui est inscrit sur la copie du client ressorte sur la partie qui ira à la perception. Car entre ces deux parties il y a un calque.
Dans un second temps, on met le calque entre le papier blanc et la partie qui doit aller à la perception et on inscrit la moitié de la somme versée.
Quant à l’autre moitié des sous, on se la partage aisément. C’est pourquoi d’ailleurs, nombreux sont les régisseurs qui font des mois sans aller chercher leurs salaires à la banque.
Autre manière de tricher, c’est l’intimidation des commerçants par des bénévoles recrutés par ceux-ci pour les aider dans leur tâches de recouvrement. Attitude obligatoire pour espèrer être maintenu dans la liste des bénévoles à tout moment.
A noter qu’à chaque descente dans les marchés, ces bénévoles aussi se tapent des milliers de nos francs. Bien entendu après avoir graissé les pattes de la hiérarchie.
Voilà, entre autres, des faits qui font que les caisses de nos mairies restent toujours vides. Et contrairement à ce que l’on nous fait croire, ils sont nombreux les bamakois à s’acquitter de leurs devoirs communaux.
Pour freiner ce fléau, l’implication de l’Etat s’impose dans les opérations de recouvrement des recettes communales. Du moins jusqu’à ce que le secteur soit bien assaini.