Les autorités maliennes ont multiplié hier les actions pour identifier les auteurs de l'attaque de Sévaré. Le Front de libération du Macina, un groupe allié aux jihadistes d'Ansar Dine, est fortement soupçonné d'avoir attaqué l'hôtel « Byblos » de Savaré, vendredi, un assaut qui a fait au moins 12 morts selon l'un des derniers bilans. Mais dans un dans un communiqué remis à la chaîne de télévision Al-Jazira, le groupe Al-Mourabitoune a revendiqué l'attaque terroriste.
L'hypothèse du Front de libération du Macina n'est pas confirmée, mais de forts soupçons pèsent sur ce groupe qui multiplie ses actions depuis un certain temps.
Selon des sources militaires, « il tient à faire parler de lui par tous les moyens ». Apparu début 2015, le FLM est présenté comme un groupe radical allié à Ansar Dine, dirigé par Iyad Ag Ghali. Le FLM qui recrute essentiellement dans la communauté peule, est mentionné dans des rapports de Human Rights Watch et de l'ONU. Il a revendiqué plusieurs attaques visant surtout les forces de sécurité dans cette région centrale du Mali. Le FLM « pourrait être derrière l'attaque de Sévaré », a aussi affirmé dimanche l'agence mauritanienne privée Al-Akhbar qui publie régulièrement des communiqués de jihadistes.
Des assaillants, non identifiés et dont le nombre demeure inconnu, ont fait irruption vendredi vers 07H00 au « Byblos » de Sévaré, où séjournent régulièrement des expatriés. Ils en ont été délogés dans la nuit de vendredi à samedi par les forces maliennes. Au moins 12 personnes, dont « cinq terroristes », ont été tuées lors de la prise d'otages, selon différentes sources militaires maliennes. Mais le bilan pourrait être plus élevé, la Mission de l'ONU au Mali ayant annoncé la mort de cinq employés travaillant pour ses sous-traitants.
Des experts anti-terroristes sont arrivés ce samedi à Sévaré. Ils accompagnent les forces maliennes dans l'enquête sur la prise d'otages. Les premières investigations ont permis de découvrir sur les assaillants qui ont trouvé la mort des numéros de téléphone et des adresses.
Aussi, dans un communiqué remis à la chaîne de télévision Al-Jazira, le groupe Al-Mourabitoune a revendiqué l'attaque, mais le gouvernement maintient l'hypothèse du Front de libération du Macina.
Pour la Coordination des Mouvements de l'Azawad, ces actes terroristes menacent tout le processus de mise en œuvre de l'accord. Par conséquent, selon elle, « toutes les parties signataires devront s'impliquer pour la mise en œuvre effective et rapide de l'accord de paix pour freiner l'avancée des groupes hostiles à la paix ».
Mossa Ag Attaher est le porte de la CMA. Il est au micro de Arkia Touré.
« les actes terroristes risquent bien sûr d’être un frein à l’accélération de la mise en œuvre de l’accord. Et c’est pourquoi nous pensons qu'il est urgent aujourd’hui que les partis accélèrent l’ensemble des organes de mise en œuvre de l’accord notamment de toutes les commissions qui viennent d’être mises en place. Mais celle-ci n’ont pas encore siégé notamment le comité de suivi, qui s'est limité à deux réunions. Mais c’est clair qu'il est urgent de mettre en œuvre cet accord, parce que les groupes hostiles à la paix et notamment les groupes terroristes vont mettre cela à profit pour aussi enclencher une nouvelle violence et saboter l’ensemble des efforts. Donc, c’est clair qu’aujourd’hui, il est urgent d’accélérer la mise en œuvre de l’accord pour que l’ensemble des parties prenantes vers l’accord se mettent ensemble et combattent ensemble le terrorisme et protègent ensemble les populations et les localités aujourd’hui victimes de ces attaques. »
L'opposition malienne monte au créneau et fustige la politique sécuritaire du gouvernement après les différentes attaques armées que vient de connaître le pays. Pour le chef de file de l'opposition, « le gouvernement ne mesure pas la gravité de la situation, et doit donner plus de moyens à l'armée ».
Soumaïla Cissé, député URD, s'est exprimé ce matin chez nos confrères de RFI.
« Le gouvernement à mon avis ne mesure pas la gravité de la situation, sinon il ne serait pas mieux en vacances. Il est important que le gouvernement revienne, prenne la situation en main et mobilise l'ensemble de la nation. Il faut qu'il arrête la gabegie et mette les moyens en place pour que notre armée puisse travailler correctement et de faire face à la situation. Ceci dit il, il y a tellement d'annonces en faveur de l'armée ? Malheureusement on ne voit rien. Vous croyez qu'une prise d'otages se produise à Sévaré dans un hôtel et qu'il y ait cinq morts ? Cela peut s'expliquer ? Non. Cela veut dire que nos militaires n'ont pas les moyens qu'il faut en matière de renseignement militaire, et certaine en terme d'effectif. On fonctionne comme si la situation était encore normale. Et aujourd'hui, il y une avancée réelle du terrorisme. Tout le pays est concerné. Cela veut dire que le leadership ne s'affirme pas ni du côté de l'armée, ni du côté du gouvernement. Il y a manifestement un manque de vision à ce niveau là. On ne sait pas où on va et ceci est inacceptable. Il faut absolument se ressaisir et très rapidement. »
Le gouvernement a réagit aux propos du chef de l'opposition. Selon son porte-parole, « l'heure n'est pas à la polémique ». Choguel Maïga qui s'est exprimé sur RFI ce matin dit « refuser de commenter les propos de l'opposition » et appelle à « la mobilisation de tous les Maliens ».