Devenue un enjeu majeur de la crise malienne depuis qu’elle fut reprise aux groupes rebelles en avril dernier, Ménaka (ville de la région de Gao) semble toujours une grosse épine dans les pieds des parties prenantes au processus de paix. En témoignent les conclusions de la dernière réunion de la Commission technique mixte de sécurité.
Marche à Ménaka
Marche à Ménaka
Le jeudi 6 août 2015, la Commission technique mixte de sécurité, chargée de superviser la mise en œuvre des accords de cessez-le-feu et de cessation des hostilités, s’est réunie au siège de la Minusma, à Bamako. Cette rencontre a regroupé, sous la présidence du Commandant de la force de la mission onusienne au Mali, le Général de division Michael Anker Lollesgaard, des représentants du Gouvernement, de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), de la Plateforme des mouvements d’autodéfense et ceux de la médiation internationale. Au terme des discussions, la Commission est parvenue à un certain nombre de résultats dont l’approbation de recommandations au sujet de quatre (4) allégations de violation du cessez-le-feu qui ont été discutées lors de la réunion, et la confirmation de la décision précédente de la Commission technique mixte d’établir une Equipe mixte d’observation et de vérification (Emov) à Kidal. Ainsi, les trois parties signataires de l’Accord de paix et de réconciliation (Gouvernement, CMA et Plateforme) désigneront, courant mois d’août 2015, leurs membres respectifs au sein de cette équipe. Par ailleurs, Gouvernement, CMA et Plateforme ont reconnu que le cas de la ville de Ménaka demeurait toujours un problème et se sont mis d’accord sur la nécessité de le résoudre par des voies politiques parallèlement au processus de mise en œuvre de l’Accord, même s’ils estiment que ce cas ne se pose pas en obstacle aux travaux du Comité technique de sécurité. Faut-il rappeler que Ménaka, une localité du Nord-Mali, avait été reprise, en fin avril 2015, aux mouvements de la CMA. Ces derniers avaient, par la suite, fait du départ des mouvements pro-gouvernementaux de cette ville un préalable à leur signature, le 20 juin dernier, de l’Accord de paix. Autre résultats important de la réunion de la Ctms, c’est que les parties ont convenu que les conditions sont désormais propices pour mettre fin à la Commission technique mixte de sécurité (Ctms) et activer le Comité technique de sécurité (CTS), prévu dans l’Accord de paix et de réconciliation. La première réunion du CTS devra se tenir le 1er septembre 2015. Dans la même veine, les parties conviennent qu’il sera «hautement important d’assurer, dans le cadre des travaux du CTS, une prise de décision rapide au sujet des localités où les sites de cantonnement seront établis et de mettre en place le plus tôt possible le Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) aux fins de faciliter et coordonner les patrouilles conjointes entre les parties». Au terme de cette importante réunion, le Commandant de la force de la Minusma, non moins président de la Ctms et du CTS, a exprimé sa satisfaction des progrès réalisés lors de cette rencontre. Il a par ailleurs félicité les parties qui, de par leur esprit constructif, ont, estime-t-il, fortement démontré leur volonté de se conformer aux échéanciers de la mise en œuvre de l’Accord de paix. Il importe de rappeler que, sous l’égide de la sous-commission défense et sécurité du Comité de suivi de l’Accord, il est créé un Comité technique de sécurité (CTS) qui reprend les attributions de la Commission technique de sécurité (Ctms) issue de l’Accord de Ouagadougou et élargie le 16 septembre 2014 à Alger. Conformément à l’esprit de l’annexe 2 de l’Accord, la Ctms élargie poursuivra ses missions jusqu’à la mise en place effective du CTS qui inclut 6 représentants des forces armées et de sécurité maliennes, 3 représentants de la Coordination des mouvements de l’Azawad, 3 de la Plateforme des mouvements d’auto-défense, 2 représentants de la Minusma et 1 de chacun des membres de l’équipe de médiation internationale. Le CTS est chargé notamment d’observer le cessez-le-feu, d’enquêter sur d’éventuelles violations du cessez-le-feu, de mettre à jour les arrangements sécuritaires et les vérifier. Aussi, doit-il procéder à l’identification et la validation des sites de cantonnement et soutient techniquement le processus d’intégration des ex-combattants.
Bakary SOGODOGO