Editorial
Contre la mort facile
Publié le lundi 10 aout 2015 | Le Républicain
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Sur les événements de Sévaré, vendredi, le Mali n’aura eu droit qu’au seul communiqué du gouvernement diffusé en flash et comme unique élément au journal du soir. Même pas un petit reportage téléphonique sur l’ambiance qui régnait alors que Mopti abrite une représentation régionale de l’Ortm. Pour suivre cette tragédie qui est d’abord une tragédie malienne, il fallait s’accrocher aux médias étrangers. Et c’était sur France24 qu’il fallait suivre le porte-parole du gouvernement sur ce qui se passait à Sévaré. Nous ne nous fatiguerons jamais de déplorer que nos médias publics qui ont l’avantage de la proximité ne saisissent pas cette formidable opportunité pour informer le citoyen malien auquel ils appartiennent. En revenant à la tragédie elle-même, il reste étonnant qu’une ville où il y a Barkhane, Minusma, deux camps militaires maliens, une garde républicaine, une police et une gendarmerie puisse être le théâtre d’une opération jihadiste aussi facile. De surcroît, l’hôtel assiégé a l’habitude d’avoir dans sa clientèle des éléments de la Minusma. Mais l’insécurité zéro n’existant nulle part et notre pays devant encore s’habituer à la guerre asymétrique, le terrorisme exploitera toutes nos failles et nos lacunes. Nous nous devons dès lors de recenser sans fausse honte tous nos déficits. Ce ne sont pas les déclarations lénifiantes ou le chauvinisme bidon qui nous aidera à décapiter l’hydre chaque fois que nécessaire. La seule réponse digne de notre pays et qui ne livre pas nos soldats à la mort facile, c’est la qualité du renseignement pour anticiper, la vision et la sincérité des gouvernants, la mobilisation entière et sincère et le métier de nos forces de défense et de sécurité.
Adam Thiam
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