Lorsqu’on se trompe, quoi de plus normal que de l’admettre. Une large frange de la population malienne, ou du moins de l’électorat qui a porté le président de la République à la tête de l’Etat, se rend aujourd’hui à l’évidence. Cet électorat, induit en erreur à coups de promesses, avoue volontiers qu’il s’est lourdement trompé dans son choix.
«An filila», autrement dit : «Nous nous sommes trompés» revient alors comme un leitmotiv sur presque toutes les lèvres. «An filila», parce qu’au lieu du Mali, c’est la famille qui est la priorité de l’élu.
«An filila », car les Maliens se rendent maintenant compte que c’est un président sans projet politique, ni vision, qui a été porté à la tête de l’Etat. Alors, bonjour l’improvisation, le pilotage à vue et le bricolage.
«An filila», parce qu’on croyait qu’avec lui, le problème du nord ne serait plus qu’un amère et affreux souvenir. Qu’avec lui, le Mali allait recouvrer sa souveraineté et toute sa souveraineté. Au lieu de cela, le Mali se trouve au bord de la partition, programmée de l’extérieur.
Et nos villes et villages sont devenus de hauts lieux d’insécurité. Jamais, le Mali n’a connu une telle tragédie.
Avec lui, au lieu, de la fermeté promise, ce fut la capitulation face à des rebelles qui ont obligé l’Etat à faire des concessions politiques jamais acceptées par les autorités maliennes.
«An filila», parce qu’avec lui, l’on s’attendait (il l’a promis) à des mesures énergiques contre la corruption, la délinquance financière et autres…
«An filila », parce qu’il promettait un Mali de rêve où il fait bon vivre…Il promettait de restaurer notre fierté et notre dignité. Il promettait de veiller scrupuleusement sur nos maigres ressources…Des promesses qui n’ont pas été tenues que l’espace d’une campagne électorale. Oui, les Maliens se sont trompés.
Aujourd’hui, la réalité est là. Le Mali est devenu une propriété privée pour la famille, le clan et le grin. Les scandales sur fond de détournements de deniers publics et le vol, sont devenus monnaies courantes.
Si de nombreux Maliens regrettent aujourd’hui leur choix, et ne s’en cachent guère, rares sont les affidés du pouvoir à se rendre à l’évidence et à reconnaître l’échec du régime. D’où le fossé qui ne cesse de s’agrandir entre le peuple et le régime.
C. H. Sylla