Le grand artiste musicien nigérian Davido, venu à Bamako pour un concert, a été reçu en avant première à Sébénincoro, chez le président IBK. C’est ce personnage à succès et toute la jeunesse dorée de la capitale, qui étaient du rendez-vous de Sebeninkoro, ce 14 août. Au sommet de la l’Etat, c’est donc la recréation, la fête, la bombance ?
C’est seulement la veille de cette fête, la nuit du jeudi 13 aout, que Aladji Sékou, 63 ans, imam de Barkérou (moins de 5 km de Nampala), a été abattu par des djihadistes, qui l’accusent de complicité avec l’armée et les autorités maliennes. Après une série d’évènements douloureux, qui se suivent comme des perles de feu, l’heure devrait être à la consternation, la tristesse et le deuil, et non la bombance, comme il a été observé à Sébéninkoro, ce 14 aout, à la résidence présidentielle (lire l’article « Davido chez IBK : Ce que la vidéo nous montre »). Le leadership semble totalement déconnecté des réalités du pays, totalement inconscient de ce qui nous guette.
Pendant que des militaires tombent, que des gens sont purement exécutés, comme c’est le cas de l’imam de Barkérou devant ses épouses le 13 aout, c’est seulement la nuit suivante, qu’on voit (en vidéo) le couple présidentiel faire la fête à Sébéninkoro. Cela ne relève-t-il pas de la provocation à l’endroit du peuple malien qui a élu le président pour régler les problèmes du pays et non s’amuser. Cette insécurité ne permet plus à quiconque consciente de la réalité, de s’éclater, de s’amuser, comme c’était le cas à Sebeninkoro. Le temps est au réveil, avant qu’il ne soit brutal.
Depuis quelques semaines, la recrudescence de l’insécurité est à une allure telle que les attaques et les tueries de paisibles citoyens, sont à un rythme insoutenable : prise d’otages à Sévaré le vendredi 7 aout, se soldant par 12 à 14 morts ; le lendemain samedi, pendant cette prise d’otage était en cours, la Brigade de gendarmerie de Baguineda essuyait des tirs d’assaillants inconnus.
Quelques jours avant, le lundi 3 aout, l’attaque contre le camp des gardes de Gourma Rarhouss, a eu un bilan lourd avec 11 gardes tués et deux civils se trouvant sur les lieux au moment de l’attaque, qui ont été tués. Le Samedi, 1er aout, une escorte des forces armées du Mali (FAMA) est tombée dans une embuscade sur l’axe Diabaly-Nampala, à 6 km de Toulé, commune de Nampala dans la région de Ségou. Un communiqué du gouvernement a donné l’information déplorant la mort de deux soldats et quatre autres blessés.
Quelques jours après l’attaque du camp des gardes de Rarhous, dans un contexte d’absence totale de l’Etat, un conflit entre populations a dégénéré le dimanche 9 aout, faisant 12 morts dans le village de Gaberi, dans le Gourma, région de Tombouctou. « Notre pays ne fait que s’enfoncer dans une tragédie sécuritaire avec des attaques en tout temps et en tout lieu. De Nampala à Gourma-Rharous en passant par Sévaré, Baguinéda et aujourd’hui Gaberi. Personne n’est maintenant à l’abri sauf les terroristes qui semblent avoir le vent en poupe ces derniers temps malgré tout », avait commenté le site Malijet. Ce commentaire est corroboré par les faits, quand dans la nuit du mercredi, une attaque terroriste prend pour cible le poste de police de la gare de Sogoninko. Les tirs d’un homme armé ont fait deux blessés (un policier et un mendiant). Il est temps de se réveiller.
B. Daou