Au terme de la signature de l’accord d’Alger les 15 mai et 20 juin 2015, et avec la recrudescence du terrorisme, la nouvelle feuille de route du gouvernement pour la paix et la réconciliation doit inclure nécessairement l’union sacrée des ex-dignitaires et la lutte implacable contre les terroristes.
Nous ne manquerons certainement pas d’appuis extérieurs pour réussir ces deux tâches, et l’une dans l’autre, nous avons de fortes chances d’ouvrir le chantier du succès pour la paix et un développement harmonieux. Il suffit de taire les rancœurs pour mettre le Mali au-dessus de tout.
La nouvelle page qui s’ouvre au Mali est pleine d’embûches. Entre autres, il faut parachever les accords dans leur application et nettoyer l’écurie des terroristes et celui des maraudeurs du denier public.
Pour sa part, le Président par Intérim Dioncounda Traoré déclarait le 29 juillet 2012 : » Il y a un temps pour tout ! Il y a un temps pour la politique politicienne, un temps pour les ambitions personnelles, pour les intérêts individuels et corporatistes, un temps pour les querelles partisanes. Mais aujourd’hui, c’est le temps de la mobilisation, de toutes et tous pour sauver notre pays en danger.
C’est le temps du dépassement et de l’oubli de soi… Il s’agit de faire du Mali notre seule priorité. Il s’agit de ne plus perdre de temps dans les polémiques stériles… Il s’agit de se focaliser sur l’essentiel, c’est-à-dire notre intégrité territoriale et notre démocratie… « .
Où en est-on avec notre intégrité territoriale et notre démocratie, alors que les dignitaires politiques ne s’entendent pas et les terroristes poursuivent dans l’impunité totale leur mission de destruction, avec Kidal sous leur autorité et toutes les contrées du pays sous leurs menaces ?
Vous nous faites honte, et ayez honte, chers présidents d’hier et d’aujourd’hui, de ne pas pouvoir vous entendre pour le Mali. En particulier vous nos démocrates, Alpha, Dioncounda et Ibk, faites-nous honneur en faisant preuve d’ouverture d’esprit, de don de soi. Alpha l’ancien ministre de Moussa, Dioncounda le fils de militaire, Ibk le premier président de l’Assemblée nationale sous Att, qu’est-ce qui vous empêche en démocrates de taire vos rancœurs et de tendre la main à nos deux généraux, l’un béret vert, l’autre béret rouge, tous deux crédités d’une carrière militaire exemplaire et d’une popularité avérée ?
Vous avez quand même pu tendre la main aux rebelles non ? A quoi nous sert le silence de Alpha ? Que nous vaut l’exil de Att ? Rien que la douleur de perdre des compétences face à l’ennemi. Vous dites à la France, l’Algérie, la MINUSMA oui, mais Ibk dit à Att non, et semble-t-il Alpha dit à Ibk non, c’est dommage. Si tu
abats ton chien méchant, celui d’autrui te mordra, dit l’adage. Pardonnons à ceux qui le méritent, pour le Mali. Soyons unis contre l’ennemi, contre les terroristes.
Déjà, la feuille de route du gouvernement préconisait à l’époque d’entamer le dialogue avec les rebelles, avec comme préalables :
– la renonciation à la lutte armée, aux revendications indépendantistes ou fédéralistes ;
– l’adhésion au principe que les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre commis pendant la période de belligérance ne devront pas rester impunis ;
– l’adhésion aux principes de la démocratie et de l’Etat de droit ;
– l’adhésion au caractère unitaire de l’Etat malien ;
– le respect de toutes les dispositions de la Constitution du Mali, en particulier le caractère d’Etat laïc et unitaire de la République du Mali.
Cette même feuille de route prévoyait, conformément aux exigences de la justice malienne, de lutter contre l’impunité et de poursuivre devant les juridictions compétentes nationales et internationales les auteurs de tous les actes de violation des droits humains et en particulier les violences faites aux femmes et aux enfants.
L’on se rappelle que la Libye a sollicité le mardi 12 février 2013 et obtenu l’aide des puissances occidentales et des pays voisins pour assurer la sécurité à ses frontières et empêcher les islamistes chassés du nord du Mali de s’y installer. Ainsi Iyad Ag Ghali, Algabass Ag Intallah, Bilal Ag Acherif et leurs compagnons d’armes sont interdits de séjour dans leur patrie d’adoption qui n’est autre que la Libye. Aussi, le Mali de Ibk se doit d’obtenir auprès de la communauté internationale l’exécution des mandats d’arrêts contre ces criminels.
Dans l’accord d’Alger, il est stipulé dans le 1er article, chapitre 1 des principes, que les Parties, dans l’esprit de la Feuille de route, réitèrent leur attachement aux principes ci-après :
a) respect de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Etat du Mali, ainsi que de sa forme républicaine et laïque ;
b) respect et promotion de la diversité culturelle et linguistique et valorisation de la contribution de toutes les composantes du peuple malien, en particulier les femmes et les jeunes, à l’œuvre de construction nationale ;
c) prise en charge par les populations de la gestion effective de leurs propres affaires, à travers un système de gouvernance prenant en compte leurs aspirations et leurs besoins spécifiques;
d) promotion d’un développement équilibré de l’ensemble des régions du Mali tenant compte de leurs potentialités respectives;
e) rejet de la violence comme moyen d’expression politique;
f) recours au dialogue et à la concertation pour le règlement des différends ;
g) respect des droits de l’Homme, de la dignité humaine et des libertés fondamentales et religieuses;
h) Lutte contre la corruption et l’impunité ;
i) lutte contre le terrorisme, le trafic de drogues et les autres formes de criminalité transnationale organisée.
Voltaire disait : » N’est-il pas honteux que les fanatiques aient du zèle et que les sages n’en aient pas ? « . En ce qui concerne les Maliens, nous avons été sages jusqu’au bout. De l’indépendance à ce jour, la sagesse a prévalu pour le règlement de tous les conflits, sauf que des touaregs égarés dans le terrorisme sonnent toujours la révolte armée, au nom d’une ethnie et des régions du nord, mais sans mandat et en dépit de leur statut de » minorité minoritaire « . Excusez du peu, car ils sont moins d’1% de la population. S’ils agissent conformément à une culture, celle-ci doit respecter les relations séculaires de fraternité entre les Maliens. S’ils sont à la solde de puissances occultes, ils doivent comprendre que le Mali ne manque ni d’amis, ni de soutiens.
Enfin, s’ils ne connaissent que le langage des armes, alors le Mali répondra par leur propre langage. Et tout laisse à croire que ces apatrides ne connaissent que le langage
des armes.
N’oublions surtout pas que les nombreuses populations maliennes ont fait preuve de citoyenneté et de patriotisme, et restent victimes des crimes les plus odieux perpétrés par ces terroristes. De quel droit faudrait-il honorer ces criminels au détriment de leurs victimes ? Comment oublier les profanations des tombes de nos saints ? Comment oublier les crimes commis à Adel Hoc et ailleurs ?
Pourquoi choisir l’impunité et donc manquer de sagesse et fouler au pied la justice ? Comment peut-on prendre pour nos frères ceux qui ont éventré nos soldats, amputé nos camarades et violé nos sœurs et nos filles ? Vous dites justice ! Alors comment mettre au placard tant de crimes ?
En ce qui concerne les dossiers sulfureux qui impliquent les hommes politiques dont certains montent aujourd’hui la garde devant la porte de Ibk, leur nouveau Papa, il faut nettoyer cette écurie en commençant par l’audit de la gestion d’Att. Il faut éviter que les mêmes sangsues continuent de sucer le sang des Maliens. Il faut fouiller dans les ministères, sans oublier la période transitoire, notamment les tiroirs des ministres et du CNDRE.
On n’oubliera pas les nouveaux ministres magouilleurs. L’on trouvera sans doute » l’âne sous la moustiquaire « .
En tout état de cause, en application de ses promesses et vu l’état de la délinquance financière dans notre pays, Ibk a du pain sur la planche. Et les marabouts ne manqueront pas de clients.
Mamadou DABO