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Niger: Nouveaux chantiers, vieux démons
Publié le vendredi 28 aout 2015  |  Le Républicain




Issoufou élu en 2011 boucle ses cinq ans en 2015. Une élection présidentielle est attendue en février prochain. Et le rappel des troupes a commencé. Issoufou est-il candidat à sa succession ? Il préfère attendre d’être investi par son parti. Mais sauf séisme, il est dans les starting-blocks. Il y irait fort d’un bilan communiqué sur 171 pages et qui présente les résultats du mandat dans les huit axes de ses promesses électorales en tant que candidat il y a quatre ans. Le président le dit tout de suite : le Niger connaît des sécheresses mais a vaincu la famine grâce à l’initiative 3N. Celle-ci propose une réponse structurelle à l’insécurité alimentaire en lieu et place de la traditionnelle action d’urgence.

Le Niger entendra siffler le train
Il s’est agi, dans cette optique, de mieux sécuriser et diversifier les conditions de production, optimiser la chaîne des valeurs dans tous les systèmes de production, y compris pastoral était l’objectif. Des stocks alimentaires sont disponibles en quantité suffisante et les céréales sont vendues à prix modérés en période de soudure.

Il a fallu en même temps penser aux routes pour la commercialisation et la production. Issoufou revendique 3000 km de routes bitumées et 2500 pistes rurales aménagées. Et le chemin de fer Niamey-Cotonou est en construction. Les rails sont visibles vers Dosso, une capitale régionale qui se modernise à grande allure Autre point de satisfaction du président : la gouvernance. « Nous avons gagné une dizaine de points dans le classement global pour la liberté de presse. Et nous ferons davantage », promet-il. Mais l’Etat également a été consolidé. « L’Etat existe ici » lance le président qui congratule « une armée aguerrie et apte à répondre aux défis sécuritaires » d’un pays assailli à ses frontières malienne, libyenne et nigériane.

L’armée équipée de 800 voitures fait des patrouilles département régulières. Et le pari du pouvoir est qu’elle se rende dans chacun des 14000 villages du Niger. Pour les infrastructures scolaires, le pouvoir actuel est fier d’avoir réalisé en quatre ans 15000 classes contre 3000 pendant les dix précédentes années. Il forme maintenant 3000 enseignants par an. Issoufou est un intégriste de l’enseignement professionnel et technique. 25% des élèves nigériens y sont maintenant orientés contre 22% quand il venait au pouvoir. Le président table sur 45% à l’horizon 2021. Pour l’enseignement supérieur, il mise sur le taux de 45% alors qu’il de 1% actuellement. Il vient de recruter d’un seul coup 500 médecins et personnels de santé. L’obsession du résultat continue : logements sociaux, centrales thermiques, barrage hydro-électrique, forages profonds et un hôpital de 500 lits en construction.
Le sceptre et le spectre

Aura-t-il le temps de faire tout cela ? Il faut d’abord qu’il soit investi par son parti et réélu par son peuple. Et il faut que le Niger continue sur la voie de la légalité constitutionnelle et divorce d’avec la tradition des blocages institutionnels qui conduisent au putsch. Depuis l’avènement de la démocratie dans les années 1990, le pays a connu trois coups d’Etat. Issoufou n’est pas en cohabitation et ne bloque rien, il n’est pas dans un projet de tazartché et il laisse le jeu institutionnel se faire, refusant même de désigner le président de la Ceni comme la constitution lui en donne le droit – il a préféré laisser les magistrats élire l’un des leurs- . Mais il ne se frotte pas les mains pour autant. L’ombre de Hama Amadou plane. L’ancien président du parlement ne peut sans doute pas se présenter en février mais ceux qui le connaissent sont sûrs qu’il fera tout pour peser sur l’avenir proche.

D’ailleurs, d’aucuns voient dans les manœuvres de l’opposition, le modus operandi de ce redoutable entrepreneur politique : créer la crise. Le reste viendra et le reste, l’histoire le révèle, c’est un coup d’Etat dont il est le grand gagnant. Est-ce pourquoi l’opposition crie à la nécessité de revoir le fichier électoral alors que le président de ce fichier n’est autre qu’un de ses caciques, en la personne de l’ancien ministre Mnsd Ibrahim Tamponi ? D’autant plus curieux que le Niger est l’un des pays africains réputés pour la qualité de son processus électoral. Le fichier électoral n’est pas le seul argument : depuis peu, l’opposition demande la tenue des municipales avant la présidentielle. Seul problème, le président n’a pas le pouvoir de le faire.

C’est l’affaire du juge électoral pour lequel des conseillers n’expirera qu’après la date fixée pour la présidentielle » explique le ministre d’Etat Bazoum, chef du parti présidentiel. Troisième front : l’opposition demande la dissolution de la cour constitutionnelle. Là aussi, le président n’a aucun pouvoir, les juges constitutionnels étant nommés pour une durée connue, selon le ministre d’Etat. Autant de bulles faciles à crever donc mais le 7 septembre prochain, une décision de justice décantera la crise du Mnsd. Elle déboutera Oumarou Seyni le challenger 2011 de Issoufou ou Alabadé son ex sociétaire qui a rallié le Pnds de Issoufou. Si c’est Seyni qui gagne, Issoufou pourra espérer livrer une rude bataille. Sinon, l’enjeu de la présidentielle sera juste le score qu’il aura fait. En filigrane donc, c’est l’image internationale du scrutin qui est l’enjeu.
Adam Thiam, de retour du Niger
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