Dans le règlement d’une crise, il y a des moments où la «boite aux surenchères » tourne à plein régime. Mais de là à confondre surenchère et arrogance, il y a un pas à ne point franchir.
Le Mali traverse un de ces moments avec les derniers évènements survenus dans la région de Kidal, une ville malienne occupée par une horde de bandits. Ceux-ci défient la République.
Ces bandits, regroupés dans une coordination appelée CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad), viennent de se signaler à l’attention de l’opinion par leur arrogance et mépris à l’endroit du Mali et de son peuple.
Non content de soumettre l’Etat à un perpétuel chantage, les rebelles de Kidal sont revenus à la charge, la semaine dernière, en publiant un communiqué au ton guerrier, qui s’adressait plus aux autorités maliennes qu’à la Minusma.
Teneur : «la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) informe l’opinion nationale et internationale, ainsi que les différentes parties composant la médiation internationale et les partenaires du processus d’Alger que depuis la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, les milices pro gouvernementales usant des moyens et de la logistique de l’Etat tentent de reconquérir de nouvelles positions tenues depuis le cessez-le-feu… ».
La CMA poursuit : «cette attitude belliqueuse vise délibérément à remettre en question l’Accord d’Alger dans sa globalité et tous les engagements pris par les différentes parties… ».
Et la Coordination lance, enfin, cette menace : «la Coordination des Mouvements de l’Azawad qui condamne la formation, l’armement et l’utilisation des milices, est déterminée à prendre ses responsabilités face à l’histoire, en protégeant les populations de l’Azawad et en créant les conditions de vie meilleure… ».
Cette déclaration de la Cma permet de cerner des réalités.
1) les rebelles de Kidal, conscients de la faiblesse de l’Etat malien, continuent à faire du chantage leur mode d’action, en plus de la violence.
2) Le régime en place qui a presque tout cédé à la CMA, n’a plus ni les moyens, encore moins les arguments pour dissuader les groupes armés.
3) La communauté internationale à travers la Minusma devient chaque jour spectatrice (complice ?) de la partition de fait du Mali. La mission onusienne impose Kidal comme «zone d’exclusion», interdite aux Maliens.
4) Le peuple malien, l’élite malienne, la société civile malienne, les partis politiques, semblent, tous cautionnés cette partition qui risque finalement de nous conduire à l’imparable : «la Soudanisation» du Mali.
En attendant, les rebelles peuvent, à la fois, continuer à insulter les Maliens et à faire preuve d’arrogance. Car en face, il n’y a aucune résistance. L’Etat malien ayant capitulé. Triste réalité !
C.H. Sylla