Les raisons de l’intervention française au Mali résumées en une carte. Or, bauxite, uranium… Et c’est sans compter sur le gros gisement de pétrole découvert il y a peu au Nord du pays. Malgré les beaux discours de Hollande, on a du mal à croire que la Françafrique appartient au passé. Bouygues, Areva et les autres multinationales ont trouvé leur eldorado pour les années à venir !
Voici un article de Stéphane Lhomme, Directeur de l’Observatoire du nucléaire, qui nous éclaire sur les intérêts stratégiques et économiques de la France au Mali. Une guerre pour le plus grand bonheur des multinationales !
À la suite de l’article vous trouverez quelques informations supplémentaires sur le coût de l’intervention, une carte de l’implantation des grandes puissances et de leurs multinationales en Afrique, ainsi qu’une petite réaction d’un de nos camarades au sujet de la guerre impérialiste au Mali.
UNE GUERRE AU MALI ET DE L’URANIUM AU NIGER : DES ISLAMISTES TRÈS UTILES AU POUVOIR FRANÇAIS
Le 11 janvier 2013, l’armée française est intervenue au Mali à la suite de mouvements, vers Bamako, de groupes armés islamistes. Depuis des mois, ces derniers tiennent tout le nord du Mali et se seraient enhardis au point, nous dit-on, de vouloir occuper l’ensemble du pays.
Personne ne niera que ces groupes soient composés d’horribles individus qui, sous prétexte de convictions « religieuses », battent toute personne dont le comportement ne leur plait pas, coupent les mains des voleurs (réels ou supposés), exécutent – en particulier des femmes – pour des broutilles ou même pour rien.
Pour autant, de la même façon qu’au moment de l’intervention militaire contre Kadhafi en Libye, il est insupportable de se retrouver sommé de soutenir une intervention militaire déployée. par ceux qui sont largement responsables de la gravité de la situation.
Qui plus est, qui peut vraiment croire qu’il s’agit d’une opération « pour la démocratie au Mali » ? Cela fait des décennies qu’elle est bafouée dans ce pays par des régimes corrompus. largement soutenus par la France. Alors, pourquoi cette subite urgence « démocratique » ?
De même, qui croira qu’il s’agit de « sécuriser la région » ? En réalité, il s’agit de sécuriser. l’approvisionnement des centrales nucléaires françaises en uranium : ce dernier est en effet extrait dans les mines du nord du Niger, zone désertique seulement séparée du Mali. par une ligne sur les cartes géographiques.
A ce propos, on soulignera l’extrême perversité des ex-puissances coloniales qui ont jadis tracé des frontières absurdes, faisant fi de l’implantation des populations, et créant des pays aux contours bien curieux : le Niger et le Mali sont tous les deux en forme de sablier, une partie sud-ouest contenant la capitale, totalement excentrée et éloignée d’une immense partie nord-est, principalement désertique.
C’est ainsi que, pendant 40 ans, Areva (auparavant la Cogéma) a pu s’accaparer en toute tranquillité l’uranium nigérien dans ces mines situées à 500 kilomètres de la capitale et du fragile « pouvoir » politique nigérien.
Ces dernières années, des groupes armés se sont organisés dans cette région : des Touaregs, dépités d’être méprisés, déplacés, spoliés. Et des groupes plus ou moins islamistes, certains issus des anciens GIA qui ont semé la terreur en Algérie, d’autres contrôlés par Kadhafi, et autonomisés suite à la disparition de ce dernier.
Des salariés d’Areva, cadres dans les sociétés d’extraction de l’uranium, ont été enlevés en septembre 2010 au Niger, transférés au Mali et retenus depuis. Puis, le 7 janvier 2011, deux jeunes français ont à leur tour été enlevés au Niger.
L’Observatoire du nucléaire a été une des rares voix à dénoncer (*) l’opération militaire immédiatement lancée par les autorités françaises. Ces dernières avaient en effet, de toute évidence, décidé de châtier coûte que coûte les preneurs d’otages, quitte à ce que cela se termine dramatiquement pour les deux jeunes otages. qui ont effectivement été tués dans l’opération.
Ces deux jeunes ne travaillaient pas pour l’extraction de l’uranium mais, c’est évident, l’idée était de décourager d’éventuelles prochaines actions contre des salariés d’Areva.
Depuis, les mouvements Touaregs laïques et progressistes ont été marginalisés, en particulier par la montée en force du groupe salafiste Ansar Dine. Puissant et lourdement armé, ce dernier s’est allié à AQMI (Al Qaeda au Maghreb Islamique), faisant courir un risque de plus en plus évident pour les activités françaises d’extraction de l’uranium au nord du Niger.
La France a soutenu avec la plus grande constance les gouvernements corrompus qui se sont succédé au Mali, aboutissant à un délitement total de l’État. C’est probablement cet effondrement qui a amené les groupes islamistes à s’enhardir et à avancer vers Bamako.
De même, la France a maintenu depuis 40 ans le pouvoir du Niger dans un état de faiblesse et de dépendance par rapport à l’ancienne puissance coloniale et son entreprise d’extraction de l’uranium, la Cogéma devenue Areva. Alors que les dirigeants nigériens essaient tant bien que mal de contrôler ce que fait Areva, la France reprend totalement la main avec son intervention militaire.
Les récents mouvements des groupes islamistes n’ont effectivement fait que précipiter l’intervention militaire française qui était en préparation. Il s’agit indéniablement un coup de force néocolonial, même si les formes ont été mises avec un opportun appel à l’aide du Président par intérim du Mali, dont la légitimité est nulle puisqu’il est en place suite à un coup d’État qui a eu lieu 22 mars 2012.
Précisons à nouveau que nous n’accordons pas le moindre crédit aux dangereux fondamentalistes qui sont aussi des trafiquants de drogue et d’armes et n’hésitent pas à blesser et tuer.
Par contre, nous refusons la fable de l’intervention militaire « pour la démocratie ». Ce prétexte a déjà beaucoup servi, en particulier lorsque les USA ont voulu mettre la main sur des réserves pétrolières, et le voilà encore de mise parce que la France veut assurer l’approvisionnement en uranium de ses réacteurs nucléaires. Notons d’ailleurs que, à 27 000 euros l’heure de vol d’un Rafale, le tarif réel du courant d’origine nucléaire est encore plus lourd que ce que l’on pouvait craindre…
En conclusion, il est une nouvelle fois démontré que l’atome, et la raison d’Etat qui l’entoure, ne nuit pas seulement à l’environnement et aux êtres vivants mais aussi à la démocratie.
Stéphane Lhomme, Directeur de l’Observatoire du nucléaire
LE COÛT DE LA GUERRE
En l’état actuel, les forces engagées au Mali coûtent 400’000 euros par jour. Une dépense qui va devoir, pour raison d’enlisement, être rapidement revue à la hausse en doublant au moins les effectifs engagés… Bref, d’un côté on nous fait comprendre qu’il faut se serrer la ceinture, parce que c’est la crise, et de l’autre on ne rechigne pas à dépenser sans compter pour mener une guerre au seul profit des grandes multinationales. Soutenons le peuple Malien victime du néocolonialisme et balloté au grès des intérêts étrangers. Du fric pour le service public et l’emploi, pas pour les bombes ! Leur guerre n’est pas la notre, qu’il s’en aillent tous !
L’IMPLANTATION IMPÉRIALISTE EN AFRIQUE
L’impérialisme en Afrique
RÉACTION D’UN CAMARADE SUR LA GUERRE AU MALI
Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je commence à avoir ma dose de propagande militaire et coloniale que toute la presse française unanime nous sert tous les jours. Vive la guerre fraîche et joyeuse pour libérer les pauvres maliens du joug des méchants terroristes islamistes ! On dirait que les articles des médias sont directement fabriqués dans les bureaux du ministère de la défense. Et l’union nationale ! Et ces pauvres maliens qu’on voit agiter des petits drapeaux français (qui leur a fourni au fait ?) le long des routes et chanter les louanges des libérateurs. Je ne veux pas dire que ça n’existe pas, mais pas un mot sur les manifestations à Bamako contre l’intervention militaire française, pas un mot sur les pétitions qui circulent contre cette intervention, ni sur les déclarations de certaines personnalités maliennes. Pas un mot sur les motifs réels de l’intervention militaire là-bas: les ressources minières du Mali et notamment l’or dont Bouygues tire profit. Une intervention probablement aussi pour remettre au pas les militaires maliens qui avaient tenté il y a peu de se débarrasser de la marionnette mise en place par les autorités françaises et à qui en conséquence la France avait coupé l’approvisionnement en armes ce qui avait permis la percée militaire des islamistes. Une intervention aussi pour remettre plus clairement la main sur la région contre la Chine et notamment le Niger voisin et son uranium si utile à la filière française des centrales nucléaires d’Areva, Alstom, Bouygues et quelques autres. Une intervention contre toute l’Afrique de l’Ouest, la France obligeant ses autres marionnettes locales à envoyer des troupes sous ses ordres, Burkina Fasso, Tchad, Côte d’Ivoire… Et peut-être même une intervention contre l’Algérie pour limiter ses prétentions de puissance régionale en aidant les régimes ou les mouvements qui voudraient un tant soit peu résister à la France ( ou aux USA, etc).
Et puis il y a le grand débat qui m’énerve plus que tout: y a-t-il un risque d’enlisement comme en Afghanistan ? Autrement dit, est-ce que des soldats français vont mourir, et est-ce que ça va coûter cher au contribuable français ? Mais si l’armée française gagne rapidement, là pas de problème. Une intervention coloniale pour défendre des capitalistes qui pillent la région, pas de problème. Le Niger est le pays le plus pauvre du monde. Le Mali doit pas être bien loin, mais là pas de problème. Il y aura problème quand ces pauvres gens fuyant la guerre et la misère viendront échouer en boat-people sur nos côtes et qu’on les renverra chez eux avec forces déclarations racistes…
Et les méchants terroristes islamistes ! Non pas que je les défende, mais qui les finance et les arme ? Notre allié le Qatar en ce qui concerne le Mali et plus généralement le gentil régime saoudien tous deux intouchables, bien sûr. Sans parler des USA ou d’Israël qui ont financé Al Quaïda ou le Hamas.