Mis en place dès le lendemain de la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation issu des pourparlers d’Alger, le comité de suivi de l’accord peine toujours à fonctionner. Après trois réunions, le comité a difficilement adopté son règlement intérieur le mois de juillet dernier. Le blocage est patent maintenant au sein de ce comité de suivi car non seulement les membres devant composer le comité ne sont pas encore connus mais aussi la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma), signataire de l’accord de paix le 20 juin 2015, vient de suspendre sa participation au sein du comité. Hier, lundi 24 août 2015, la Cma n’a pas participé à la réunion mensuelle du comité de suivi de l’accord. Elle s’est juste contentée de faire une déclaration et s’est, aussitôt, retirée de la salle. Dans cette déclaration, la CMA a conditionné son retour dans le processus de paix avec le départ des groupes de la Plateforme de la ville d’Anéfis.
Les violents combats qui ont eu lieu les 15, 16 et 17 août à Kidal, entre la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme, tous deux signataires de l’accord, auront véritablement mis le processus de paix en péril au Mali. Car le Comité de suivi de l’accord chargé de superviser l’application correcte dudit accord peine à prendre son envol. Le seul bilan à l’actif de ce comité demeure l’adoption difficile de son règlement intérieur. Et même si ce règlement intérieur a pu finalement être adopté après deux réunions avortées, des blocages persistent, et les différentes commissions n’arrivent toujours pas à se mettre en place. Les différents acteurs de l’application de l’accord n’ont jusqu’ici pas réussi à s’entendre sur l’identité de leurs représentants.
Certains mouvements armés (FPA, le Ganda- Izo, le CMFPR2) signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation dénoncent leur exclusion de la composition du Comité de suivi dudit accord et entendent manifester leur mécontentement. En plus de ces blocages, la Cma bande les muscles et exige le retrait de la Plateforme de la ville d’Anefis comme préalable à sa participation aux travaux du Comité de Suivi de l’Accord. Sidi Brahim Ould Sidati de la CMA, a, en effet, annoncé à notre confrère studio Tamani que son groupe siégera à la réunion du comité de suivi mais seulement pour annoncer la suspension de sa participation.
Ce qui fut fait. Dans une déclaration faite hier lundi 24 août 2015 au Cicb, la CMA a suspendu sa participation au comité de suivi de l’accord et exige que les groupes de la plateforme quittent la ville d’Anéfis. « La Cma est venu pour dire que tant que la plateforme est à Anéfis, elle ne participera pas aux réunions du comité de suivi de l’accord. Elle exige la libération de leur territoire. Elle estime qu’elle a un territoire dont aucune personne étrangère ne doit y être. Après cette déclaration, elle a quitté la salle mais les discussions continuent pour les questions de représentativité », souligne notre source qui participait à la réunion d’hier.
A l’issu des violents combats la semaine dernière, les rebelles indépendantistes de la CMA ont été délogés par la Plateforme de la localité d’Anefis, sur l’axe Gao-Kidal. Ainsi pour exprimer son indignation face à cet état de fait, la Cma n’a pas participé à la réunion mensuelle du comité de suivi de l’accord tenue hier lundi 24 août 2015. Elle a juste fait une déclaration et s’est aussitôt retirée de la salle. Et ce clash inquiète sérieusement la Médiation Internationale.
Dans un communiqué relatif à la situation sécuritaire, la Médiation internationale, garante de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, s’est dit préoccupée par la dégradation de la situation sécuritaire et réitère sa ferme condamnation des violations flagrantes de l’Accord de Paix par des parties signataires, survenues dans la région de Kidal. Elle rappelle aux parties la nécessité du strict respect des engagements souscrits dans l’Accord de Paix, particulièrement ceux relatifs à la cessation des hostilités.
A ce titre, la Médiation internationale demande instamment aux parties concernées à retourner aux positions qu’elles occupaient à la date du 20 juin 2015 et à poursuivre la mise en œuvre des mesures de confiance, notamment la libération des personnes détenues à l’occasion de ces événements. « La Médiation internationale exhorte l’ensemble des parties à participer activement au processus de paix afin d’accélérer la mise en place des mécanismes prévus par l’Accord de Paix, notamment ceux liés au volet (Défense et Sécurité). Elle réitère son soutien à la MINUSMA et rappelle que toute atteinte à l’intégrité de la Mission et de son personnel constitue une grave violation du droit international », précise le communiqué de la médiation internationale.
Aguibou Sogodogo