Les films importés sont comme un couteau à double tranchant car s’ils peuvent améliorer les connaissances linguistiques, intellectuelles et culturelles de certains téléspectateurs assoiffés de savoirs, ils n’en demeurent pas moins des véhicules d’une sous-culture qui heurte la conscience dans certains milieux conservateurs au Mali. Où l’on reproche pêle-mêle à ces séries, feuilletons, longs ou courts métrages, etc. dont les personnages incarnent assez souvent des scènes pas très fréquentes dans notre pays d’être sources de violences, de plonger leurs adeptes dans un monde rempli de haine, de jalousie, de trafics en tous genres…
De nos jours, la population malienne, plus généralement les femmes et les jeunes filles en ville, s’intéressent de plus en plus aux films venus d’ailleurs. Mais, ces émissions télé qui ont vocation, entre autres, à divertir et à cultiver ne sont pas sans inconvénients pour notre identité culturelle.
Mahamadou Cissé, un étudiant avec qui nous avons abordé le sujet, reproche aux personnes qui s’intéressent à ces films plutôt qu’aux nôtres de ne pas accorder de valeur à ce que nous produisons.
Or, «Les films maliens parlent de nous, de notre culture, de nos valeurs, ce qui n’est pas le cas des feuilletons étrangers», argumente M. Cissé qui apprécie néanmoins les films hindous où les thèmes du mariage, de la méchanceté, par exemple, sont, selon lui, très présents «comme dans les films maliens». Par contre, les séries qui viennent du Brésil et des Etats-Unis «ne parlent que de l’argent et de sexe», déplore ce jeune fan de film.
Beaucoup d’observateurs estiment que les feuilletons et autres genres de films ont un profond impact plutôt négatif sur le comportement des jeunes filles, plus que sur les garçons.
Parmi les traces visibles de ces programmes culturels étrangers sur nos jeunes figurent, a fait remarquer un Imam dans le quartier Kalabancoro à Bamako, leur manière de s’habiller, comme le port de pantalons taille basse par des filles ou encore le goût de la drogue et de l’alcool pour certains jeunes.
«Il est normal de s’intéresser aux réalités de la vie partout dans le monde certes, mais nous ne devrions pas oublier les nôtres», nuance Fatoumata Diarra comédienne à l’Institut National des Arts (INA) pour qui il est aussi, voire plus important de ne pas oublier nos traditions et les personnages clés de notre histoire.
L’opinion des uns et des autres sur les films étrangers est peut-être avant tout une question de mentalité et de goût qui ne peut donc être tranchée de manière absolue, car les produits du cinéma d’où qu’ils viennent sont censés jouer un rôle très enrichissant pour la culture et non troubler les bons usages dans certains pays.
Diakité Aissata, stagiaire