Ce qui s'est passé dans la nuit de mercredi à jeudi à l'auto-gare de Sogoniko a plongé toutes les populations de la Commune VI dans la psychose. En effet, peu avant 21h, deux individus non encore identifiés, après avoir tiré en l'air dans les environs du feu tricolore, arrivent au niveau du poste de police en marchant. L'un deux tire à bout portant sur le Sergent de police Sékouba Diabaté laissé pour mort avant de s'introduire dans la salle et cribler tous les murs de balles.
Alertés, le ministre de la Sécurité, Général Sada Samaké et le DG de la police, l’Inspecteur général Hamidou Kansaye se rendent d’urgence sur les lieux avant d’aller rendre visite au policier blessé recevant des soins à l’hôpital du Mali.
La violence commence à s’installer dans la capitale malgré les immenses efforts déployés par le gouvernement et les sacrifices que consentent les forces de l’ordre et de sécurité. En effet, après les attaques contre le bar » la Terrasse « , contre plusieurs boutiques et quincailleries et la brigade de gendarmerie de Baguineda située à une trentaine de km de Bamako, les terroristes viennent de s’en prendre à un autre symbole des forces de défense et de sécurité. En attaquant le poste de police, les terroristes prouvent, si besoin est, qu’ils ne reculeront devant rien.
Pour en venir à l’attaque de l’auto-gare de Sogoniko, il nous revient qu’elle a eu lieu peu avant 21h. D’après plusieurs sources sécuritaires, ce forfait a été commis par deux individus portant des turbans (blanc et noir) et des boubous à la limite du genou. Les mêmes sources rapportent que les deux individus ont d’abord tiré des coups de feu en l’air pour créer une panique générale. Cet objectif fut largement atteint car, dans les environs des halles de Bamako et dans les quartiers de Sogoniko et Faladiè, le sauve qui peut le disputait à la débandade. C’est ainsi que, nous dit-on, les deux terroristes se sont dirigés vers le poste de police situé à gauche de l’entrée de l’auto-gare de Sogoniko. A bout portant, celui qui portait le turban tire sur le Sergent de police Sékouba Diabaté qui s’écroule.
Le croyant mort, son » meurtrier » franchit la porte du poste et crible de balles tous les murs. Ces coups de feu créent une panique indescriptible dans l’auto-gare où les gens crient et courent dans tous les sens. Après leur forfait, les terroristes ont disparu dans la nature. Toutefois, des témoins indiquent que les deux assaillants se sont ensuite dirigés vers un taxi dont l’une des portières était ouverte sans qu’on ne puisse dire exactement s’il a servi à transporter les terroristes.
Le renfort parti du 7ème arrondissement dont relève le poste de police de l’auto-gare arrive sur les lieux alors que le policier était à terre, atteint à la tempe par une balle. Ses collègues l’évacuent très vite sur l’hôpital du Mali pour recevoir des soins d’urgence. L’on nous apprend que le ministre de la Sécurité et le DG de la police sont également arrivés sur les lieux de l’attaque et sont, ensuite, partis à l’hôpital du Mali pour s’enquérir de l’état de santé du policier blessé.
Les mêmes sources sécuritaires nous informent qu’il y a eu un autre blessé, en l’occurrence un vieux mendiant qui serait aveugle et qui a pris une balle perdue au niveau de la cuisse. Il a été admis au CHU Gabriel Touré.
A notre passage hier matin sur le lieu de l’attaque, la zone avait été bouclée et fermée à toute circulation afin de permettre à la police technique et scientifique de procéder à des relevés d’empreinte, analyse des balles et douilles.
Bref, à la recherche de tout indice pouvant remonter au tireur et son complice. En plus des policiers, plusieurs éléments de la garde nationale, lourdement armés, assurent la sécurisation du périmètre.
Avec la recrudescence de la violence, les forces de défense et de sécurité ont plus que jamais besoin du soutien de tous. Les populations doivent contribuer dans cette lutte contre le terrorisme en collaborant avec les forces de l’ordre dans la dénonciation de tout individu au comportement suspect sans tomber dans l’amalgame.
C’est le lieu de remercier le ministère de l’Economie et des finances pour son geste citoyen et qui, après avoir appuyé les FAMA, a volé au secours des commissariats de police en leur apportant une aide matérielle et financière.
D.YOSSI
Des tueurs à moto ?
Selon des témoignages recueillis dans la nuit peu après l’attaque du poste de police de l’auto-gare de Sogoniko, les assaillants étaient au nombre de quatre repartis sur deux motos Djakarta. Après avoir tiré les coups de feu, ils auraient pris des directions opposées, rendant ainsi difficile toute poursuite. Une dame qui rentrait d’un voyage au Sénégal à bord d’un car de la compagnie Diallo Transport dont le siège se trouve à Faladié, affirme avoir aperçu aux environs de 17h sur l’Avenue de l’OUA, non loin du lieu du drame, deux individus sur une moto Djakarta qui ont frappé son regard. Non pas parce qu’ils portaient tous deux des turbans (ce qui est chose courante dans nos rues) mais parce que l’individu qui se trouvait derrière le conducteur portait sur son dos un fusil de façon ostensible. La bonne dame de se demander comment est-il possible qu’on puisse laisser des individus circuler à moto en plein jour munis d’armes à feu. Lorsque quelques heures plus tard la nouvelle de l’attentat lui est parvenue, elle n’a pu s’empêcher de faire le lien en se disant que c’est Dieu qui lui a sauvé la vie.
Pour rappel, les assaillants qui ont attaqué le bar » la Terrasse » en faisant cinq morts dont deux maliens et trois expatriés, avaient eux aussi, opéré sur des motos.