Il convient de se demander aujourd’hui si la signature du projet d’accord de paix élaboré par le médiateur algérien dans la crise qui sévit au Mali, notamment dans son septentrion, est vraiment synonyme de paix dans notre pays. La question reste d’actualité quand on sait que non seulement ce projet d’accord est loin de faire l’unanimité au Mali, mais surtout qu’il cache mal la partition ineffable du territoire national.
Rappelons au passage que le gouvernement de la République du Mali a bien ignoré la voix du peuple malien en se hâtant de parapher et de signer l’acte de partition de notre territoire au grand des colonialistes français et de leurs mandibules vivant dans les Etats de la CEDEAO. A ce niveau, il ne faut jamais perdre de vue que la roue de l’histoire tourne et que le Mali a toujours enfanté des hommes et des femmes prêts à s’assumer.
Pour parapher et parachever ledit projet d’accord de paix d’Alger, ceux-là appelés les rebelles ont d’abord tenu à consulter leurs bases. Est-ce à dire qu’ils ont le sens le plus élevé de la démocratie que le gouvernement d’IBK ? Et pourquoi cette attitude de mépris vis-à-vis de ceux-là sans lesquels il ne sera jamais le président de la République du Mali ? Pourquoi n’a-t-il pas voulu organiser les concertations nationales sur cette épineuse question de la paix dans le Nord-Mali ? Que cacherait-il au peuple laborieux du Mali ? Comme le dirait l’autre «le temps est galant».
Aujourd’hui, tout apparait comme si le peuple malien est mis devant le fait accompli. Dès lors, c’est une guerre interne qui éclate au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et pour cause :
Il n’est plus un secret pour personne que la CMA est bien divisée à propos du partage du butin obtenu suite à la partition de notre territoire national. Ainsi, apparaissent à la face du monde trois (03) groupes d’intérêts divergents à savoir : les diplomates de la CMA vivant à l’étranger avec leurs consciences d’occident capitaliste, les combattants qui ont pris les armes contre le Mali et enfin le groupe des indécis, des flottants, des hésitants. Ce dernier groupe d’irrésolus peut vaciller dans tous les sens et à tout moment parce que fondé sur l’indécision, le refus du choix. Mais rappelons à ce niveau ce philosophe français qui dit que «Refuser de choisir est un choix : c’est choisir de ne pas choisir».
Concernant les diplomates (bras politique du mouvement national pour la libération de l’Azawad-MNLA basé en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord), il faut dire que pour eux, c’est déjà une aubaine qu’il ne faut pas rater pour se faire une aura dans la «Nouvelle République», mais aussi et surtout auprès des néocolonialistes franco-américains et de leurs valets nationaux et de la CEDEAO (ou plus exactement le club des chefs d’Etats de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest-CEDEAO acquis à la cause du grand capital aux dépens de leur peuple travailleur. Ces diplomates font-il semblant d’ignorer la détermination du peuple malien et de son armée de ne céder aucun centime de notre territoire à qui que ce soit, même au pris du sang de ces enfants civils et militaires. C’est ainsi qu’ils découvriront avec acrimonie, avec amertume qu’il n’est pas intelligent de vendre la peau de l’Ourse avant de l’avoir abattue.
Quant aux citoyens maliens qui ont pris les armes contre leurs populations, ils se croient les vrais propriétaires du butin de guerre. Ils ne doivent jamais perdre de vue qu’avant d’arriver à cette étape de la lutte, ils ont taché leurs mains du sang de leurs frères et sœurs. Peuvent-ils penser que ces crimes resteront impunis ? Nous osons dire que l’histoire est parsemée de péripéties des fois douloureuses mais qu’inévitablement ces crimes de sang ne resteront pas impunis. Ainsi parlait le sieur Frantz Fanon : «Chaque génération, dans une relative opacité décide d’accomplir sa mission ou de la trahir».
En effet, il faut rassurer les trois groupes de la CMA qui se battent pour le partage du gâteau qu’en toute chose, il faut considérer la fin. Ils doivent d’ores et déjà se rendre à l’évidence qu’aucune puissance fut-elle celle de la France, qu’aucun politicien fut-il restaurateur au Mali, ne saurait empêcher notre peuple et son armée d’engager la bataille décisive pour récupérer le territoire qu’on lui a extirpé par le machiavélisme politique et cela sous la direction de celui qui a été élu à 77,66% des suffrages exprimés. Cela est d’autant certain que feu Modibo Kéita disait à la jeunesse malienne et à toutes les autres jeunesses du continent et du reste du monde : «Lorsque les vrais propriétaires deviennent des spectateurs, c’est le festival des brigands». Le Mali restera toujours fidèle à sa devise : «Un peuple-Un but-Une foi». Qui vivra, verra.
Fodé KEITA