En ce moment, Anéfis, localité située à une centaine de kilomètres au sud de Kidal, connait un regain de tension. Cela fait suite à l’occupation de la zone par les combattants de la Plateforme, (des groupes armés dits pro-gouvernementaux) après la débâcle de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA). L’ONU a décidé alors de déployer les casques bleus en créant une enclave dite zone de sécurité.
Comme prévu, les casques bleus de l’ONU ont commencé à se déployer à 20 km à la ronde de Kidal, pour établir cette zone de sécurité. Une décision très mal appréciée par l’opinion nationale à Bamako et ailleurs. Vingt-quatre heures après la prise de la localité de Anéfis, située à une centaine de kilomètres plus au sud de Kidal, par les combattants de la Plateforme, des groupes armés pro-gouvernementaux, l’accalmie est en train de régner petit à petit dans la zone. Et comme s’ils voulaient effacer toute trace des rebelles, les nouveaux maîtres de la ville font flotter le drapeau national.
Un peu plus au nord, à El-Gerer, autre localité où les belligérants se sont affrontés ces trois derniers jours, c’est également le calme, mais un climat de tension est perceptible sur place, selon une source étrangère qui craint de nouveaux affrontements.
A Bamako, des officiels se disent en privé plutôt gênés par la violation du cessez-le-feu par les deux groupes armés qui se sont affrontés. On rappelle volontiers que très récemment, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a encore longuement reçu les responsables de la rébellion pour réaffirmer sa volonté de respecter leurs engagements.
Du côté de la Plateforme des Mouvements du 14 juin à Alger, elle ne compte céder à cette décision de l’ONU sous forme de menace. « Nous ne sommes pas contre tout ce qui peut nous faire avancer, mais pas question de céder une quelconque position à la CMA », indiquait Fahad Ag Almahmoud, secrétaire général du Groupe d’autodéfense touareg imghad et alliés (GATIA). Cette position du Gatia est partagée par le gouvernement, qui a demandé à la médiation internationale de faire remplacer les combattants du Gatia par les forces onusiennes appuyées par les Forces armées et de sécurité du Mali.
Devant cette position figée de la Plateforme, la CMA aussi a décidé de suspendre jusqu’à nouvel ordre sa participation au Comité de suivi de l’accord de paix et de réconciliation nationale.
Quant à la zone de sécurité autour de Kidal, la mesure n’a pas été prise en concertation avec les autorités maliennes, regrette le ministre de l’Economie Numérique de l’Information et de la Communication, Dr. Choguel Kokalla Maïga. « Nous nous attendions à ce que toutes les mesures que nous prenons soient prises ensemble. Donc ce n’est pas convenable que ce soit par la presse que le gouvernement malien apprenne une décision des Nations unies », s’indigne-t-il. Deuxièmement, indique-t-il, cette mesure si elle est prise à Kidal, elle doit être prise partout où il y a des risques de violence qui pèsent sur les populations, parce que nous savons que les tensions existent dans beaucoup d’autres zones. « Donc, ce que le gouvernement a demandé, c’est que la même mesure qui est prise concernant Kidal soit prise dans toutes les zones où pèse l’insécurité sur les populations », conclut le porte-parole du Gouvernement, Choguel Kokalla Maïga.
En tous cas, avant de se retirer face à la pression de la MINUSMA, le Gatia exige d’abord le redéploiement de l’armée malienne à Anefis.
Badra Aliou