Nous nous sommes entretenus, vendredi dernier, à l’hémicycle, avec le député Mahamadou Hawa Gassama, sur des questions d’actualité, en l’occurrence, sur la réaction du ministre de l’Economie numérique, de l’information et de la communication, porte-parole du gouvernement, Choguel Kokala Maïga, à propos du communiqué de l’URD sur les vacances du gouvernement.
Le Canard Déchainé : Que pensez-vous de la réaction du ministre Choguel Kokala Maïga, par rapport à votre communiqué relatif aux vacances gouvernementales ?
Mahamadou Hawa Gassama :
Je vous salue. Nous sommes vendredi, que Dieu accepte nos vœux et nos prières ainsi que ceux de la fin du ramadan. Je suis fils de guide religieux, j’ai étudié l’arabe, Dieu nous dit que si un malheur nous arrive, ayons recours à deux choses : les vœux et l’aumône. Je prie Dieu pour qu’il sorte le Mali du trou où il est tombé. Chaque jour que Dieu fait, on dit qu’hier était meilleur qu’aujourd’hui. Je suis content de ta question. Choguel est mon grand frère, mon ami, mais il s’est trompé. On a fait un point de presse, hier, au siège de l’URD, pour dire la vérité aux journalistes. Choguel s’est trompé, car, si l’opposition fait son travail, au lieu de la féliciter, il la critique. Aujourd’hui, l’insécurité sévit partout au Mali. Ils ont fait un conseil des ministres extraordinaire sur deux points seulement : Le premier point concerne les vacances du gouvernement. Le second point porte sur les élections communales, le 25 octobre. Au moment où ils prenaient ces décisions, 13 soldats maliens étaient morts et leurs sépultures n’étaient pas encore faites. Nous nous sommes demandé si ce gouvernement se préoccupait du pays. Quand treize cadavres de soldats sont là, est-ce que vous devez aller en congé ? Ils n’ont que faire de nos soldats et de notre pays et ces paroles n’engagent que l’opposition. Au demeurant, avec cette insécurité qui sévit dans le pays, est-ce qu’on peut faire des élections ? Ils sont en train de critiquer ce point de vue en disant qu’on peut faire les élections sur toute l’étendue du territoire. Est-ce qu’aujourd’hui, Kidal nous appartient ? Nioro nous appartient ? Selon eux, si on doit aller aux élections, celles-ci ne peuvent se faire à Kidal, Tombouctou, Gao, y compris Mopti. Je lance un appel à Choguel : si tu veux combattre ceux qui disent la vérité, tu seras humilié. La conséquence aujourd’hui, c’est que Sévaré a été attaqué. Le rôle de l’opposition, c’est de dire ce qui est mauvais et ce qui est bon : une opposition républicaine, civilisée. On n’a pas été félicité pour ça. Ils ont dit qu’on n’a pas fait des vœux pour les morts, pour la guérison des blessés, c’est archifaux. Nous avons fait un communiqué le 3 août, ils l’ont gardé, parce qu’ils mobilisent l’ORTM et Radio Mali, or, ça ne leur appartient pas, ça appartiennent aux Maliens. Selon le statut de l’opposition, on peut s’exprimer sur tout ce qui est mauvais. Choguel nous censure, il ne laisse pas passer nos messages. Notre premier communiqué était fait au moment de la mort de nos soldats à Gourma-Rharous. Ils ont fait un conseil des ministres extraordinaire pour le critiquer, alors, nous avons produit un autre communiqué pour condamner les vacances gouvernementales. Choguel a fait un tapage médiatique, notamment à travers les radios privées, pour désinformer la population, alors, nous avons tenu un point de presse, pour montrer les preuves de nos affirmations. Nous leur avons montré la première et la deuxième lettre avec des accusés de réception. Ça veut dire que Choguel a menti. Il a dit qu’on veut en faire une récupération politique, un fonds de commerce. Nous avons montré à la presse toutes les condamnations que nous avons faites, même l’affaire concernant l’interpellation du ministre du développement rural, Bocari Tréta et nous avons demandé des poursuites et un jugement contre les fautifs. Nous avons joué notre rôle. Je vais te dire comment l’opposition a fait son travail depuis que ce gouvernement est en place : qui a dénoncé les surfacturations, ce n’est pas l’opposition ? Lorsque nous l’avons dit, ils ont crié au manque de patriotisme, mais quand le FMI est venu, il a confirmé, la section des comptes de la Cour suprême a confirmé, le Vérificateur général a confirmé. Ils sont allés jusqu’à demander le limogeage et la poursuite judiciaire de trois ministres, est-ce que ça a été fait ? Ils les ont enlevés de leurs postes, grâce au FMI, mais où sont-ils maintenant ? Qui a parlé de l’achat de l’avion, ce n’est pas l’opposition ? Nous avions dit que l’achat n’était pas opportun et nous avions demandé les prix. Jusqu’au moment où je te parle, nous avons eu quatre prix, tantôt 20 milliards, tantôt 17 milliards, 7 milliards, 8 milliards. Troisième point, nous avons voté contre le budget du gouvernement qui n’avait pas gagné notre confiance. Le quatrième point, nous n’avons pas eu confiance à la Déclaration de politique générale et nous avons voté contre. Le cinquième point concerne la libération du terroriste Wadoussène, nous avons dénoncé la libération d’un terroriste qui a tué un garde, sans jugement. Le sixième point a consisté à dénoncer l’échange des rebelles, portant atteinte à la loi. Ils ont dit que c’est pour la paix, mais pourquoi Gourma Rharous a été attaqué, Sévaré aussi, est- ce la paix ça ? Les députés rebelles qui étaient à l’Adéma, aujourd’hui, où sont-ils ? Ils sont au RPM, or ils étaient condamnés. Ils ont eu l’immunité et leurs mandats d’arrêt sont levés. Ce sont eux qui sont allés à Koulouba, au moment de la rupture du jeun et ont fait des accolades à IBK, y compris Al Ghabas de la CMA. En huitième point, il y avait eu des fuites au DEF, l’année dernière et cette année, n’y a-t-il pas eu de fuites ? C’est leur faute. Le neuvième point est relatif à l’engrais frelaté. L’agriculture et l’élevage de cette année sont viciés. Le ministre qui a distribué les mauvais engrais et Bakary Togola… l’affaire a défrayé la chronique, le président IBK et le Premier ministre en ont parlé, mais cela a fini comment, Choguel ? car, je m’adresse bien à Choguel Kokala Maïga. Le dixième point concerne la motion de censure contre l’ancien Premier ministre Moussa Mara, on nous avait traités d’égoïstes, ça a fini comment ? Tout le problème du Mali aujourd’hui est du au départ de Moussa Mara à Kidal, il a engagé le pays en guerre, alors qu’on n’était pas prêt. Quand on dit qu’on va juger ATT, il faut aussi juger Moussa Mara, Hawa Gassama, Issiaka Sidibé, IBK. IBK était président de l’Assemblée au temps du pouvoir ATT, Issaka Sidibé et moi même étions députés au temps du pouvoir ATT.
Que pensez-vous de l’attribution des logements sociaux ?
J’allais en venir, c’est le onzième point. Qui est à la base des logements sociaux, ce n’est pas le ministre de la majorité présidentielle, ce n’est pas Dramane Dembélé ? Est-ce que les logements sociaux sont conçus pour être distribués aux petits frères de ta femme, aux députés, aux ministres ? Certains ont postulé sept à huit fois, ils n’ont pas eu de logement alors que d’autres qui n’ont pas postulé ont obtenu des logements. Les démolitions de Souleymanebougou, qui en est responsable ? Ce n’est pas le même gouvernement où figure Choguel ? N’y avait-il pas de solution, pourquoi ne pas s’asseoir sur la table des négociations. Avant Bathily, il y avait Yacouba Diallo, De Golf à Kalaban, il y avait mille lots, c’était des titres de l’ACI, les populations, les migrants y avaient construit. Ils ont discuté jusqu’à trouver un terrain d’entente qui consistait à payer petit à petit. Ça n’a pas été cassé. Est-ce que ce n’est pas Bathily qui a dit à Kalabanbougou : « même si les populations ont construit sur le titre de quelqu’un, on est en hivernage, on ne doit pas démolir », je demande aujourd’hui, on est à quelle saison, est- ce que c’est la neige qui est en train de tomber ?
Pour terminer, je dirai à Choguel, qu’il a fait une erreur, il doit demander des excuses. Nous, de l’opposition, nous faisons notre devoir. Je te fais une révélation, un ministre a fait des détournements de fonds, la presse en a parlé, mais pourquoi Choguel n’est pas venu à la télé pour démentir ? Le Vérificateur a déposé ses rapports 2013 et 2014 faisant état de 153 milliards de mauvaise gestion, qu’est-ce qu’IBK a dit, est-ce qu’il y a eu des suites ? Vous voulez qu’on continue comme ça, que l’opposition ferme sa bouche ? Malgré ceux qui nous critiquent, nous allons continuer à dénoncer. Ce sont les populations qui nous ont poussés à aller à l’opposition. Soumaïla Cissé a dit que tout le monde court pour aller à Sébéninkoro. Qui a commencé à prendre la route de Sébénikoro, ce n’est pas Soumaïla, avant même les résultats de l’élection présidentielle ? C’est Soumaïla, avec sa femme, qui se sont rendus chez IBK. Mais depuis lors, Soumaïla a dit : « Grand-frère, voilà le pouvoir, tu as gagné, mais, nous, nous allons à l’opposition. Si ça marche, on va dire bravo ! Si ça ne va pas, on va critiquer. »On va continuer à dire la vérité à la population du Mali, on ne va pas reculer.
B.D.