Une véritable prouesse que le coup que vient de réussir le ministre du commerce et de l’industrie, Abdel Karim Konaté dit Empé, avec la baisse du prix de la viande sur le marché du district et celui de Kati et ce, dès le lundi prochain. Il est parvenu à mettre tous les acteurs autour d’une table pour signer un protocole d’accord, le mardi 11 août 2015 dans la salle de conférence de son département.
Très heureux de ce dénouement heureux, le ministre a affirmé que cela fait un certains temps que le prix de la viande a connu une légère hausse sur les marchés de la capitale et de Kati, avec une augmentation de 300 F Cfa le kilo pour la viande avec os et 500 F Cfa le Kilo pour la viande sans os. Face à cette situation, le gouvernement ne peut rester les bras croisés. C’est ainsi que sur son initiative personnelle, il a été décidé de rencontrer l’ensemble des acteurs pour situer la cause de cette augmentation brusque et y apporter des solutions.
Empé affirme qu’au cours des discussions qu’il a lui-même présidées, les responsables de la filière élevage se sont plaints du coût insurmontable de l’aliment bétail, qui est passé de 100 000 F Cfa à 300 000 F Cfa la tonne. Mais aussi le manque de parc de transit pour le bétail à Bamako et le coût des taxes communales. Les bouchers, de leurs côté, estiment qu’il y a trop d’intermédiaires entre eux et les éleveurs et ils sont confrontés à des problèmes d’accès au crédit.
Le ministre du commerce s’est offusqué du coût de la tonne de tourteau qui est de 300 000 F Cfa alors qu’il est produit chez nous.
Comme mesures d’urgence, il a indiqué que le Gouvernement va interdire l’exportation du grain de coton au moins pour une année. A son niveau, un accord est trouvé avec les huiliers et éleveurs pour fixer le prix de la tonne de tourteau à 125 000F Cfa plafond. La Cmdt et les huiliers s’engagent à vendre l’exclusivité de leur production aux éleveurs.
Ensuite, le ministre, comme autre mesure pour soulager les éleveurs, a décidé de prendre attache avec son collègue de l’administration territoriale pour voir comment les mairies peuvent mettre à la disposition des éleveurs des espaces devant servir de parc de transit pour le bétail et réduire les taxes imposées aux éleveurs.
Il est décidé de mettre les éleveurs et les bouchers en contact direct pour supprimer les intermédiaires qui provoquent la surenchère. Quant au financement des bouchers, le ministre Konaté soutient que l’année dernière, il a financé 150 bouchers à hauteur de 500 000 F Cfa, chacun. A ce jour, le taux de remboursement n’atteint pas les 50%. Sur ce plan, il dit ne pas pouvoir promettre quoi que soit tant que les fonds déjà alloués ne seraient pas remboursés.
Ainsi, tous les acteurs s’engagent à baisser le prix de la viande dès le lundi 17 août prochain, soit 2200 F Cfa le prix du kilo de viande avec os et 2500 F Cfa pour la viande sans os.
Mieux, les acteurs ont un mois pour ramener les prix de la viande beaucoup moins cher encore, car il est impensable que la viande soit moins chère dans la sous-région qu’au Mali avec son potentiel de cheptel.
Pour le suivi de l’ensemble de ces mesures, le ministre a annoncé la mise en place immédiate d’un comité ad hoc.
Le prix de viande s’est déjà normalisé en commune ii du district de Bamako
Et pour donner l’écho à la décision du ministre, le prix de la viande a commencé déjà à baisser au niveau de certains marchés du district. C’est le constat fait ce mercredi matin au niveau de certains marchés de la commune II du District de Bamako.
Aux marchés de Medina Coura et de Missira où nous sommes passés, les bouchers n’ont pas attendu le lundi comme prévu pour baisser le prix de la viande. On a pu constater que le prix du kilo de viande avec os a baissé de 300 F Cfa soit de 2500 F Cfa à 2200. La viande sans os est cédée entre 2500 F et 2600 F le kilo. Ce qui constitue une avancée notable sur la baisse des prix surtout que l’échéance prévue pour la normalisation des prix est fixée pour le lundi 17 août prochain.
Selon Ibrahim Guindo, boucher au marché de Médine, c’est suite à l’appel de leur faitière hier soir à la télé que l’information a circulé au niveau de l’abattoir de baisser les prix, car le gouvernement a pris des mesures pour baisser le prix des bœufs. Ce matin, la viande leur est cédée à son prix normal, donc, il n’y a aucune raison qu’ils continuent à appliquer les prix majorés.
Même son de cloche chez Diakaridia Kanouté, boucher à Missira, l’information vient de leur organisation faitière, hier soir, et elle a circulé à l’abattoir. Tout le monde est appelé à respecter les prix normaux. Il s’est dit heureux de l’accord trouvé entre les éleveurs et l’Etat, car la situation antérieure ne les arrangeait pas du tout. Ils n’arrivaient pas à faire des bénéfices et vendaient à perte, mais aussi, ils ont beaucoup perdu leur clientèle. Avec l’augmentation des prix, les gens préfèrent acheter le poisson de mer, nous a-t-il confié.
Nous avons également rencontré Fanta Diakité, vendeuse de brochettes à Médina Coura. Elle s’est dite satisfaite que le prix de la viande ait baissé, car avec l’augmentation des prix que nous avons connue, elle avait carrément arrêté de vendre des brochettes. Les gens n’acceptaient pas d’acheter les brochettes parce que les morceaux étaient trop petits. Même avec ça, elle n’arrivait pas à rentrer dans ses frais encore moins penser à faire des bénéfices. Dans ce cas, elle a tout simplement arrêté de vendre des brochettes en attendant que la situation se normalise. Fanta affirme avoir été surprise par un appel de son boucher, ce matin, qui l’a informée que le prix de la viande s’est normalisé. Donc elle a décidé de reprendre son commerce ce matin. Pour tout dire, ce coup de maître du ministre Empé mérite un véritable coup de chapeau.
Harber MAIGA