En visite d’Etat dans la 3e région administrative, le président de la République Ibrahim Boubacar Kéita a profité pour mettre les points sur les I avec la majorité présidentielle, dénoncé les manœuvres avec les puissances et dénoncé les insinuations concernant « les milices ».
Après la prière du vendredi à la grande mosquée de Sikasso, le président de la République a déjeuné avec les militaires du Camp Tiéba de Sikasso où il a parlé de la situation sécuritaire du pays et procédé à la décoration de quelques militaires méritants.
C’est un IBK requinqué qui a remonté le moral des troupes avec un discours guerrier. Au Camp Tiéba, il a fait savoir les raisons de sa visite avant de dire les attentes de la nation aux FAMa et ce que celles-ci peuvent attendre d’elle. Cette rencontre a été marquée par la remise de médailles à certains militaires. Au Camp Tiéba Traoré de Sikasso, IBK a également mis l’accent sur les conditions de vie des forces de défense et de sécurité maliennes.
IBK répond à des insinuations
“Il est temps que nos forces armées soient dans des logis décents. Le rassemblement des forces de défense et de sécurité du Mali doit se faire dans les conditions dignes de toute force de sécurité à travers le monde. Je suis venu ici, pas en touriste, mais vous sentir et me sentir au plus près de vous. Le repas de corps que je partagerai avec vous n’est pas folklorique, il est un témoignage”, a affirmé IBK.
Pour le président de la République, les groupes armés qui ont pris récemment le contrôle de la localité d’Anefis au sud de la ville de Kidal n’ont pas agi en sous-marin de l’armée malienne. S’adressant aux troupes dans un camp militaire de Sikasso vendredi dernier, IBK a déclaré ceci : “Oui, il y a toujours des esprits chagrins à l’affût qui ont tôt fait de penser que nous soyons aujourd’hui si exsangues que vos tâches et missions diverses pourraient être exécutées par des milices. Tristes sires qui n’ont rien compris. Je suis fier de vous“.
La majorité pris à partie
Si des sujets plus problématiques ont été abordés avec la classe politique de la majorité, de l’opposition et de la société civile, ils l’ont été discrétion.
Dans les locaux du gouvernorat de Sikasso, le président de la République a rencontré les partis de la majorité et l’opposition en huis-clos. Il n’a pas manqué de dire sa verve sur l’attitude des représentants des partis politiques, majorité comme opposition.
IBK a une fois fait le procès des partis qui ont décidé de soutenir son projet présidentiel. “Je ne vous sens pas dans le débat politique. Vous êtes frileux face à une opposition tonitruante”. Le président reproche à ses alliés qui doivent être sa garde rapprochée de briller par leur absence dans le débat politique contrairement à l’opposition qui fait parler d’elle sur tous les sujets. Exemple, la loi sur le quota de 30 % des femmes sur la liste électorale qui traîne toujours sur la table des députés.
“J’ai été élu grâce aux femmes et jeunes en majorité. Pourquoi marginalisez-vous les femmes dans les instances dirigeantes ?”.
“Vous m’avez déçu, car vous travaillez pour vous-même et non pour le Mali. J’ai toujours honoré mes engagements politiques, pourquoi vous ne me suivez pas ? Vous avez toujours un handicap dans la mise en œuvre de mon projet présidentiel”. Selon IBK, “l’heure n’est plus aux scories politiciennes”. “Ensemble, nous devons travailler à bâtir un Mali fort”. A la mouvance présidentielle, IBK a demandé compression et union sacrée. Si rien n’a fuité de sa rencontre avec l’opposition, l’on peut en déduire qu’il n’en demeure pas moins que le chef de l’Etat compte sur les partis de l’opposition pour aller à une convergence de vue sur des questions d’intérêt national
Un véritable cours de pédagogie ou de science politique que le président a dispensé à sa majorité représentée par 16 partis politiques et près d’une dizaine de ministres dans la salle. Une occasion pour lui de répondre à ces détracteurs qui annonçaient “sa mort prématurée”.
Le président de la République a aussi évoqué les rumeurs sur son décès à la suite de son voyage en Turquie. Il y a un mois, la capitale malienne bruissait de rumeurs fallacieuses sur la mort ou l’état de santé du chef de l’Etat. Avant que ce dernier ne rentre de son voyage physiquement bien portant. “Ceux qui souhaitent ma mort, je suis là, seul le destin en décide”.
Bréhima Sogoba
VISITE DU PRESIDENT EN 3e REGION
Des infrastructures de développement à gogo
Conscient des défis qui l’attendent au cours de son quinquennat, et eu égard à la confiance que les Maliens ont placée en lui pour sortir le pays de la crise qu’il traverse depuis 2012, Ibrahim Boubacar Kéita, veut chercher la solution où elle se trouve.
Jeudi, lors du lancement d’une visite présidentielle de 5 jours qui le conduira dans plusieurs localités de la région de Sikasso, le chef de l’Etat a affiché la volonté de répondre à des critiques par des actes concrets. Il a donné le ton à Bougouni par l’inauguration d’une centrale thermique.
Pour la première étape de cette visite, le chef de l’Etat a procédé à l’inauguration de la nouvelle centrale thermique de Bougouni pour la satisfaction des besoins énergétiques de la localité en vue de réduire les problèmes liés à l’électrification, car sans lumière, il n’y a pas de sécurité.
Avant de quitter la Capitale du Banimonotié, le chef de l’Etat s’est entretenu avec les notabilités sur les questions brûlantes de la nation comme la sécurité du pays, le renforcement des Forces armées et de sécurité du Mali, l’accord de paix et de réconciliation nationale, signé le 15 mai dernier, parachevé de 20 juin à Bamako.
Après Bougouni, Ibrahim Boubacar Keita s’est rendu à Koumantou pour la remise de clé d’une nouvelle aire de repos des routiers. Un projet d’un montant de 850 millions de F CFA pour une durée d’exécution de 8 mois, réalisé grâce sur budget d’Etat et grâce à l’appui financier de la Banque mondiale.
L’exécution a été assurée par l’Agence d’exécution des entretiens routiers (Ageroute). L’espace qui servira de site de repos aux routiers passant par cet axe, est bâti sur une superficie de 5,5 ha, comprend un restaurant, des toilettes, des salles de repos et un grand espace pour le stationnement des gros porteurs.
Le chef de l’Etat s’est dit satisfait de l’initiative qui est une première et indiqué qu’il compte la reproduire dans d’autres localités pour amoindrir les risques d’accidents liés à généralement à un épuisement extrême du conducteur. Aux dires du directeur de l’Ageroute, le choix porté sur Koumantou découle d’un sondage réalisé auprès des conducteurs eux-mêmes.
Un centre de dialyse et un CFP offerts aux Sikassois
La pose de cette première pierre a été faite le vendredi 21 août dans l’enceinte de l’hôpital de Sikasso. Une initiative conjointe du ministère de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du Nord en collaboration avec le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique.
Ce projet vise, selon le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Ousmane Koné, à rapprocher des centres spécialisés de soins de haut niveau des populations et de réduire les coûts de transport et de séjour pour les patients de toute la région de Sikasso.
Il sera construit sur une superficie de 960 m2 et comprendra des bureaux, des toilettes, une salle de garde, une salle de dialyse pour 10 lits et une autre de 2 lits pour VIP. S’y ajoutent des salles et des vestiaires pour le personnel médical, etc.
Le centre sera équipé de 10 générateurs de dialyse, 10 fauteuils, 10 tablettes et d’autres kits de dialyse y compris un système de traitement d’eau, une cuve de réserve d’eau, un groupe électrogène. Le financement de ce joyau architectural est assuré par l’Institut national de prévoyance sociale (INPS) à hauteur de 500 millions de F CFA.
A quelques mètres de l’hôpital de Sikasso, IBK a procédé, dans la matinée du vendredi, à la pose de la première pierre du Centre de formation professionnelle du Kénédougou. Financée par l’Agence française de développement (AFD) à hauteur de 5,9 milliards de F CFA, la construction de l’infrastructure s’inscrit dans le cadre du Projet d’amélioration de la compétitivité des entreprises par la formation (Acefor).
Après Sikasso, la ville de Koutiala a accueilli samedi le président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta. Le chef de l’État a inauguré hier matin les nouveaux locaux de l’Institut de formation des maîtres, IFM, de Koutiala.
Mariam Koné, envoyée spéciale à Sikasso