Bamako - Le Mali s’efforçait dimanche d’identifier les auteurs de la prise d’otages lancée vendredi à l’hôtel Byblos de Savaré (centre) qui a fait 13 morts, dont quatre soldats maliens et cinq sous-traitants de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma).
Des soldats maliens ont mené des patrouilles dans la nuit de samedi à dimanche à Sévaré et autour de Mopti, la capitale régionale du centre Mali, située à 12 kilomètres, a indiqué à l’AFP un habitant de cette ville, joint dimanche depuis la capitale Bamako. "La nuit a été calme. (...) Tout revient à la normale ici à Sévaré", a-t-il ajouté.
L’assaut de l’établissement, qui accueille régulièrement des expatriés, s’est soldé dans la nuit de vendredi à samedi par la mort de "quatre soldats des Fama", les forces armées maliennes, "cinq contractuels de la Mission de l’ONU au Mali et quatre terroristes tués" durant les opérations lors de l’attaque de l’hôtel Byblos de Sévaré, a indiqué dimanche le gouvernement dans un bilan qu’il dit "définitif". Par ailleurs, huit soldats ont été blessés.
Ce bilan coïncide désormais avec les éléments donnés samedi par la Minusma.
Jusqu’ici, l’incertitude subsistait en effet: un responsable militaire malien parlait de 12 morts -- cinq soldats maliens tués, "cinq terroristes et deux Blancs" -- tandis que la Minusma recensait cinq pertes dans ses rangs: cinq employés travaillant pour des entreprises sous-traitantes -- un Malien, un Népalais, un Sud-Africain et deux Ukrainiens.
En outre, a précisé le gouvernement dans son communiqué, "sept suspects ont été arrêtés" et les "quatre otages libérés" par l’armée malienne --deux Ukrainiens, un Russe et un Sud-Africain-- sont "en bonne santé".
"Des enquêtes sont en cours en relation avec la Minusma et d’autres partenaires pour déterminer les facteurs liés à cette attaque et à son dénouement", a ajouté le gouvernement malien.
A ce jour, l’attaque n’a pas été revendiquée. Mais "de forts soupçons pèsent" sur le Front de libération du Macina (FLM), "un groupe terroriste qui tient à faire parler de lui par tous les moyens", a affirmé dimanche à l’AFP une source militaire malienne jointe à Sévaré depuis Bamako.
Le Macina est une appellation traditionnelle d’une partie du centre du Mali. Apparu début 2015, le FLM, qui recrute essentiellement dans la communauté peule et a revendiqué des attaques dans cette région, est un mouvement allié à Ansar Dine, un des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda ayant contrôlé le nord du pays près de dix mois entre 2012 et début 2013.
Pour le journaliste et analyste malien Alexis Kalambry, l’attaque "porte la
marque d’Iyad Ag Ghali", chef d’Ansar Dine.
- ’Montée fulgurante des attaques jihadistes’ -
Des assaillants, non identifiés et dont le nombre demeure inconnu, ont fait irruption vendredi vers 07H00 (locales et GMT) au Byblos de Sévaré. Ils en ont été délogés dans la nuit de vendredi à samedi par les forces maliennes.
Le principal parti d’opposition au Mali, l’Union pour la République et la démocratie (URD), "exige que les responsables de ces actes criminels, que rien ne saurait justifier, soient recherchés, poursuivis, jugés et punis", selon un communiqué parvenu dimanche à l’AFP.
L’URD, dirigée par Soumaila Cissé, chef de file de l’opposition, évoque dans ce texte une "montée fulgurante des attaques terroristes et jihadistes" au Mali.
Deux attaques jihadistes, les 1er et 3 août, ont causé la mort de 13 militaires maliens dans le Centre et le Nord.
De son côté, le Parti pour la Renaissance nationale (Parena), de l’ex-ministre des Affaires étrangères Thiébilé Dramé, autre formation de l’opposition, a fait part de son inquiétude en raison de "l’insécurité (qui) atteint des proportions alarmantes dans tout le pays".
"Aucune région n’est épargnée. L’arrogance et l’audace des agresseurs ne semblent plus avoir de limites", s’indigne le Parena dans un communiqué.
Des attaques jihadistes ont été ces dernières semaines enregistrées dans le sud du Mali, près des frontières ivoiriennes et burkinabè, une zone qui était jusqu’ici épargnée.
Sévaré se situe à la lisière des vastes régions dans le nord du pays d’où les jihadistes ont été en grande partie chassés et dispersés par une intervention militaire internationale déclenchée en janvier 2013 à l’initiative de la France, et toujours en cours.
Cependant, des zones entières échappent encore au contrôle des autorités
maliennes comme à celui des forces étrangères.
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