La décision de la MINUSMA d’établir une zone de sécurité de 20 km autour de la région de Kidal à la suite des affrontements d’Anéfis entre la Plateforme et la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) ne fait pas l’unanimité. Le gouvernement de la République du Mali désapprouve dans des termes diplomatiques cette décision de la mission onusienne et l’exhorte à rester dans son rôle de protection des populations.
Les mouvements de la Plateforme déclarent ne pas reconnaître la zone établie. La CMA, dans un communiqué en date du 19 août, « demande à la MUNISMA de lever expressément et dans les meilleurs délais toutes les zones de sécurité établies sur le territoire de l’Azawad à Tabankort, Anafif, Ménaka, Goundam, Ber, Tombouctou, Gao, Kidal et ailleurs et de laisser le soin à toutes les parties de régler leurs différends». La médiation internationale, membre du Comité de suivi et garante de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, tente d’apaiser le jeu.
Nous vous proposons ici le communiqué polémique de la mission onusienne, ceux de la réplique du gouvernement, de la médiation internationale et l’UA et l’Ambassade des Etats Unis au Mali.
La MINUSMA met en place une zone de sécurité !
La MINUSMA réitère sa ferme condamnation des affrontements armés qui opposent la Plateforme et la Coordination des Mouvements de l’Azawad depuis le 15 août dernier, y compris la prise d’Anefis aujourd’hui par des éléments de la Plateforme. Ces actes constituent une violation flagrante du cessez-le-feu et de l’Accord de Paix.
La MINUSMA exhorte les parties à immédiatement cesser les combats et à retourner sur les positions qu’elles occupaient avant le 15 août 2015.
La MINUSMA est déterminée à assumer ses responsabilités en ce qui concerne la protection des populations civiles.
Dans ce cadre, et pour parer à toute éventualité d’une extension des combats qui pourraient affecter la population de la ville de Kidal, la MINUSMA annonce les mesures suivantes :
– Une zone de sécurité de 20 km autour de la ville de Kidal entrera en vigueur à partir de demain mardi 18 août à 8h00, et le restera jusqu’à nouvel ordre.
– Tout mouvement à l’intérieur de cette zone de sécurité par des éléments de la Plateforme, ou affiliés à la Plateforme, seront considérés comme constituant un danger imminent pour la sécurité de la population de la ville de Kidal
– En cas de violation de cette zone de sécurité par des éléments de la Plateforme, ou affiliés à la Plateforme, la MINUSMA agira en conséquence conformément à son mandat.
Par ailleurs, et en parallèle, des enquêtes seront conduites pour déterminer les responsabilités en matière de violation du cessez-le-feu et les conclusions seront partagées avec le Conseil de sécurité.
Bamako le 17 août 2015
Le Gouvernement du Mali dénonce un «traitement inéquitable»
Le Gouvernement de la République du Mali a pris connaissance du communiqué produit par la MINUSMA le lundi 17 août 2015 au sujet des affrontements meurtriers qui se sont déroulés dans la zone de Tagalot.
Le Gouvernement note, qu’à la suite du communiqué qu’il a lui-même diffusé le dimanche 16 août 2015, dans lequel il a condamné la violation de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, la MINUSMA à son tour dénonce la violation de l’Accord par des acteurs qui l’avaient pourtant signé.
Le Gouvernement s’en félicite et note également la décision de diligenter une mission d’enquête afin d’établir les responsabilités pour que puissent s’appliquer effectivement les sanctions conséquentes.
Toutefois, par rapport à la détermination d’une zone de sécurité autour de la ville de Kidal, le Gouvernement exhorte la MINUSMA à rester dans son rôle de protection des populations, et de toutes les populations, dans toutes les zones exposées, à l’instar de Kidal, aux mêmes risques d’insécurité.
En la matière, tout traitement inéquitable produira des effets pervers nuisibles à la recherche de la paix et de la concorde.
Le Gouvernement lance un appel à tous les acteurs impliqués dans ces douloureux événements à ne jamais perdre de vue l’intérêt supérieur des populations maliennes. Il les invite à s’associer aux forces internationales présentes sur le terrain, pour que rien ne puisse nous éloigner de la paix dans notre pays profondément soucieux de son intégrité territoriale, de son unité nationale et de la forme républicaine et laïque de l’Etat.
Le Gouvernement de la République du Mali poursuivra le dialogue avec l’ensemble de ses partenaires et les invite, tous, à une lecture objective de la situation.
Bamako le 18 août2015
La Médiation internationale joue à l’apaisement
La Médiation internationale, membre du Comité de suivi et garante de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, condamne fermement les violences en cours depuis le samedi 15 août dans la région de Kidal. Elle exprime sa vive préoccupation quant au fait que ces affrontements armés soient le fait de parties signataires de l’Accord signé les 15 mai et 20 juin 2015 et constituent donc une violation flagrante de ce même Accord. Considérant que ces affrontements constituent une grave entrave à la mise en œuvre de l’Accord et représentent une menace pour la paix et la stabilité du Mali ainsi que pour la vie des populations maliennes, la Médiation internationale appelle la Plateforme et la Coordination des mouvements de l’Azawad à l’arrêt immédiat et sans condition des affrontements, ainsi qu’au rétablissement, sur le terrain, de la situation prévalant au moment de la signature de l’Accord.
La Médiation internationale apporte tout son soutien aux efforts de la MINUSMA en vue de ramener le calme sur le terrain, ainsi qu’à ceux déployés par le Gouvernement malien, en concertation avec les partenaires du Mali, aux fins de ramener les belligérants au strict respect de leurs engagements. Conformément à l’Article 54 de l’Accord, elle appelle également les Nations unies et l’Union africaine à contribuer, dans les meilleurs délais, à la clarification des responsabilités, y compris en diligentant une enquête, et à prendre, le cas échéant, des mesures contre tous ceux qui entraveraient la mise en œuvre des engagements contenus dans l’Accord.
La Rédaction
L’UA appelle à la retenue et au respect scrupuleux de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali
La Présidente de la Commission de l’Union africaine (UA), Dr. Nkosazana Dlamini-Zuma, est profondément préoccupée par l’évolution de la situation sécuritaire au Nord du Mali. Elle condamne fermement les affrontements intervenus récemment entre mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, en violation flagrante des engagements pris.
La Présidente de la Commission souligne que cette situation porte en elle le risque d’une remise en cause des avancées remarquables enregistrées dans la recherche d’une solution durable à la crise malienne. Elle appelle toutes les parties à faire preuve du sens des responsabilités qu’exige la situation et à se conformer scrupuleusement à leurs obligations, y compris en œuvrant à la restauration effective de l’autorité de l’État comme prévu dans l’Accord.
En réponse à la demande faite par la Médiation dans son communiqué du 18 août 2015, et conformément à ses responsabilités en tant que l’un des Garants de l’Accord pour la paix et la réconciliation, l’UA consultera les Nations unies aux fins de diligenter une enquête sur les incidents de ces derniers jours, en vue de permettre la prise de mesures requises.
L’Ambassade des États-Unis au Mali condamne
L’Ambassade des États-Unis au Mali condamne toute violation de l’accord de cessez-le-feu en cours L’Ambassade des États-Unis au Mali condamne les affrontements qui ont lieu depuis le 15 août dans la région de Kidal entre des membres armés de la Plateforme et de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA). Ces affrontements constituent une violation de l’accord de cessez-le-feu en cours et de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation Nationale au Mali.
Nous appelons toutes les parties à cesser les hostilités, à relâcher les prisonniers, et à se conformer aux termes de l’accord de paix. Il ne faut pas permettre à cet incident de compromettre les efforts conjugués en cours pour la mise en œuvre de l’accord de paix. Un retour à la violence ne conduira pas à un Mali sûr et sécurisé; seuls un dialogue constant et un large accompagnement du processus de mise en œuvre pourront assurer une paix juste et durable pour tous les Maliens.