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Le Président de la République aux militaires du camp Tièba Traoré de Sikasso: «Tout a été fait pour nous tordre la main, pour nous empêcher de vous équiper. Et vous serez équipés, ou alors notre vie n’aura pas de sens».
Publié le lundi 24 aout 2015  |  Le 22 Septembre
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Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA




marge de sa tournée dans la région de Sikasso, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, a déjeuné avec les militaires de la 8ème Zone militaire de notre pays, au camp Tièba Traoré. Il a saisi cette opportunité pour se livrer à un exercice de réarmement moral des soldats, soumis à rude épreuve ces derniers temps par des attaques terroristes.

Au cours de cette rencontre, le chef de l’Etat a réaffirmé sa confiance et tout son soutien à l’armée malienne dans notre patrie. Nous vous proposons ici l’intégralité de son intervention.

«Nous sommes ici, aujourd’hui, pour vous dire que combien cette vieille nation malienne est fière de vous et compte sur vous. Oui! Il y a toujours des esprits chagrins à l’affût qui ont tort de penser que vos tâches et missions diverses pourront être exécutées par des milices. Tous ceux-là n’ont rien compris.

Comment l’armée du Général Soumaré, formée aux vertus les plus nobles de notre peuple, de bravoure, d’intégrité et d’amour ardent pour la patrie, pourrait-elle se muer en un corps inerte, sans âme, sans esprit patriotique, à la merci du tout venant et du premier venu? Non Telle n’est pas l’armée du Mali, telle ne sera jamais l’armée du Mali, telle ne sera jamais l’armée dans laquelle vous servez avec honneur et dignité.

Soldats du Mali, je vous le dis, parce que je le pense, je le crois en mon âme, en mon cœur, en ma tête. Quand je vous regarde, je suis fier de vous. Tenue impeccable, la patrie au cœur, vous saurez vaincre tous les périls auxquels on soumet notre pays aujourd’hui. Tous les dangers qui tournent autour de nous, qui voudraient, sans le dire, sans l’avouer, nous assujettir.

Que non! Jamais la patrie de Babemba, de Soundjata Kéita, de Firhoun ne sera de nouveau assujettie par qui que ce soit. Soldats du Mali, armée du Mali, vous êtes mon arme de décision. Vous êtes l’arme de ma décision politique. C’est avec vous que je dois dire à la face du monde, avec fierté, détermination et engagement constant, le Mali, sa fierté d’être, qui ne date pas d’aujourd’hui. Nous ne sommes pas de ceux qui viennent de naitre.

Nous fûmes, j’aime à le dire et à le répéter, quand beaucoup n’étaient pas. Nation fière et debout dans cet espace sahélo-saharien, qu’Allah a fait nôtre. (…) Nous, nous venons de loin. Nous sommes un grand pays, un grand peuple. 2 500 kilomètres de long, de Tingharghar au pays Mossi, de l’Atlantique à l’Aïr, tel fut l’Empire du Mali.

Vous ne venez pas du néant. Vous venez d’un pays qui fut, quand certaines grandes nations d’aujourd’hui n’étaient pas. Et des puissantes économies se sont fondées à partir de votre pays. L’or du Soudan a été celui qui a émerveillé les économies occidentales. Nous nous ne sommes pas n’importe qui au monde. Nous sommes le Mali, le Mali éternel.

Soldats du Mali, je suis venu ici aujourd’hui vous dire mon engagement total à faire de notre armée nationale une armée parmi les meilleures, Incha Allah, à vous équiper. Oui! Tout a été fait pour nous tordre la main, pour nous empêcher de vous équiper. Et vous serez équipés, ou alors notre vie n’aura pas de sens. Notre mission n’est pas de venir jouir d’un pouvoir, mais de servir le Mali. Et, servir le Mali aujourd’hui, c’est servir nos forces de défense et de sécurité. Les mettre à hauteur de souhait, pas que matériellement, mais moralement aussi.

Elles doivent bénéficier de logis décents et il est temps que l’on vous sorte des quartiers. Que le rassemblement de nos éléments de défense et de sécurité puisse se faire dans des conditions dignes de toutes les forces de défense et de sécurité à travers le monde. Cela est ma mission et je n’aurai de cesse de l’accomplir. Donc, je suis venu ici aujourd’hui, pas en touriste, vous sentir et me sentir plus près de vous.

Ce repas de corps que je partagerai avec vous n’est pas folklorique. Il est un témoignage. Dans toute société, le partage du pain n’a jamais été indifférent. Je le ferai avec vous, pour dire que la vie de chacun et de chacune d’entre vous m’importe au plus haut degré. C’est pourquoi nous ferons tout pour que vous soyez en capacité de défense en toute circonstance, grâce aux équipements auxquels vous avez droit et dont vous avez besoin.

Quand vous êtes sur n’importe quel théâtre que ce soit, je ne dors pas. Qu’Allah nous donne la force, le courage et les moyens de faire en sorte que vous soyez tels que nous le souhaitons. Monsieur le ministre, vous avez rappelé la Loi de programmation et d’orientation militaire, la première Loi. Que l’on se souvienne que, quand nous fûmes Chef du Gouvernement en 1994, notre première tâche a été la visite des popotes. Je suis allé à Kati, je suis allé à la Base aérienne. J’ai visité d’autres casernes. J’en suis revenu voir Monsieur le chef de l’Etat abattu.

Je lui ai dit «Monsieur le Président de la République, je suis honoré par la mission suprême que vous m’avez confiée. Mais, Monsieur le Président, j’estimerai cette mission sans intérêt si vous ne donnez pas les moyens de faire en sorte que fin soit mise à ce que j’ai vu aujourd’hui. Que les forces de sécurité soient dans les conditions infrahumaines, non!» Ce que j’avais vu à Kati n’était pas à notre honneur.

Depuis ce jour lointain, je n’ai pas changé d’un iota. C’est pourquoi, en la charge qui est la mienne aujourd’hui, sachez qu’au bout de la mission, si cet objectif n’est pas atteint, si vous n’êtes pas dans d’autres conditions, dignes de fils qui servent le Mali avec autant d’abnégation, autant de don de soi, autant de courage et de bravoure, je m’en voudrai.

Soldats du Mali, armée du Mali, je vous salue, je vous apporte le salut de la nation entière, et vous dis bravo et merci.

Propos recueillis par Youssouf Diallo, Envoyé spécial
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