Bamako - Une prise d'otages par un commando armés dans un hôtel de Sévaré, dans le centre du Mali, se poursuivait vendredi soir, après avoir fait au moins huit morts, tandis qu'un ressortissant ukrainien a
réussi à échapper aux assaillants.
"La prise d'otages se poursuit" à Sévaré, ville située à plus de 620 km au nord-est de Bamako, a indiqué une source militaire malienne jointe vers 18H00 locales (et GMT), sans être en mesure de préciser le nombre de personnes retenues par les assaillants.
"Le bilan est maintenant de trois morts et quatre blessés du côté des Fama (Forces armées maliennes), deux terroristes ont été tués et il y a actuellement trois corps visibles devant l'hôtel à côté d'un minibus calciné", a-t-elle dit.
Un précédent bilan communiqué à l'AFP par la même source vendredi après-midi était de quatre morts: deux militaires, un assaillant portant une ceinture d'explosif abattu par les militaires et le corps d'une personne à la peau blanche devant l'hôtel.
D'après des sources militaires maliennes, les assaillants ont fait irruption tôt vendredi matin à Sévaré et se sont infiltrés dans l'hôtel Byblos. Selon l'une de ces sources, au moins cinq étrangers - trois
Sud-Africains, un Français et un Ukrainien - y étaient enregistrés avant l'assaut.
"D'après nos informations, un Ukrainien a pu s'échapper cet après-midi de l'hôtel. Selon les mêmes informations, il a confié qu'il y avait avec lui à l'hôtel", avant l'attaque, "trois Sud-Africains, un Russe comme expatriés", a précisé la première source militaire.
L'Ukrainien a également fait état "de quatre ou cinq terroristes" dans l'hôtel au moment de sa fuite, a-t-elle encore dit.
Aucune indication n'était disponible sur le nombre de Maliens - clients ou personnels de l'hôtel - présents sur place au moment de l'attaque.
"Les Fama (Forces armées maliennes) ont bouclé la zone" d'où elles tentent de les déloger. Cette attaque "est une prise d'otages", avait affirmé dans l'après-midi une source militaire.
Sollicité par l'AFP, le ministère sud-africain des Affaires étrangères a simplement déclaré: "Nous sommes au courant de la situation au Mali. L'ambassade sud-africaine est en contact avec les autorités. Il n'y aucun autre détail à ce stade".
- La population doit rester à la maison -
Selon un porte-parole de l'ambassade de Russie ayant parlé sous couvert d'anonymat à l'agence RIA Novosti, un Russe, employé chez UTair, une compagnie aérienne qui travaille avec la Mission des Nations unies au Mali (Minusma), se trouve dans l'hôtel Byblos. "On nous a dit que finalement, un citoyen russe
figurait parmi les otages", a-t-il déclaré, citant les autorités maliennes et précisant qu'il s'agissait d'un "membre d'équipage de UTAir".
En accueillant à Villacoublay (région parisienne) l'ancienne otage au Yémen, Isabelle Prime, le président français François Hollande a glissé qu'il y avait au Mali une opération en cours "qui peut concerner éventuellement des compatriotes".
Jusque vers 15H00 (locales et GMT) à Sévaré, "des tirs sporadiques" étaient entendus "autour de la zone des hôtels Byblos et Debo", établissements voisins, a indiqué un élu local.
"Des assaillants ont pris en otage des expatriés dans un de ces hôtels qui sont dans la même zone. L'armée a complètement bouclé la zone et la ville est quadrillée. Il a été demandé à la population de rester à la maison", a-t-il témoigné sous couvert d'anonymat.
Selon lui, les personnes retenues par les assaillants pourraient être des membres de personnels de la Minusma, habitués à séjourner dans les hôtels de cette ville. Il n'était cependant pas en mesure de préciser leur nombre ni leurs nationalités.
Mopti se situe à la lisière du vaste Nord malien, où ont été enlevés de nombreux Occidentaux et qui était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes islamistes extrémistes liés à Al-Qaïda - dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) - qui avaient profité d'une offensive rebelle touareg contre
l'armée.
Les jihadistes ont été en grande partie chassés et dispersés de ces régions à la suite du déclenchement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une opération militaire internationale, toujours en cours. Cependant, des zones entières échappent encore au contrôle des autorités maliennes comme à
celui des forces étrangères.
L'attaque à Sévaré est la troisième en moins d'une semaine dans le pays, après deux assauts ayant fait 13 morts parmi les militaires: deux ont péri dans une embuscade vers Nampala (centre) le 1er août, 11 ont été tués sur une base de la Garde nationale à Gourma-Rharous nord-ouest) le 3 août. Cette
dernière opération a été revendiquée par Aqmi, selon l'agence de presse privée mauritanienne Al-Akhbar.
Longtemps concentrées dans le nord du Mali, les attaques jihadistes se sont étendues depuis le début de l'année vers le Centre, puis à partir de juin dans le Sud, près des frontières ivoirienne et burkinabè.
Ces assauts illustrent la difficulté d'isoler les jihadistes des rebelles ayant signé le 20 juin un accord de paix entériné par le camp gouvernemental le 15 mai, visant à établir une paix durable dans le nord du Mali.
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