Drôle de coïncidence ! A chaque fois qu’on fixe la date des élections communales, le régime suspend le maire du District, Adama Sangaré, de ses fonctions. Fidèle à cette volonté de nuisance à l’édile, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a pris, ce lundi 17 août, l’arrêté n°2015 2808/MATD-SG portant suspension de fonction du maire du district de Bamako pour une durée de 3 mois.
Célèbre de par son flair politique, Adama Sangaré suscite la crainte chez plusieurs responsables politiques du Mali, d’où des acharnements récurrents à son encontre.
En effet, le 19 mai 2015, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation,
Abdoulaye Idrissa Maïga, a adressé au maire du District la lettre d’explication n° 00947 avec comme objet: «Dossier ‘’parcelles du lotissement de Faladié Est’’ en commune VI de Bamako». Ladite correspondance demandait de faire parvenir au Département de l’administration territoriale, au plus tard le 1er juin 2015, toutes les pièces administratives du lotissement de Faladié Est, objet de la décision n°001094/M-DB du 02 juin 2014 portant régularisation de parcelles dans le lotissement de ladite zone. Malgré les informations fournies par le Maire Sangaré, le Ministre Maïga prit l’arrêté n°2015 2808/MATD-SG portant suspension de fonction du maire du district de Bamako. Le présent arrêté indique que «Monsieur Adama Sangaré, Maire du district de Bamako, est suspendu de ses fonctions pour une durée de 3 mois pour fautes graves contraires aux devoirs de sa charge. Notamment en organisant le lotissement (Faladié Est Nord) d’un terrain n’appartenant pas à la mairie du District, immatriculé et attribué aux aéroports du Mali».
A en croire l’entourage du Maire Adama Sangaré, c’est dans son acharnement contre les maires qui ne sont pas du même bord politique que lui que le ministre de l’Administration territoriale a pris cette décision. Sinon, explique-t-on, la parcelle en question ne doit faire l’objet d’aucune polémique. Car, le maire n’a juste fait qu’accéder à la demande de régularisation de ce champ occupé par un vieux depuis plus de 30 ans. Un haut magistrat d’ajouter que le ministre est en porte-à-faux avec la loi.
En tout cas, le Maire Adama Sangaré entend se battre pour en finir avec cet acharnement politique et cette injustice qui n’a que trop duré. Pour ce faire, il a constitué un pool d’avocats pour assurer sa défense. Il s’agit des Maîtres Harouna Toureh, David Sogoba et Mahamadou Traoré. Ses conseils déposeront, dès ce matin devant la Section administrative de la Cour Suprême du Mali d’abord une requête aux fins de sursis à exécution de la mesure de suspension de trois mois et une autre requête aux fins d’annulation pure et simple de l’arrêté n°2015 2808/MATD-SG portant suspension de fonction du maire du district de Bamako.
Entre temps, une équipe a été envoyée pour faire la levée topographique pour confondre davantage le ministre Maïga qui se fait de plus en plus découvrir. Car, rappelons-le, il a pris un arrêté controversé du genre à l’encontre du maire de la commune urbaine de Gao, Sadou Harouna Diallo. A telle enseigne que les forces vives se sont mobilisées pour rappeler à l’ordre le ministre de l’Administration territoriale. Indignées par cette décision destructrice, elles ont adressé une correspondance au Premier ministre Modibo Keïta dans laquelle elles dénoncent un règlement de compte. Et demandent la levée pure et simple de la sanction dans un bref délai.
Rappelons que c’est la énième fois qu’Adama Sangaré fait l’objet de cabale. Après avoir séjourné dans la prison de Koulikoro avant d’être acquitté faute de preuve, il avait été suspendu en juin 2014 par arrêté n° 2014-1664/MDV-SG du 6 juin 2014. Motifs évoqués à l’époque: la violation de la loi par l’occupation des servitudes des marigots. Aujourd’hui, il s’agirait d’un lotissement à Faladié.
Mais les observateurs politiques concluent que l’objectif visé par ces décisions à la veille des élections est d’écarter les maires adémistes qui occupent les mairies de Bamako. Cela, afin de baliser le terrain pour les partisans des nouveaux maîtres du pays. En résumé, affirment-ils, ces décisions ne relèvent que de l’acharnement.
Oumar KONATE