Insécurité grandissante, problème foncier, le bourgmestre de la commune de Niono n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour expliquer, dans un entretien qu’il nous a accordé, le récurrent problème d’insécurité et surtout la délicate question foncière que connait sa commune et dont la cause principale réside dans le conflit de compétence entre les collectivités locales, l’office du Niger et l’Etat.
S’agissant de l’insécurité, le maire Moriba Coulibaly affirme sans détour que la situation géographique de Niono en fait une cible privilégiée pour les terroristes. « Niono est la porte d’entrée du nord, la ville s’ouvre aussi sur la Mauritanie, la preuve de cette insécurité est l’embuscade tendue à un convoi de l’armée suivie récemment de l’assassinat d’un imam à Nampala et d’un enlèvement à Dogofri dans le village de Barquero », a-t-il souligné.
Selon lui, cette insécurité constitue un sérieux handicap pour la campagne agricole dans la zone Office du Niger.
C’est surtout par rapport au délicat problème foncier que le maire a fait part de ses vives préoccupations.
A l’en croire, il y a parfois un conflit de compétence entre les différentes structures en charge des questions foncières.
« Si dans un village, un habitant a besoin d’un terrain à usage d’habitation, il passe par l’Office du Niger qui saisit la mairie, car la terre revient à la mairie. Le maire une fois saisie écrit formellement en donnant son avis sur le terrain en question. Ensuite, le Directeur Général de l’Office donne sa réponse » explique t-il. Avant de souligner que Niono est sur le titre foncier 336 de la zone office du Niger.
« Rien ne peut se faire sans la main levée de l’Office du Niger, les problèmes présentement se situent à ce niveau, le cahier de gérance de l’Office donne l’habitat aux mairies après avis du PDG de l’office du Niger. », confie-t-il.
Le maire Moriba Coulibaly est revenu sur le litige foncier qui l’oppose aux populations de Koyan Ngolobala. A ses dires, le premier acteur reste le PDG de l’Office du Niger car conformément au décret N° 96-188 P-RM du 1er juillet portant organisation de la gérance des terres, toutes les terres du Delta Central du fleuve Niger allant de Ségou à Tombouctou sont affectées à l’Office du Niger. Un cahier de charges élaboré suivant l’arrêté N°96-165/MDRE-SG qui précise les conditions et modalités de cette gestion.
Fort des pouvoirs que ces deux instruments de gestion lui confèrent, le PDG de l’Office du Niger a régulièrement procédé à l’attribution de parcelles aux collectivités municipales installées dans cet espace à leur demande pour raison de logements des populations, explique le maire.
« Les PDG de l’Office ont pensé détenir ces pouvoirs des dispositions des articles N°6 et 7 du décret de gérance et de l’article N°30 de l’arrêté portant cahier de charges. Il se trouve en fait qu’ils ont fait une interprétation erronée de ces dispositions » regretta Moriba Coulibaly.
Selon lui, l’autre conflit de compétence oppose la mairie à la préfecture. A en croire le maire, le préfet ne doit délivrer des documents que pour les concessions rurales et non les concessions urbaines. Il a cité en exemple l’ancien préfet Seydou Traoré qui n’a jamais respecté les règles en la matière. A l’en croire, l’administrateur malgré, ces gaffes coule des jours tranquilles à Bamako
« L’article 6 dit exactement que lorsqu’il est question d’attribution d’une parcelle à une collectivité dans la zone couverte par le décret de gérance, le gouvernement procède d’abord à la désaffection de cette parcelle après avis favorable de la Direction de l’Office » précise-t-il.
Quand à l’article 7 qui semble être la disposition sur laquelle l’Office s’appuie fondamentalement, explique le maire, le bien fondé de son interprétation stipule que l’Office peut confier certaines de ses fonctions aux communes par convention.
Au cours des échanges, le maire n’a pas manqué d’évoquer le différend qui l’oppose à Amadou Koto. En effet, selon lui, il s’agit d’un terrain qui a une superficie de 0,90 hectare. Pour le maire, ce litige relève à présent de la préhistoire car il a été indemnisé.
Le maire est aussi revenu sur le duel à mort qui l’oppose à Diadié Bah, richissime homme d’affaires à Niono.
« C’est le fait que je sois le maire de Niono qui dérange cette famille, sinon pourquoi s’en prendre à ma personne. D’ailleurs, il ne se passe pas une journée sans que je ne sois le sujet principal des critiques sur leur radio », a déploré le maire Moriba Coulibaly.
Badou S. Koba