La signature des arrangements sécuritaires et l’accord n’ont pas permis de taire les armes au Mali. Les canons continuent de tonner chaque jour avec son corolaire de morts d’hommes, comme si aucun accord n’avait été scellé entre les parties. Des parties à l’accord l’ont plusieurs fois violé allègrement, et se rejettent la responsabilité. Jusque là aucun leadership n’a su garantir la paix, par l’application des règles consenties par les parties. Ni l’Etat souverain du Mali, ni l’ONU à la rescousse de notre pays, n’ont pu traduire dans la réalité, la paix tant recherchée par les Maliens. Les récents évènements survenus dans le cercle de Kidal, des affrontements sanglants entre la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et la plateforme, permettent d’édifier sur la remise en cause de l’accord issu des pourparlers inter Maliens. Avec la reprise des hostilités, l’intensité de la demande des parties à appliquer l’accord a fortement baissé, et les parties n’agissent pas dans le sens de l’apaisement.
Alors qu’elle a souvent exprimé son empressement à voir la mise en œuvre de l’accord commencer, la CMA a, dans un communiqué rendu public hier, « demande à la MUNISMA de lever expressément et dans les meilleurs délais toutes les zones de sécurité établies sur le territoire de l’Azawad à Tabankort, Anafif, Menaka, Goundam, Ber, Tombouctou, Gao, Kidal et ailleurs et de laisser le soin à toutes les parties de régler leurs différends ». Cette situation ne traduit pas une logique de dialogue politique recommandé par l’accord de Ouagadougou du 18 juin 2013.
La forte dégradation de la situation sécuritaire, avec des circonstances aggravantes, liées à la violation des arrangements sécuritaires, a conduit la Minusma à instaurer le 17 août 2015, une zone de sécurité de 20 km autour de la ville de Kidal. A cet effet, la Coordination des Mouvements de l’Azawad, dans son communiqué a demandé à la MUNISMA « de lever expressément et dans les meilleurs délais toutes les zones de sécurité établies sur le territoire de l’Azawad à Tabankort, Anafif, Menaka, Goundam, Ber, Tombouctou, Gao, Kidal et ailleurs et de laisser le soin à toutes les parties de régler leurs différends ». Ce qui ne traduit pas une bonne disposition à poursuivre le processus de paix et de réconciliation du Mali.
Pour la CMA, « depuis la signature de l´accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du « processus d´Alger, les milices pro gouvernementales, usant des moyens et de la logistique de l’Etat, tentent de reconquérir des nouvelles positions, tenues depuis le cessez-le-feu du 23 mai 2014, par la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) en violation flagrante des arrangements sécuritaires et des termes de l’Accord de Paix signé les 15 Mai et 20 Juin 2015 ». La CMA indique que « cette attitude belliqueuse vise délibérément à remettre en question l’accord d’Alger dans sa globalité et tous les engagements pris par les différentes parties ». La CMA étant une partie non négligeable à l’accord, sinon la principale partie sans laquelle, il n’y a pas d’accord, il est fort à craindre une remise en cause du processus de dialogue politique.
D.Daou