Du 4 au 6 août derniers, s’est tenu à l’Hôtel Salam Azalai de Bamako, un atelier national de formation des fonctionnaires de la justice, autour d’une panoplie de thèmes brûlants allant du traitement des victimes et témoins d’infractions pénales, leur prise en charge au cours de la procédure judiciaire, à la place qu’on leur accorde sachant qu’ils constituent un important pilier pour établir la vérité des faits. L’atelier rentre non seulement dans le cadre de la mise du programme de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) pour mener une lutte efficace contre le trafic de drogues, la criminalité, le terrorisme et la corruption, mais aussi aura servi au renforcement des capacités de la police et surtout du système judiciaire. C’était en présence des agents de la police, de la gendarmerie, des avocats et des magistrats et plusieurs experts.
La cérémonie d’ouverture était présidée par le représentant du Ministre de la Justice garde des Sceaux empêché, M. Souleymane Coulibaly non moins Coordinateur National du Programme Intégré de Lutte contre la Drogue et la Criminalité Organisée.
Selon lui, l’atelier national de formation des fonctionnaires de la justice sur le traitement des victimes et témoins d’infractions pénales, permet d’assurer une meilleure administration de la région du Sahel et passera au peigne fin toute la réalité malienne. Puis qu’il s’agit de répondre à des questions substantielles en vue « d’éradiquer ces fléaux du secteur de la justice » avant de signaler au passage que ladite formation rentrait également dans la droite ligne des recommandations de Nouakchott du 2 au 4 décembre 2014.
L’apport des victimes et des témoins est capital dans la chaine judiciaire. Qui sont-ils ?
Les victimes
Selon la résolution n° 40-34 de l’Assemblée générale de l’O.N.U du 29 novembre 1985 sont « des personnes qui, individuellement ou collectivement, ont subi un préjudice, notamment une atteinte à leur intégrité physique ou mentale, une souffrance morale, une perte matérielle, ou une atteinte grave à leurs droits fondamentaux, en raison d’actes ou d’omissions qui enfreignent les lois pénales dans un État membre, y compris celles qui proscrivent les abus criminels de pouvoir, c’est à dire qui ne constituent pas encore une violation de la législation pénale nationale, mais qui représentent des violations des normes internationales reconnues en matière de droits de l’homme…»
C’est la raison pour laquelle, elles doivent être informées de leur droits et leur vie privée doit être protégée, leur sécurité assurée ainsi que celle de leur famille, une assistance doit leur être fournie tout au long des procédures.
Les témoins
Selon une enquête rapide auprès d’une source proche du dossier , les témoins reçoivent une convocation dans le cadre d'une information judiciaire de la part du juge d'instruction par citation, ou par officier de police judiciaire, pour faire face à une audition ou une confrontation.
En effet, le plus souvent ils manifestent une peur bleue ou des appréhensions pour témoigner. Ce qui constitue un véritable obstacle à l’information judiciaire.
D’après l’experte de la Mission des Nations Unies pour le Congo(MONUSCO) approchée par nos soins Madame Hanan Talbi, « l’intérêt de l’atelier revient à faire l’état des lieux, la manière dont les victimes et les témoins sont considérés et traités pas les juridictions maliennes ». Avant de poursuivre que ces derniers sont à la base du dossier judiciaire et sans lesquels « il n’y aurait pas de justice véritable», a-t-elle conclu.
C’était le Même son de cloche la part de l’expert en matière d’application des lois et justice pénale de l’UNODC Moustapha Mouzouni.Dans son allocution, il a mis un accent particulier sur l’importance des victimes et témoins. Pour lui, «ils jouent un rôle essentiel dans le processus de la justice pénale. De surcroît, il est donc primordial que, les agents de la justice pénale travailler pour améliorer les services offerts aux victimes et aux témoins », a-t-il dit.
Son souhait le plus ardent, il l’a exprimé ; c’est qu’au sortir de la formation « tous les participants soient convaincus de l’importance des victimes et témoins au processus de la justice pénale et soient prêts à faire respecter les droits de ces derniers », a-t-il martelé.
Rappelons que dans le cadre de son programme de renforcement de la justice pénale des Etats du Sahel, l’ONUDC a organisé un atelier régional sur la protection et le traitement des victimes et témoins à Nouachott, en Mauritanie du 2 au 4 décembre 2014. Et c’est justement cet atelier qui a facilité la tâche aux autorités du Sahel en charge du dossier de faire rapidement une évaluation de leurs systèmes juridiques pour la protection des victimes et témoins.
Moussa Wélé DIALLO