Le réseau de communication Kayira, en collaboration avec la Fondation Rosa Luxemburg, a tenu du 14 au 16 août 2015 la 4ème édition des assises de la Gauche malienne. Ces assises ont regroupé les organisations paysannes et certains syndicats. Le thème était : «Les organisations paysannes, les partis et mouvements de Gauche du Mali : quelles perspectives dans un contexte d’accaparement des terres par la bourgeoisie nationale et l’impérialisme ?».
À la clôture des travaux, le dimanche 16 août 2015 au Centre de formation de Niamana, le Directeur général du réseau de communication Kayira, Dr. Oumar Mariko, a animé une conférence de presse pour partager les conclusions des assises et la vision de l’organisation de la Gauche. Pour le conférencier, l’expérience socialiste que le Mali a connue en 1960 a été fortement critiquée par ceux qui l’ont assumée et qui s’en sont ensuite démarqués à un certain moment de notre histoire. Cette histoire, dit-il, se confond avec la mondialisation qui est venue asseoir la pensée unique.
Le conférencier a indiqué que cette pensée unique déclarait qu’on était à la fin des idéologies. «C’est une vision étriquée de ce qu’est la Gauche. Tant que les hommes vivront, tant que les classes sociales existeront, tant qu’il y aura des exploités et des exploiteurs, tant qu’il aura le capitalisme, les idées de Gauche ne pourront jamais disparaître. La finalité de l’humanité, ce sont les idées de Gauche», a déclaré le Directeur général du réseau de communication Kayira.
Pour Oumar Mariko, le fait d’inviter les organisations paysannes et certains syndicats à ces assises est une manière pour eux de pouvoir faire la distinction entre Gauche et Gauche. Il a souligné qu’une véritable Gauche, dans notre pays, ne peut pas accepter que les paysans restent dans la situation de sous-équipement chronique, d’une baisse chronique de la productivité et de l’accaparement des terres au profit des riches nationaux et internationaux. «Nous voulons faire comprendre que l’agro-business ne liquide pas l’agriculture familiale. Nous ne faisons pas que la promotion de l’agriculture familiale. Nous voulons le développement d’une agriculture populaire qui puisse assurer l’autosuffisance alimentaire par l’accroissement de la productivité. On ne peut pas se réclamer de Gauche et croiser les bras pour voir les paysans dépossédés de leurs terres. Tout parti politique ou tout homme de Gauche, qui ne se bat pas pour que la terre appartienne aux paysans, pour que les conditions des paysans changent ou pour développer la paysannerie, n’est pas de Gauche», a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, selon Oumar Mariko, dans les coins du Mali, les paysans sont sujets à l’accaparement et à l’expropriation de leurs terres. À l’en croire, «aujourd’hui, le marché foncier a pris la place d’un Etat qui socialisait et qui aidait la coopération paysanne. Les terres maliennes font l’objet de plusieurs convoitises nationales et internationales», a-t-il déclaré.
«Nous, en tant que Gauche, pensons qu’être de Gauche, c’est s’engager dans la défense de la souveraineté nationale, de l’autosuffisance alimentaire en rendant la terre aux paysans. Nous devons aussi refusé, en tant que Gauche, les ingérences extérieures. Pour nous, la Gauche, c’est la monnaie nationale qui est un instrument important d’indépendance. Sans oublier une armée nationale, un système éducatif tourné vers les besoins fondamentaux de développement de notre pays», a-t-il martelé.
Pour Oumar Mariko, les paysans sont confrontés aujourd’hui à plusieurs difficultés. Il s’agit de l’ingérence négative de l’Etat dans les organisations paysannes ; du sous-équipement des paysans et de la problématique des engrais agricoles.
Diango COULIBALY