Qu’est-il arrivé au patriarche pour qu’il rende l’âme sans pouvoir communiquer ses dernières volontés à sa famille ? C’est pour avoir des réponses précises à cette question que sa famille attend de la hiérarchie de la gendarmerie, qui récuse toute idée d’autopsie, seul moyen de renseigner sur les circonstances exactes de sa mort, avant de le conduire dans sa dernière demeure.
Il y a des gens au Mali, qui pensent qu’avec le peu d’argent qu’ils ont, ils peuvent tout se permettre. C’est le cas de Fatoumata Dabo, qui serait à l’origine de la mort d’un sexagénaire, répondant au nom de Mamadou Fofana, notable à Djalakorodji. La famille a été informée de sa mort par l’intermédiaire d’un voisin du quartier, qui a reçu un coup de fil anonyme. C’était aux environs de 00 heure, soit environ une heure et demi après son interpellation. Dans le mémoire de son conseil qui nous a été transmis, il apparaît clair que les gendarmes venus l’interpeller ne détenaient aucun mandat d’une autorité judiciaire. Ont-ils agi à leur tête ? C’est l’enquête qui pourra le déterminer. En attendant, le corps du sexagénaire est déposé à la morgue attendant désespérément une hypothétique autopsie.
Selon les documents que nous détenons, l’histoire remonte à quelques années quand il avait vendu à la dame Fatoumata Dabo une parcelle sur laquelle, il a assuré une jouissance paisible. Qu’il a même introduit une assignation au tribunal civil de Kati pour mettre un terme aux prétentions des nommés Chèiknè Mariko et Dramane Camara sur la parcelle. C’est au motif qu’elle ne parvenait pas à obtenir de l’eau dans le puits qu’elle a creusé que Fatoumata Dabo demanda la résiliation du contrat de vente devant le Tribunal civil de Kati. Malheureusement, celui-ci rejeta la demande car fondée sur aucun motif sérieux en droit. Par la suite, elle saisit une première fois la gendarmerie, où elle se buta au non recevoir. Car, tout comme le Tribunal, celle-ci lui notifia qu’il ne s’agissait pas d’une affaire pénale et que d’ailleurs au civil elle n’avait aucun motif valable pour obtenir la résiliation du contrat.
Mais, décidée qu’elle est à obtenir de force la résiliation du contrat de vente, elle va voir le du chef de village de Dialakorodji qui lui a, à son tour, signifié qu’elle n’avait pas raison mais que pour une solution apaisée, lui se proposait de lui donner une autre parcelle. Malgré tout, le défunt n’était pas au bout de ses surprises. Car dans la nuit du samedi 1er août dernier, il sera appelé par l’intermédiaire de la vente, le nommé Abdoulaye Maïga pour lui demander où il était. C’est ainsi qu’il a été retrouvé par celui-ci accompagné des gendarmes de Kati (Banatou koro) dont un certain Diarra et Abdoulaye Sy. Le défunt âgé de son état et notable leur dira qu’il se fait tard (22 heures passées), qu’il ne peut disparaître à cette heure et que le lendemain, il se présenterait volontiers. Cela n’a pas suffi ni même l’intervention du chef de village qui les a supplié pour permettre aux vieux déjà souffrant de se présenter le lendemain. Sans présenter le mandat d’arrêt qu’ils disaient avoir avec eux, les gendarmes enlevèrent Mamadou Fofana qui, avant de monter à l’arrière de leur véhicule a pris le chef de village en témoin pour dire que « s’il ne revenait plus, les gendarmes seraient responsables ». C’est ainsi que tous les deux ont été amenés par les gendarmes.
Il ressort du document dont nous disposons, ce qui suit «… sa famille ignore ce qui s’est passé mais elle a appris par voies détournées que le nommé Mamadou Fofana est décédé entre leurs mains des gendarmes et que son corps se trouverait à la morgue de l’Hôpital Gabriel Touré… »
Que s’est-il donc passé ? A-t-il eu un malaise sans recevoir de soins ? A-t-il été torturé ? C’est pour répondre à cette série de questions que ses héritiers ont porté une plainte contre X. En attendant d’en savoir plus, le corps du patriarche est déposé à la morgue à la demande de son conseil pour y effectuer une autopsie et afin de faire toute la lumière sur les circonstances de sa mort afin de situer les responsabilités. Toute chose qui permettra que justice soit faite pour ses héritiers. Mais, cette demande est butée à des blocages volontairement posés par la gendarmerie. La hiérarchie chercherait-elle à couvrir ses éléments ? Difficile de répondre à cette question. Mais, attendons de voir, le temps nous édifiera mieux sur la suite des évènements.
Affaire à suivre
M. A. Diakité