Le week-end dernier, la boite à rumeurs a été ouverte. Ses contenus étaient chargés d’une bêtise mortifère qui a cours au Mali aujourd’hui, sous le soleil d’IBK, entretenue par des gens nourris à la mamelle de l’intoxication. Rumeur du vendredi : IBK aurait été placé en soins intensifs dans un hôpital américain. Rumeur du samedi : IBK serait passé de vie à trépas. La rumeur, le plus vieux média du monde, a commencé à circuler. L’internet, cette bulle où tout se joue désormais, a été pris d’assaut. Les téléphones ont sonné. La messagerie d’un gars, qui est dans le secret…des infos, a été saturée. Ou bien il a été saturé d’appels
La rumeur du dimanche s’est tue avec l’image d’IBK descendant de l’avion sur le tarmac de l’aéroport Bamako-Senou. On ignore, à ce jour, qui, tapi dans l’ombre, a appuyé sur la gâchette de son lance-rumeurs. Mais la fulgurance de cette rumeur aussi bien que sa réussite, éclaire sur le « mal » de communication d’un régime qui « laisse parler les gens », laisse pourrir la situation avant de trouver une solution qui l’arrange et l’aide à sauver sa peau. Cette rumeur a fait ressurgir des poubelles les interrogations sur l’efficacité de la cellule de communication de la présidence, et même l’inquiétude de savoir si elle existait réellement. On sait le président Keïta malade. Certes, il ne sert à rien d’en faire la publicité. Mais, on peut répéter que cela n’absout pas le manque de communication chronique, devenu l’insuffisance et le vice rédhibitoire du régime d’IBK.
La boite à rumeurs a aussi confirmé cette règle qui veut qu’au Mali, ceux qui savent restent cois, et ceux qui ne savent rien de rien, enfourchent le cheval de la mythomanie pour agiter le chiffon rouge de l’intoxication. L’évidence perdure : cela n’est possible que parce qu’on a un Etat pathologique, faible, qui ne parvient pas à rassurer ses citoyens convaincus que le pouvoir n’a pas de pouvoir et qu’il est à l’image de l’état de santé de son numéro un.
Boubacar Sangaré