Sévaré - Une semaine après l’attaque, le 7 août, d’un hôtel ayant fait 13 morts à Sévaré, près de Mopti, l’armée malienne a renforcé sa présence dans le cadre d’une mission "contre le terrorisme", saluée par des habitants qui se disent rassurés.
"Les patrouilles vont chasser les jihadistes et les bandits", a déclaré à l’AFP Alhassane Kouyaté, notaire à Sévaré, à 12 km de Mopti - le chef-lieu de
région - et à plus de 620 km de Bamako. "Les gens ont moins peur la nuit maintenant, il faut qu’elles continuent".
Vendredi, plusieurs centaines de militaires - leur nombre précis n’est pas communiqué - ont été rassemblés dans le camp militaire de Sévaré pour une
cérémonie symbolique, durant laquelle ils ont reçu les dernières consignes avant leur déploiement, a constaté un journaliste de l’AFP.
"Assurer la sécurité des biens et des personnes dans le cadre de la lutte contre le terrorisme": c’est la mission que leur a assignée le colonel Saibou Doumbia, chef de la région militaire du centre du Mali, à la lisière du vaste Nord. Selon lui, le ministère malien de la Défense a mis à leur disposition "les moyens qu’il faut pour faire face à la situation" et leur mission durera le temps nécessaire.
Depuis vendredi, on peut voir deux avions militaires maliens survoler la ville et ses environs. Devant plusieurs bâtiments officiels et hôtels, sont postés des policiers et soldats en armes. Les forces maliennes procèdent également à des patrouilles.
Pour Alioune Coulibaly, restaurateur à Sévaré, une présence militaire forte et visible rassure la population et peut avoir un effet dissuasif sur les malfaiteurs et les terroristes. "Les patrouilles vont amener la paix", espère-t-il.
Mahamane Cissé, guide touristique à Mopti, partage son avis: "Les patrouilles protègent tout le monde", elles auraient dû être menées depuis longtemps.
"Par exemple, quand les terroristes ont attaqué la semaine dernière à Sévaré, j’étais dans le pays Dogon avec huit touristes français. Aussitôt, l’ambassade de France a téléphoné pour (leur) demander de regagner Bamako", ce qui ne se serait pas passé "si les patrouilles militaires avaient été mises en place auparavant", a-t-il expliqué.
- Rumeur d’attaque imminente -
Le 7 août, des hommes armés ont attaqué l’hôtel Byblos de Sévaré, où séjournaient des étrangers. Ils en ont été délogés près de 24 heures plus tard par les forces maliennes. L’assaut a fait 13 morts, dont quatre assaillants, quatre militaires, un chauffeur malien et quatre employés étrangers de sociétés sous-traitantes de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma).
L’attaque a été revendiquée par Souleyman Mohamed Kennen, un cadre jihadiste proche du prédicateur musulman radical malien Amadou Koufa.
D’après des spécialistes des milieux jihadistes, Amadou Koufa pourrait avoir des liens - de nature encore indéterminée - avec un mouvement armé apparu au début de l’année, le Front de libération du Macina (FLM, Macina étant le nom traditionnel d’une partie du centre du Mali).
Le FLM est allié à Ansar Dine, un des groupes jihadistes ayant contrôlé le Nord de fin mars-début avril 2012 jusqu’au déclenchement en janvier 2013 d’une intervention militaire internationale, qui en a chassé et dispersé les jihadistes. Mais plusieurs zones échappent encore au contrôle des forces nationales et internationales.
Les enquêteurs maliens soupçonnent le FLM d’être derrière l’attaque du Byblos. Le 9 août, le gouvernement malien avait annoncé l’arrestation de sept suspects. Une source proche de l’enquête a fait état samedi à l’AFP d’une douzaine de suspects appréhendés au total, dont trois dans la nuit de mercredi à jeudi dans la région de Mopti. Ces derniers seraient des disciples de Koufa.
Aucun des habitants interrogés par l’AFP n’a fait part de doutes quant à l’efficacité du renforcement de la présence militaire dans la zone. Pourtant, il a suffi d’une rumeur d’attaque imminente quelques jours après l’attaque du Byblos pour faire vaciller cette confiance affichée.
"La rumeur disait que les hommes d’Amadou Koufa allaient attaquer vendredi
Sévaré", a précisé un policier.
Conséquence: jeudi soir, des femmes se sont précipitées au marché de Sévaré pour faire des provisions qui tiendraient plusieurs jours. Et vendredi matin, d’après le policier, l’affluence en ville était plus faible que d’habitude.
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