Le Mali sort progressivement d’une grave crise qui a failli provoquer sa dislocation. Le pays a montré qu’il a du ressort, suffisamment de ressorts pour rebondir là où beaucoup d’autres auraient sombré, confirmant un dicton célèbre du Mandé.
Le Mali doit cela d’abord à sa vaillante population qui, devant la menace a compris qu’elle a un héritage commun à préserver et à fructifier. Il le doit ensuite aux efforts de pays africains amis et de pays étrangers sensibles à la préservation de son potentiel humain, économique et culturel. Il le doit enfin à tous nos ancêtres qui, depuis des siècles ne cessent de planter dans les cœurs la graine de l’amour, de la fraternité et de la tolérance. En réalité, c’est tout cela qui fait la richesse et la grandeur du Mali. Comme il n’y a pas d’effet sans cause, le maillon faible qui a failli entrainer la partition du pays est l’état déliquescent de sa gouvernance. En effet, il n’y a rien de plus dangereux pour la stabilité et le développement d’un pays que la faiblesse du leadership. La fragilité de l’armature morale des dirigeants expose à tous les périls, à toutes les catastrophes. La présence aujourd’hui de forces armées étrangères sur le sol malien en est une preuve ; une présence salutaire pour éviter le chaos mais qui entame profondément l’autorité de l’Etat comme cela se constate en ce moment dans le nord du pays.
En effet, beaucoup d’actions y sont entreprises à l’insu du gouvernement sous le couvert de la communauté internationale et, la dernière décision de la MINUSMA de créer unilatéralement une zone de sécurité autour de Kidal pourrait bien finir par nous laisser croire qu’au nord, nous ne sommes plus chez nous. Existe-t-il une disposition expresse ou tacite de l’accord ou d’une quelconque résolution de l’ONU suspendant l’autorité de l’Etat du Mali sur une portion de son territoire ou voudrait-on tout simplement le déposséder d’un droit régalien ? L’accepter, c’est cautionner une forfaiture intolérable. La sécurité du territoire et des populations relève d’abord des forces armées et de sécurité du Mali. Kidal est un test important pour le gouvernement qui doit trouver la parade. Quand on danse avec un aveugle, il faut de temps en temps lui marcher sur les pieds pour qu’il comprenne qu’il n’est pas seul sur la piste. Avec toutes les informations alarmantes de viol et de prédation sexuelle qui parviennent de Centrafrique et d’ailleurs, quel père de famille serait rassuré en apprenant que sous prétexte de les protéger, sa femme et ses enfants vont être placés sous la seule garde des forces de l’ONU ?
Dans cette affaire de zone de sécurité, n’oublions pas non plus que la région est le centre de trafics maffieux importants. La préoccupation ne doit plus être d’apparaître comme le bon élève de la communauté internationale mais de s’assurer que les choses se déroulent dans la visibilité et le respect de la dignité des populations du nord.
Le Mali n’est pas un pays sous tutelle. Ses populations ont librement et démocratiquement élu IBK parce qu’elles le croient capable de faire respecter l’honneur du pays.
Mahamadou CAMARA