Le dernier développement de la situation du nord du Mali est la suspension de la participation de la CMA aux travaux du comité de suivi de l’accord d’Alger. Seule l’enquête en cours pourra dire qui de la CMA ou du Gatia a mis le feu aux poudres. Toutefois, le blocage du processus de paix était prévisible, et chaque acteur a sa part de responsabilité. Avant même l’éclatement des derniers affrontements entre le Gatia et la CMA, l’ONU craignait une reprise des hostilités au nord du Mali.
L’alerte avait été donnée par la Minusma qui annonçait le 30 juillet dernier que certains groupes armés signataires de l’accord d’Alger violaient l’accord de cessez-le feu. Hélas, la mission onusienne n’a pas su éviter le pire dans la région de Kidal entre les éléments du Gatia et ceux de la CMA.
L’opinion malienne n’a pas non plus saisi la portée de l’alerte de la Minusma, car toutes les attentions étaient tournées vers les jihadistes. On se demandait quelles allaient être les prochaines cibles des terroristes qui enchainaient les attaques surprises entre le Gourma Rarhous et Bamako, en passant par Sévaré dans la région de Mopti.
Au même moment, le feu couvait entre les groupes armés signataires de l’accord de paix d’Alger qui vient d’être signé. Le comité de suivi de cet accord peine toujours à se mettre au travail sur le fonds d’un conflit de territoires entre les protagonistes.
Si les combattants du Gatia et leurs alliés ont pris le contrôle d’Anefis, c’est en riposte à des attaques adverses, selon Me Harouna Touré. Pour ce dernier, la mésentente autour du comité de suivi de l’accord est donc écartée comme motif de la reprise des hostilités. Pourtant, la création du COMPIS 15 par les groupes armés mécontents a été suivie des derniers affrontements sanglants ayant coûté la vie à une vingtaine de combattants pour la plupart des éléments du camp indépendantiste.
S’agissant des causes immédiates des affrontements sanglants de la semaine dernière, chacune des parties accuse l’autre. Ce qui est certain, c’est que les hostilités sur le terrain portent atteinte au fragile dialogue entamé. Finalement, la paix se trouve prise en otage malgré l’espoir né de la signature du dernier des accords d’Alger. En ce qui concerne le gouvernement, il ne fait pas beaucoup pour faire comprendre aux citoyens lambda la volatilité de la situation. La zone de sécurité autour de Kidal a fait jaser beaucoup de Maliens.
Il appartient au gouvernement d’expliquer aux gens que cela nous ramènerait en arrière, avec tous les risques imaginables. Comme ce fut le cas en mai 2014, où les affrontements entre Fama et rebelles ont conduit à un arrêt du processus de dialogue politique, nécessitant la signature d’un cessez-le-feu, le 23 mai.
Autre aspect du blocage, le désaccord sur le calendrier électoral du 25 octobre prochain. Le gouvernement maintient sa volonté de tenir l’élection communale à cette échéance, malgré les incertitudes. On a du mal à imaginer la tenue des élections sans le respect des engagements pris dans l’accord d’Alger qui prévoit une concertation nationale pour aplanir certaines divergences, ainsi qu’une nouvelle gestion régionale, à travers une autre répartition des pouvoirs.
Soumaila T. Diarra