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Situation sécuritaire-mauvaise gouvernement-chaos économique-tutelle internationale: Le Mali abandonné à son sort
Publié le jeudi 20 aout 2015  |  L’aube
Premier
© aBamako.com par A.S
Premier conseil des ministres du gouvernement Modibo KEITA
Le Conseil des Ministres s`est réuni en session ordinaire, le mercredi 14 janvier 2015 dans sa salle de délibérations au Palais de Koulouba sous la présidence du Président de la République, Monsieur Ibrahim Boubacar KEÏTA.




Ayons l’honnêteté intellectuelle et le courage patriotique de le reconnaître et de le réciter : le Mali, notre Maliba, est au bord du précipice. Ce pays à l’histoire millénaire vogue aujourd’hui dans une situation sécuritaire généralisée très précaire, une crise économique et financière sans précédent engendrée par une mal gouvernance endémique, un front social qui couve, et une forte demande sociale sans la moindre piste d’offre. Toutes choses qui placent le Mali sous tutelle internationale de la Minusma, du Fmi, de la Banque mondiale…sans espoir d’envisager l’« indépendance » à moyen terme.

Ce saut dans l’abime est de la responsabilité de tous ; aussi bien les autorités et la majorité présidentielle que l’opposition, la société civile et le peuple lui-même.
Comme dans une démission collective chorégraphiée, toutes ces parties prenantes assistent, si elles n’admirent, à l’effondrement d’un pays sans gouvernail qui fonce droit sur un rocher. Pour se DESAGREGER ? Inéluctablement.
C’est de la lapalissade que de dire que le Mali traverse la plus grave crise de son existence. Le pays se trouve plongé dans un état de dénuement qu’aucun vocable ne saurait qualifier avec exactitude.

Un tour d’horizon de la situation d’ensemble du pays donne tout simplement le tournis, car le Mali semble avoir tout perdu ou presque : son intégrité territoriale (sérieusement menacée par un risque élevé de partition avec le cas de Kidal sous protection française), son indépendance économique et financière (compromise par plusieurs signaux sociaux et la dépendance à Bretton Woods); son indépendance politique (mise par l’absence par l’absence d’un Etat fort). Si la responsabilité première incombe au chef suprême de la magistrature, garant de la souveraineté nationale, Ibrahim Boubacar Kéïta, « NOUS SOMMES TOUS COUPABLES » à l’image du film de notre regretté Issa Falaba Traoré réalisé en 1980.

De la société civile aux partis politiques de l’opposition et de la majorité, en passant par l’armée jusqu’au citoyen lambda, tout le monde semble résigné au sort qui frappe le pays et le peuple tout entier. Personne ne joue sa partition pour sortir le pays de cette mauvaise passe.

IBK, premier coupable !
Plébiscité en juillet 2013 avec près de 78% par les Maliens comme étant l’Homme de la situation, le président Ibrahim Boubacar Kéita se devait doublement de sauvegarder les précieux acquis légués par la Transition (notamment le retour à l’ordre constitutionnel et le recouvrement de l’intégrité territoriale), et entreprendre le redressement économique. Deux chemins qui passent incontestablement par la rigueur dans la gestion du dossier du Nord et la bonne gouvernance. Or, ce furent, et ce sont encore, les plus grands péchés d’Ibrahim Boubacar Kéita qui a plongé le Mali dans l’abîme. Comment ?

Avec une mauvaise gouvernance instaurée comme mode de gestion des affaires publiques et une conduite complaisante du dossier du Nord du Mali, le président IBK répond, en premier et dernier ressorts, de la responsabilité de ce qui arrive à son pays aujourd’hui : la CHUTE.
Aussitôt intronisé en septembre 2013, le président de la République installe la famille, les amis, les alliés, les affidés et quelques rares compétences dans les hautes sphères de l’Administration malienne où ils agissent comme dans une Cour royale.

Les principes de l’Etat unitaire sont foulés au pied. Les ressources humaines de qualité sont mises à l’écart, d’autres compétences se retirent ou se rétractent pour ne pas être témoins du pire. Avec comme corollaire les détournements des deniers publics, les surfacturations, les malversations à ciel ouvert. La conséquence, c’est la déliquescence de l’appareil d’Etat. Aujourd’hui, personne ne sait qui fait quoi au sein de l’Administration malienne avec des nominations contre-nature, des brimades, une injustice à peine voilée et une chasse aux sorcières qui ne dit pas son nom. Conclusion : l’Administration malienne agonise si elle n’est pas morte !

Deuxième responsabilité d’IBK : à la place du redressement économique attendu pour soulager la souffrance des Maliens (qui se réjouissaient d’être extirpés d’une crise engendrée par le coup d’Etat du 22 mars 2012), le président ouvre une vanne de dépenses qui absorbe les ressources financières qui auraient dû être injectées dans le développement et la gestion du quotidien des Maliens. Cet argent a été alloué à l’achat d’un avion présidentiel (entre 16 et 21 milliards de FCFA selon les sources) et à un contrat d’équipements militaires (entre 69 et 108 milliards de FCFA).

Ces fonds détournés de leur vraie destination ont installé une crise financière et économique sans précédent (avec les sanctions du Fmi et de la Banque mondiale) qui a autant paralysé l’administration qu’assommé les Maliens. Ceux-ci sont toujours dans ce trou creusé par le chef de l’Etat.

Enfin, troisième responsabilité d’IBK et non la moindre : la menace de partition du pays si celle-ci n’est pas tout simplement consommée. Certains le disent haut et fort : le Mali a perdu le nord du Mali. En effet, le président Ibrahim Boubacar Kéïta a offert Kidal (une ville remise dans le giron malien par Dioncounda Traoré sous la Transition, avec un gouverneur et une administration complète, plus le drapeau malien qui flotte partout) aux rebelles sur un plateau d’or, en cautionnant la visite de l’ancien Premier ministre Mara du 17 mai 2014, un épisode douloureux qui a couté tant de vies civiles et militaires.

Au-delà de Kidal, c’est la quasi-totalité des régions du nord qui sont sous le contrôle ou la menace des rebelles, terroristes et djihadistes. Ceux-ci étendent leurs tentacules jusqu’au centre et au sud du pays en instaurant une insécurité chronique dans les régions de Ségou, Mopti, Sikasso, Koulikoro, Kayes et dans le District de Bamako. Attaques, attentats et attentats-suicides, pose de mines antichar et antipersonnel, braquages, enlèvements d’animaux, assassinats et autres formes de violences constituent le lot quotidien du vécu des populations du
Macina, du Mena, du Farimaké, du Guimballa, du Séno, du Kounari, du Kaarta, du Kénédougou, du Bélédougou, du Khasso, du Méguétan, de la cité des 3 caïmans etc. Les habitants de toutes ces zones géographiques vivent en ce moment dans une peur bleue de se retrouver à tout moment en face d’un danger imparable signé les rebelles ou les terroristes.
Que dire de l’Accord d’Alger pour la paix et la réconciliation au Mali signé au forceps par le gouvernement malien sous l’impulsion du président de la République? Sinon qu’il est inapplicable et ouvre les portes à toutes les (més)aventures possibles.

Société civile, deuxième coupable !
Face à un tel tableau, extrêmement sombre, les Maliens de tous les bords donnent l’impression de croiser les bras et de laisser le destin suivre son cours. C’est le cas notamment de la société civile, considérée comme complice majeure dans la gestion catastrophique du président Ibrahim Boubacar Kéita.

La société civile, aujourd’hui encore plus qu’hier, n’a jamais joué son véritable rôle. Au contraire, elle courtise le pouvoir, le caresse dans le sens du poil même quand il ne le faut pas. Quand ça va, elle est toujours au chevet de l’Etat ; mais quand ça chauffe, elle devient muette comme carpe. Elle a poussé le bouchon jusqu’à effectuer des missions à l’extérieur (faire des promenades de santé ?) pour le compte de l’Etat, des missions vides de tout contenu. Le pays est laissé à son sort.

D’ailleurs, peut-il en être autrement si l’on sait qu’avant la présidentielle de juillet 2013, des leaders des organisations de la société civile ont affiché ouvertement leur soutien au candidat du Rassemblement pour le Mali, vantant partout les capacités d’Ibrahim Boubacar Keïta à sortir le Mali de la crise sécuritaire, politique et économique qu’il traversait.

C’est pourquoi, quand la réalité a éclaté au grand jour sur le vrai visage d’IBK, moult Maliens se demandent où sont passés les leaders religieux qui assiégeaient les mosquées en les transformant en tribune politique en faveur d’IBK ? Réponse : ils se sont terrés pour maquiller leur complicité dans la mauvaise gouvernance du régime d’IBK.
Sous la Transition, le FDR n’a-t-il pas fait ses preuves pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel ?

Pourquoi la société civile malienne sous IBK n’est pas à l’image de celle d’ailleurs ? C’est à dire une force qui appuie les efforts de développement du pays et de bonne gouvernance de l’Etat, mais aussi une force de contre-pouvoir quand l’Etat dérape. Exemple concret : aujourd’hui, notre doit sortir de sa cachette pour interpeller les gouvernants sur la souffrance des populations ; sur l’insécurité généralisée ; sur la situation sécuritaire d’ensemble.
Nous envions aujourd’hui le Burkina Faso et le Sénégal (pour ne citer que ces deux voisins) en matière de rôle de la société civile. La nôtre

Opposition et majorité, troisième coupable !
On ne s’étendra nullement sur la responsabilité de la majorité présidentielle dans les malheurs qui arrivent au Mali et aux Maliens : elle est actrice et comptable des actes du président de la République, du gouvernement et de l’ensemble des institutions de la République. Les partis alliés du pouvoir sont parties prenantes de la faillite de l’Etat et de ses conséquences.

Par contre, la responsabilité de l’Opposition politique est doublement interprétée par les Maliens.
Pour certains, l’Opposition malienne a fait le juste choix politique d’être REPUBLICAINE et DEMOCRATIQUE. Par conséquent, elle se défend de verser dans un radicalisme aveugle qui mène plus au bouleversement social qu’à la construction nationale. Ce qui, cependant, ne lui ôte guère le droit à la critique et à la condamnation, comme elle le fait d’ailleurs depuis l’avènement du régime d’IBK.

D’autres concitoyens ne sont pas de cet avis. Pour eux, si l’Opposition n’est pas aussi coupable que le pouvoir dans le chaos actuel, sa part de responsabilité semble être suffisamment établie. Ils lui imputent quatre niveaux de responsabilité : sa passivité face à la situation politico-sécuritaire du pays ; son indifférence face au marasme économique et aux souffrances des citoyens dépourvus jusqu’au minimum vital ; son inactivisme avéré face aux dérives du régime ; son incapacité à gérer ses dissensions internes.

Les défenseurs de cette thèse attendaient de l’Opposition l’image d’une force de résistance et de proposition et une plus grande animation sociopolitique. Bref, un véritable contre-pouvoir dans le respect de l’esprit républicain et démocratique dont elle se réclame.

A leur avis, le choix d’inscrire leur action dans un cadre républicain et démocratique, ne devrait pas justifier l’absence de l’Opposition sur la scène politique, et son silence face à l’état de la nation caractérisé par une situation sécuritaire précaire, une gouvernance sans repère, un marasme économique et une crise financière sans précédent, et un accord qui compromet le caractère unitaire de l’Etat, l’unicité de la nation, l’intégrité du territoire etc.
Au-delà d’IBK, du gouvernement, de la société civile et de l’Opposition, le peuple malien n’est pas sans reproche dans l’état de la nation actuel.

Nous terminons analyse par cette réflexion de Sory Ibrahim Sakho, titulaire d’un troisième cycle en Droit de l’université de Paris XIII : « La gravité de la situation ne doit plus laisser la place à du bling-bling de la part de nos gouvernants et l’heure doit être à l’union sacrée et au recueillement, aux prières et par-dessus tout au travail bien fait.

Il ne faut pas se leurrer, notre armée est à l’image de notre pays qui s’est effrité petit à petit: effritement au niveau de la famille, effritement au niveau de l’école de la république, le plus gros scandale de ces 20 dernières années, du niveau de l’élève malien; effritement lorsque les plus méritants ne sont pas récompensés de leurs efforts, effritement lorsque la médiocrité a pris le pas sur la compétence et la rigueur morale et a été érigée en modèle; scandale lorsque l’exception devient la règle et lorsque la corruption, le népotisme, l’affairisme, le clientélisme, les détournements de fonds publics, le vol organisé, la délinquance foncière, la facilité et l’impunité ne sont plus un problème et ont gangrené les esprits… ».

Sékou Tamboura
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