Tout le monde est content des résultats sportifs actuels au Mali. Tous les Maliens, sans exception, à commencer par le président de la République qui salue et félicite le ministre des Sports avec satisfaction à chaque rencontre. Oui, Poulô a de quoi se réjouir en cette période de veille de remaniement gouvernemental. Il peut se dire que sa place est garantie, sauf si un membre de la Cma est intéressé par ce portefeuille ministériel. En tout cas, actuellement, il se tape la poitrine avec les résultats sportifs satisfaisants du Mali, alors qu’il a hérité d’un travail de titan abattu par ses devanciers.
Tout baigne bien pour Housseyni Amion Guindo parce qu’il a hérité d’une belle saison dont la moisson se déroule en sa présence. La vie même est faite ainsi : certains plantent, d’autres récoltent les fruits. Mais il faut penser à faire de nouveaux semis, pour espérer faire de nouvelles récoltes fructueuses. Cette leçon vaut pour Poulô, qui semble oublier que nos exploits sportifs actuels sont fruits de dur labeur de longues années.
Le basket-ball, par exemple, qui donne plus de satisfaction, plus de trophées et de consécrations, surtout au niveau des jeunes, est le fruit d’un programme bien fait à la base pendant des années. Les Conférences dans les différentes localités du Mali, la multiplication des compétitions à tous les niveaux... C’est ce qui est en train de donner des résultats satisfaisants au Mali. Une politique que le gouvernement, à travers le ministère des Sports, devrait surveiller et accompagner. Mais, tel n’est pas le cas. Au ministère des Sports, on pense à tout sauf au travail à la base, parce que le sommet donne déjà des résultats satisfaisants.
En football, tout le monde sait que la génération des Seydou Keïta n’est autre que le fruit de la création du Centre Salif Keïta (CSK) et des compétitions que la Coopération française a organisées, à l’époque, dans les différentes communes du District de Bamako et à l’intérieur du pays. C’est ce qui a permis au Mali d’avoir beaucoup de jeunes footballeurs. Aujourd’hui, rien n’est fait pour assurer la relève.
Le temps des centres de formation dans les grands clubs n’est plus monnaie-courante. Les grands encadreurs des jeunes comme Aly Faye (Djoliba AC), Gilles (Stade malien) ou encore Sambala (CSK), les Boura Pélé, actuellement animateur sportif à Radio Jekafo ; Seydina Oumar Dia (Black Star Badala) ou encore Infré (Baco Djicoroni), on en oublie volontiers. Et pourtant, ils étaient de véritables encadreurs des jeunes footballeurs dans les différentes communes de Bamako.
Qu’est-ce que l’Etat est en train de faire dans ce domaine, alors que la génération des Seydou Keïta va bientôt à la retraite ? Nos récents résultats en football sont dus en grande partie aux centres de formation des clubs comme le Réal de Bamako, le CSK et la politique de jeunes dans certains clubs. Cela a besoin d’appui, car seul le travail à la base paye.
Les autres disciplines sont laissées à elles-mêmes. Le ministère n’a aucune considération pour elles. Parce que le football et le basket-ball donnent satisfaction et c’est ça qui est, pour Poulô, le plus important. Karaté, judo, boxe, athlétisme, pétanque, tennis, natation, volley-ball, handball, cyclisme…toutes ces disciplines sont abandonnées à elles-mêmes. Par contre, le sport équestre est pris au sérieux parce que le vice-président de la Codem est actif dans cette discipline, et le PMU-Mali encore plus, qui entend lui donner une autre vie. Le ministre des Sports ferme les yeux sur tout cela en homme politique, oui en homme politique. C’est pourquoi, dès qu’on franchit le seuil de son cabinet, tout le monde a peur de son chef de cabinet, Youssouf Singaré.
Ah oui, lui, Youssouf Singaré, est plus royaliste que le roi. Il ne s’entend avec personne, mais le ministre ne peut rien contre lui, car c’est une décision du parti. On se demande souvent si le chef de cabinet n’est pas à la fois garde du corps, attaché et secrétaire particulier du ministre. Ce qui fait qu’aujourd’hui, la vie dans le cabinet de Poulô est un enfer pour certains travailleurs.
L’autre problème de Poulô, c’est bien sûr la division pour mieux régner. En effet, avec lui, c’est la multiplication des associations de supporters.
Il y en a 3 associations. Le ministère, certes n’a rien contre cela, mais une équipe nationale a besoin du 12ème homme et non du 13 ou 14ème… C’est le cas au Mali. Et comme si tout cela ne suffisait pas, la presse sportive emboîte le pas aux supporters à travers l’AJSM et l’UJSMA. «Poulô est en train de commettre des erreurs et ne s'assume pas. Les supporters sont maintenant divisés en 3 associations ; les journalistes en 2, peut-être bientôt en 3 !» nous a confié un doyen de la presse sportive.
Pis, le ministre Poulô est soupçonné de s’ingérer dans les affaires de la Fédération malienne de football (Femafoot), en soutenant une partie prenante dans la crise qui l’oppose à certains dirigeants de clubs de Ligue I. Par ailleurs, la défaite en finale des cadets maliens, qui ont d’ailleurs bien mouillé le maillot en Afrobasket U-16, doit être une véritable occasion de tout revoir, parce que l’arbre ne doit pas cacher la forêt, il y a des problèmes dans la gestion du sport malien sous Poulô. Le mal est connu, il faut s’attaquer à ses racines.
Békaye DEMBELE