Sévaré (Mali)- Ils sont chauffeur, ouvrier ou voisins de l’hôtel attaqué le 7 août à Sévaré, dans le centre du Mali, où 13 personnes ont été tuées. Une semaine après, ils demeurent traumatisés, la plupart sans soutien médical et psychologique, selon leurs témoignages à l’AFP.
Un homme armé, sac en bandoulière, a fait irruption en criant "+Allahu Akbar! (Dieu est le plus grand, en arabe)" devant le portail d’entrée du Byblos, raconte un chauffeur chargé de conduire à l’aéroport de Sévaré des résidents de l’hôtel Byblos. Des employés de compagnies sous-traitantes de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) séjournaient régulièrement dans ce bâtiment à un niveau comptant 16 chambres.
"Il a tiré sur moi", il a également jeté des grenades dans le minibus qui a pris feu, "j’ai fui me cacher", raconte le chauffeur, qui a survécu, des balles ayant été extraites de son corps. Depuis une semaine, il revit la scène, "chaque nuit", lâche-t-il: "Dans ma tête, j’entends toujours des bruits. Ça crie fort".
Oumar Dicko, ouvrier dans le bâtiment travaillant occasionnellement au Byblos, s’est caché dans un coin de la cour "quand ça tirait", se souvient-il. "C’est vraiment Dieu qui m’a sauvé. Je n’ai pas vu de jihadistes, mais j’ai entendu trop de tirs. Jusqu’à maintenant, j’ai mal à l’oreille."
Pour Mamadou Cissé, mécanicien dans un garage jouxtant Le Byblos, "c’était comme la guerre. J’ai cru que j’allais mourir". Depuis le 7 août, "tout mon corps et mon esprit me font toujours mal", affirme-t-il.
Selon Gouro Diallo, agent immobilier qui louait Le Byblos à une société étrangère pour ses employés, deux expatriés ont pu s’échapper des lieux en escaladant un mur.
L’attaque a pris fin le 8 août tôt le matin, après près de 24 heures de siège par les forces maliennes. Elle a fait 13 morts (quatre assaillants, quatre militaires, un chauffeur malien et quatre étrangers contractuels de la Minusma). Plusieurs suspects ont été arrêtés, une douzaine au total depuis une semaine, selon des sources de sécurité.
"Les 16 agents contractuels de la Minusma opérant à Mopti, y compris les quatre" rescapés de l’hôtel Byblos, "ont été transférés à Bamako le 8 août pour recevoir l’appui psychologique requis", a indiqué la Minusma dans un communiqué le 11 août.
Mais aucune démarche de ce genre n’a été mise en place pour les nationaux rescapés et voisins de l’hôtel, selon les témoins interrogés par l’AFP et des fonctionnaires locaux. Aucune source autorisée n’a fait de commentaire.
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