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Moussa Ag Acharatouman de la Cma : “Il faut qu’on sache s’il y a des garants pour cet accord…”
Publié le vendredi 28 aout 2015  |  L’Indicateur Renouveau
Mahamadou
© RFI par DR
Mahamadou Djeri Maiga, vice-président du MNLA et sa délégation sont à Alger pour discuter des accords de paix, le 16 juillet 2014.




Au lendemain de la décision de la Plateforme de quitter la ville d’Anefis, la Coordination des mouvements l’Azawad (CMA) observe un silence de mort. Nous nous sommes entretenus avec son porte-parole Moussa Ag Acharatouman qui doute de l’existence des garanties pour faire respecter l’accord.
Quel est l’état du terrain en ce moment ?

La situation actuellement sur le terrain est très inquiétante surtout avec les dernières violations du cessez-le-feu par les milices pro-gouvernementales sur Anefif, Amssasine, Ménaka, etc. En plus de la difficile situation humanitaire dans laquelle nos populations vivent. Aujourd’hui, plus que jamais le processus de paix est en mal.

Quelle appréciation la CMA fait de la décision de la Plateforme de se retirer d’Anefis ?

Nous n’avons aucun commentaire à faire dessus. Ce qui est regrettable, injustifiable, inacceptable, ce sont les agissements de ces milices au vu et au su de tout le monde, à commencer par le gouvernement malien jusqu’à la Médiation internationale.

Ce qui est arrivé à Anefif est une violation grave du cessez-le-feu, tout comme ce qui c’est passé à Amassine, Ménaka, etc. Face à tout cela, nous avons deux choses : soit on laisse faire ces gens-là soit on ne peut rien faire contre eux, dans tous les deux cas de figure, c’est très grave. On ne peut pas passer nos vies à faire des accords sur papier et à être les premiers à les remettre en cause sur le terrain.

Comment jugez-vous l’arrivée des forces onusiennes et des FAMa au profit de la Plateforme?

Nous pensons qu’il faut d’abord régler cette question de la violation du cessez-le-feu, de quel droit certains violent le cessez-le-feu et la Médiation reste sans rien faire et le lendemain on veut nous débarquer les FAMa ou la Minusma sans au préalable avoir réglé cela ? C’était la même chose à Ménaka et dans d’autres localités azawadiennes.

Aujourd’hui, il est temps qu’on sache s’il y a des garants pour cet accord ou pas ? S’il y a des médiateurs ? S’il y a même une autorité au Mali ? Nous vivons aujourd’hui dans l’anarchie totale pire qu’avant la signature de cet accord. La paix se décrète par des actes et le respect de ses engagements. La situation de cette année est différente des années passées, on ne peut plus marcher sur le droit des Azawadiens et s’attendre à ce qu’on reste silencieux.

En votre âme et conscience, quels sont vos rapports avec la Minusma ?

Nous n’avons d’autre rapport avec la Minusma que celui qu’un acteur de cette crise a avec celui qui est censé apporter la stabilité sur notre territoire pour nos populations. C’est cette relation que nous avons avec la Minusma ainsi tout le reste de la Médiation Internationale.

Et pourtant, une bonne partie de l’opinion nationale pense qu’elle vous soutient…

Bombarder nos positions à Tabankort, ce n’est pas ce qu’on appelle soutien, laisser les milices progouvernementales venir attaquer Ménaka au vu et au su de la Minusma, ce n’est pas cela qu’on appelle soutenir. Nous empêcher de revenir à Ménaka en nous mettant leurs hélicoptères devant nous et en protégeant ceux qui ont violé le cessez-le-feu, ce n’est pas cela soutenir.

Je pense qu’il est temps que l’opinion nationale sache lire et dire la vérité, car c’est seulement ainsi qu’ils pourront marcher vers ce qui est essentiel, c’est-à-dire la paix. La Minusma est là pour soutenir le Mali et elle le fait malgré les difficultés, il faut au moins avoir le courage de leurs reconnaître cela et la remercier.

Quelles peuvent être, selon vous, les répercussions des événements de ces derniers jours sur le processus de paix ?

Aujourd’hui, nous assistons à une dégradation assez inquiétante de la confiance entre les parties. Les gens sont en train de perdre aussi espoir en ce processus. Il faut que les acteurs internationaux, régionaux et sous-régionaux prennent leurs responsabilités et essayent de faire appliquer les clauses de cet accord et prendre des sanctions contre ceux qui se croient au-dessus de toutes lois. Autrement, nous aurons toutes les raisons du monde de prendre nos responsabilités.

Alpha Mahamane Cissé
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