Le conseil des ministres du 3 août 2015 avait adopté un projet de décret portant convocation du collège électoral pour l'élection des conseillers communaux, des conseillers régionaux et des conseillers du District de Bamako. Le texte fixait la date des élections au dimanche 25 octobre 2015. Mais depuis la fixation de cette date, plusieurs voix (Coordination des Mouvements de l'Azawad et partis politiques) se sont élevées pour solliciter le report des élections.
Le RPM se rend à l'évidence
Si le RPM, parti au pouvoir, est resté évasif sur la question lors de son dernier point de presse animé le 14 août, il vient de décider, avec ses amis de la majorité, de demander officiellement le report du scrutin. Au sortir d'une réunion des partis de la majorité tenue le mardi 18 août, il a été, en effet, décidé de demander le report. Mais avant de publier la demande de report, les partis de la majorité ont préféré, par "courtoisie", rencontrer le Premier Ministre, Modibo Kéita; le président de l'Assemblée Nationale, Isaac Sidibé; et le ministre de l'Administration Territoiriale, Abdoulaye Idrissa Maiga. Des courriers officiels sont également en voie de rédaction pour être remis à ces différentes autorités. Si la demande du RPM se confirme, ce serait un désaveu pour le ministre de l'Administration Territoriale (photo).
Le ministre Maiga désavoué ?
En effet, après trois reports successifs (avril et octobre 2014 puis avril 2015) de l'élection des conseillers communaux, régionaux et du District, le gouvernement tenait coûte que coûte à éviter un quatrième report, d'où la convocation du collège électoral pour octobre prochain. Cette volonté ferme du gouvernement avait été affichée à travers le ministre de l'Administration Territoriale, Abdoulaye Idrissa Maiga, qui, lors d'une rencontre avec les partis politiques, le 23 juillet, avait affirmé qu'aucun report n'était envisageable. Le ministre a balayé d'un revers de main les objections de l'URD qui faisait état, entre autres, de la nécessité de sécuriser les opérations électorales et d'y faire participer les réfugiés. De surcroît, le représentant de l'URD avait souligné que l'accord de paix du 15 mai 2015 prévoyait une période transitoire de 18 mois pendant laquelle le Mali ne devait rien entreprendre sans concertation avec les groupes armées signataires. A la suite du représentant de l'URD, presque tous les autres intervenants avaient jugé impossible de tenir les élections à la date annoncée.
A tous, le ministre Maiga avait répondu qu'il n'avait pas convoqué les partis politiques à des fins dilatoires et qu'il excluait absolument tout report du scrutin. Ases dires, plusieurs pays tenaient des élections en pleine insécurité. Le retour des refugiés était, à ses yeux, un "acte volontaire" : ceux qui ne rentraient pas ne pouvaient espérer un report du scrutin à leur profit. Quant à la période de transition prévue dans l'accord de paix, le ministre Maiga avait affirmé que le Mali procédait à une "application intelligente" de l'accord. "Les maires en fonction ont trop duré à leur poste et commettent des dérivent. Je prépare même des sanctions contre plusieurs d'entre eux", avait-il conclu. Sans doute visait-il le maire de Gao, Sadou Diallo, et celui de Bamako,Adama Sangaré, suspendus par la suite...
Ayant compris que le ministre voulait imposer la date des élections sans tenir compte de leurs avis, les partis politiques avaient quitté la salle. Le ministre et le gouvernement auuel il appartient maintiendront-ils la date du scrutin contre l'avis du RPM lui-même ? Chacun le saura dans les jours qui viennent...
Abdoulaye Guindo