Elle est un génie sorti des eaux troubles du théâtre malien si l’on s’en tient à la critique que le metteur en scène Ousmane Sow fait de cet art. « Un théâtre moribond, un théâtre qui s’exprime de moins en moins. Un théâtre où on a pratiquement chassé l’auteur, où il n’y a pas de jeu, où la mise en scène est carrément obsolète, où on ne voit pas de metteur en scène. » C’est donc dans ce dilettantisme qu’émerge, comme par enchantement, Alimata Baldé, une comédienne pétrie de talents et faisant preuve d’une bonne aptitude à la communication et d’une formidable Capacité de travail en équipe. Au théâtre comme au cinéma, elle brille de mille feux pour la simple raison que « le théâtre et le cinéma, c’est comme le nez et la bouche » m’a t- elle confiée.
Diplômée en art dramatique à Institut National des Arts du Mali (INA) de la session de Mai 2007, Alimata Baldé dite Alicia, fait la fierté du théâtre et du cinéma maliens de sa génération. Ousmane Sow, metteur en scène est son ancien professeur d’art dramatique: «Baldé était une étudiante très brillante qui m’a gratifié lors de son diplôme de sortie d’une « Électre » étincelante (une pièce de Sophocle où l’auteur affirme la singularité de son écriture à travers un choix de mise en scène novateur pour l’art de son époque). Une pièce dans laquelle, elle a donné le meilleur d’elle-même et je me demande encore si elle sera confrontée à un tel rôle si difficile. Vous savez, la tragédie grecque n’est pas à la portée de tout le monde. Je me demande si elle n’est pas un peu sous exploitée. Je pense qu’elle est encore très jeune et qu’elle peut aller loin. Mais, ce que je retiens, c’est qu’en elle, brûle encore la flamme du théâtre. Et tant que cette flamme brûle en elle, je reste confiant qu’elle peut aller très loin. J’espère qu’un jour, elle aura la chance de rencontrer un grand auteur ou un grand metteur en scène qui pourra lui donner la juste mesure de son talent. C’est ce qui lui manque maintenant ».
Pourtant, son choix d’aller à l’INA après avoir brillamment obtenu le Diplôme d’Etude Fondamentale, n’était pas du goût de sa tante. Son père par contre n’en voyait aucun inconvénient. D’ailleurs, c’est lui, qui s’occupa de son inscription. Argumentant, qu’un enfant réussit facilement dans un cursus de son choix que dans celui qui lui est imposé. « Toute ma famille n’était pas consentante sur mon choix de faire du théâtre. Ma mère, mais encore plus ma tante, voulaient que je fasse de grandes études universitaires. Par contre, mon père était tout acquis à l’idée. C’est d’ailleurs lui-même qui s’est mis à fournir tous les dossiers d’inscription pour le concours d’entrée à l’INA. Il a même envoyé ma sœur dare-dare au village, à Bougouni, pour une copie de mon acte de naissance et établir mon casier judiciaire. Mais finalement comme c’était ma vocation, tous respectent ma profession aujourd’hui»
Son niveau d’excellence repose sur la qualité humaine et le talent naturel qui la caractérisent. Déjà en première année à l’INA, elle fut remarquée et admirée par son professeur de théâtre negro- africain et théâtre universel, Madame Fofana, l’actuelle directrice de l’INA, qui la proposera à une équipe de la compagnie « Blonba » venue dénicher des talents en herbe. Le coup d’essai fut un coup de maître. Quelques semaines plus tard, elle signa son premier véritable contrat professionnel de sa jeune carrière d’artiste comédienne. « Claude YERZIN le Directeur du Nouveau Théâtre d’Angers, chargé de casting à « Blonba » me remarqua et me donna ma première chance que j’ai su saisir. Je signais là un contrat qui m’a permis de jouer dans de grandes salles et de faire des tournées en Europe. Mais avant, avec Fily Sissoko, un metteur en scène, j’avais signé pour du théâtre radiophonique »
Le théâtre ou le cinéma, peu importe les planches, ‘ des sanctuaires de découverte de soi, de recherche intrinsèque, de compréhension, d’apprentissage et de vérité’ lui ouvrent les portes au monde du 7ème art. Dès lors, ses prestations scéniques se succédèrent. Monologue dans la pièce de théâtre intitulée : « MOI BALDEY, LA FIANCEE DE LA RUE » dirigée par Momo EKIESSI le 13 janvier 2004. Elle va jouer quelques temps après, la comédienne phare dans les 6 représentations de la pièce « CATERPILLAR AU THEATRE DE LA GIRANDOLE A MONTREUIL SOUS BOIS (FRANCE) » dans le cadre de la Semaine Culturelle Malienne organisée par la ville de Montreuil et le Studio VOLANT DE PARIS.
Notre jeune comédienne porte également sa griffe dans le Spectacle « SUD-NORD, LE KOTEBA DE QUARTIER » en compagnie de Nouhoun CISSE, Amadou KASSOUGUE, Diarrah SANOGO et autres, de Jean Louis Sargot DIVEAUROUX et dont la mise en scène a été faite par Patrick Le MAUF du 29 Juillet au 10 Octobre 2007. Elle impose son talent innocent au FESTIVAL D’AVIGNON en France du 02 au 28 Juillet 2009.
Baldé est sollicitée quelques années plus tard dans la création en 2011 en Guinée Conakry de « BORDURE DU QUAI » écrit par Nicaise Magloire WEGANG, mise en scène par Valery GOMA et Roukiatou CAMARA.
Dans la plénitude de son art, elle va imposer sa forte personnalité dans la pièce théâtrale « ALA TE SUNOGO » de Jean- Louis Sargot- Duvauroux et de Alioun N’fra N’Diaye de Blonba, mise en scène de janvier à février 2012 et enfin depuis quelques temps, note-t-elle avec admiration et fierté, sa grande notoriété en tant que la présidente des femmes veuves de Tanyinibougou dans la pièce « »Tanyinibougou », le Nouveau Kotèba de Blonba de Alioune Ifra N’diaye.
Cette séduisante et élégante jeune dame, jouit d’un don naturel dont elle prend conscience très tôt pour le développer et le fortifier. « Une fois mes études terminées, j’ai vite compris qu’il faille travailler d’avantage car chaque année l’INA produit des diplômés et, à diplôme égal seuls le talent et l’expérience feront la différence. Alors chaque fois que faire se peut, je me forme ».
Aussi, Alicia Baldé participe- t- elle à de nombreuses séances de formation de renforcement de capacité: Un Stage sur le chantier d’écriture de Sony Labou TANSI avec Claude YERZIN, le Directeur du Nouveau Théâtre d’Angers en partenariat avec l’Association Ecriture Vagabonde du 27 Décembre à Janvier 2005 à Bamako, un Stage de perfectionnement avec Eva DOUMBIA du 22 Juin au 13 Juillet 2008 au Centre Culturel Français de Bamako.
Elle participe à la 4e Edition du Chantier Panafricain d’Ecriture Dramatique des Femmes à Grand-Bassam en Côte d’Ivoire (Octobre-Novembre 2009) avec Sidiki BAKABA, Were Were LIKING, Fabrice, Séréna SARTORI comme formateurs.
Et dernière formation en date, l’atelier de formation premier et deuxième degré dans l’art de la dramaturgie organisé par le centre Arabo-africain de Ezzedine Gannoun en Tunis. « Je me forme afin de Pouvoir faire face au niveau d’exigence artistique » s’est-elle justifiée.
De son allure romantique et de son caractère passionné et poétique, elle se hisse chaque jour en haut de l’affiche. Elle est sous le feu des projecteurs dans plusieurs films réalisés ici ou à l’étranger. Elle est fortement présente dans le film « TOUT A REFAIRE » de Sadio Doucouré. Une brève apparition dans le feuilleton « DOUX LA FAMILLE » et impose sublimement son talent d’actrice dans la série « KARIM ET DOUSSOU » de Aïda Mady DIALLO. Sur l’échiquier international, elle a incarné en 2O11, le rôle de SOUREYA, La Nigérienne dans la saison 2 du film ‘’SUPER FLIC’’ de Jovial Production de Madame Glez Aminata Diallo.
Parlant de loisirs, elle dira qu’elle aime la lecture, la musique, la méditation et bien évidemment le théâtre et le cinéma. Et à la question, quelles sont les attitudes pour être une super star comme EVA Longoria, qui est la star dont la carrière vous inspire ? Elle répond: « L’Aptitude à la communication, la Bonne capacité d’articulation, les Aptitudes relationnelles, la Capacité de travail en équipe et enfin la Courtoisie dans les relations ».
Pour Alimata Baldé, le métier d’acteur ne peut être vécu sans une véritable passion, une passion qui lui permet de peaufiner sa prestance et de s’accomplir en tant qu’artiste. « Le théâtre c’est ma vie, c’est sur la scène que je m’amuse le plus. C’est là que je me défoule ». Entant qu’africaine et croyante musulmane, avant d’entrer sur scène, avez-vous des paroles rituelles, des mots porte-bonheur ? Lui ai-je demandé. « Je demande à Dieu de me faire briller comme une étoile sur scène ». Et Comment te concentres-tu avant d’entrer sur scène? « Chaque fois que je dois jouer, je tremble, même s’il n’y a que deux spectateurs dans la salle. Le stress m’envahit pendant quelques deux secondes, après je me libère ». Ton plus grand rêve ? « Jouer à Hollywood, car j’ai la capacité morale, physique et le talent nécessaire. Cela peut paraitre comme un rêve fou pour certains, mais j’y crois dur comme du fer et je prie Dieu et travaille pour y arriver. Mes parents, à commencer par mon papa Alpha Oumar et mes mamans, Baldé Awa Dembelé, Baldé Fatim Maïga et Baldé Tenin Sissoko, sont tous disposés à cela. Mon metteur en scène en 2e année à l’INA, Moussa Maïga, mon directeur de mémoire, aujourd’hui ministre de la communication Bruno Maïga, le metteur en scène Ousmane Sow, Claude YERZIN, Alioune Ifra N’Diaye, mes frères et sœurs, ma Maïmouna chérie, tous croient à mon étoile et je suis sûr de pourvoir compter sur leurs appuis et conseils constants et sans faille à concrétiser ce rêve Hollywoodien».
Ainsi chaque jour, Alimata Balde dite Alicia, décortique des textes et visionne des films. Le talent et l’expérience n’étant pas toujours synonymes de réussite. Elle se donne les moyens de ses ambitions. Elle se fait assister d’un agent artistique dans le but d’accéder à des castings partout dans le monde. En attendant de décrocher de nouveaux contrats, elle baguenaude, prend du plaisir à la vie et se fixe de nouveaux objectifs et de nouveaux rêves