Sept semaines après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation, la série noire de la terreur continue de plus belle au Mali. L’insécurité a atteint un seuil inégalé jusqu’à présent. Et pratiquement aucune partie du territoire malien n’est épargnée par cette recrudescence de la violence (Misseni, Fakola, Nara, Nampala, Carrefour Djenné, Gourma-Rarhouss, Diabaly, Sévaré, Baguineba, Gaberi…). Malgré cette insécurité généralisée, le gouvernement s’attèle à organiser des élections communales et régionales le 25 octobre prochain. Le collège électoral a été, lors du conseil des ministres du lundi 03 août, convoqué à cet effet. Si les élections venaient à se tenir dans ces conditions d’insécurité généralisée, cela consacrerait, de facto, la partition du pays.
Beaucoup de leaders politiques s’interrogent déjà sur l’entêtement du pouvoir à tenir coûte que coûte les élections à cette date. Ces élections pourront-ils se tenir malgré une situation sécuritaire délétère sur toute l’étendue du territoire national? Est-ce que les dispositions sécuritaires permettent, aujourd’hui, d’aller aux élections à la date du 25 octobre 2015 sur toute l’étendue du territoire national? Est-ce que tous les aspects de l’accord ont été pris en compte dans l’organisation des élections ? Où en est-on dans le retour de l’administration et des réfugiés dans les zones d’insécurité ? Qu’en est t-il du cas particulier de la région de Kidal ? Voilà autant de questions que se posent les partis politiques. Pour l’ex président de l’assemblée nationale du Mali, le Pr Ali Nouhoum Diallo, aller aux élections aujourd’hui, risque de consacrer la partition du pays. « Je déconseille et désapprouve cette décision. Aller aujourd’hui aux élections c’est aller avec le risque de consacrer la partition du pays? Vous allez aux élections sur la base de quelle circonscription électorale régionale ? », a récemment averti le doyen. En tout cas la situation sécuritaire après la signature de l’accord de paix interpelle le gouvernement.
Dans les villages, les campagnes et les villes du Mali, les populations ne dorment plus que d’un œil et cela malgré la signature de l’accord de paix. Pour cause, l’insécurité a atteint une proportion inquiétante. La dernière en date est l’incident survenu, le dimanche 9 août passé, à Gaberi, village situé à 5 km de Gourma Rharous, qui a fait 12 morts. Ce cas n’est pas isolé et s’insère dans un contexte d’insécurité généralisée. En effet, un jour avant, le samedi 8 août, Baguineda, une ville située à quelques encablures de Bamako, a reçu, tôt le matin la visite des terroristes. Dans la matinée du vendredi, 07 août 2015, des terroristes se sont infiltrés à l’hôtel « Byblos » de la ville de Sévaré, à Mopti, et ont pris en otage plusieurs ressortissants européens. La prise d’otages va durer toute une journée et ne prendra fin qu’au petit matin du samedi 08 août. Le bilan définitif dressé par le gouvernement malien fait état de 13 morts : 4 militaires maliens, 4 terroristes, 5 contractuels de la Mission de l’ONU au Mali. Une semaine avant, le samedi 1er août, vers 15h, une escorte des forces armées du Mali est tombée dans une embuscade sur l’axe Diabaly-Nampala, à 6 km de Toulé, région de Segou, commune de Nampala dans la région de Ségou. L’on déplore, selon le gouvernement, la mort de deux soldats et quatre autres blessés. Le 3 août, une attaque terroriste contre le camp de garde de Gourma Rarhous a fait 13 morts dont 11 gardes et 2 civils. Le 15 juillet, le poste de contrôle de Djenné installé dans un endroit couramment appelé « carrefour de Djenné » a été attaqué par des terroristes. Le jeudi 2 juillet, 6 casques bleus burkinabè ont été tués, jeudi, lors de l'attaque de leur convoi sur l’axe Goundam-Tombouctou. Une semaine après la signature de l’accord, Le samedi 27 juin, des assaillants lourdement armés ont attaqué la ville de Nara, dans la région de Koulikoro. Trois (3) soldats maliens y perdront la vie. Le lendemain, dans la matinée du dimanche 28 juin 2015, des individus armés ont attaqué Fakola, cercle de Kolondièba, saccageant les bureaux du poste de gendarmerie et du sous-préfet.
Toutes ces attaques ont eu lieu après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation le 20 juin 2015 entre les groupes séparatistes et le Mali à Bamako. Et ces attaques ne semblent pas inquiéter le gouvernement en place. Car, malgré cette situation chaotique, la date du 25 octobre a été maintenue pour la tenue des élections communales et régionales après 5 reports.
Madiassa Kaba Diakité