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Le grand paradoxe kidalois : Les rebelles à Bamako, Kidal inaccessible aux autorités maliennes
Publié le vendredi 28 aout 2015  |  Le Tjikan
Mali:
© Autre presse par DR
Mali: trois morts dans une attaque contre la Minusma à Kidal




La ville de Kidal est-elle encore malienne ou pas ? Difficile de répondre par l’affirmative au regard de ce qui se trame autour de cette localité qui est l’épicentre de la rébellion touareg et de la crise du nord. Mais ce qui fâche surtout, c’est pendant que les leaders des groupes armés se promènent librement à Bamako et dans le monde avec le passeport malien, les autorités maliennes sont interdites de séjour à Kidal.

Le Premier ministre Moussa Mara, lors de son passage à la Primature a tenté de réaffirmer l’appartenance de la capitale de l’Adrar des Ifoghas au Mali. Après avoir osé tirer le bouchon, il a failli y laisser sa peau. La ville de Kidal est-elle encore dans le giron du Mali ?

En dépit des multiples concessions faites par les autorités dans le but d’en finir pacifiquement avec cette crise du nord, le problème reste entier. Malgré la hargne de combativité de l’opposition sur ce dossier, Bamako a accepté de marcher à reculons en plusieurs points pour satisfaire aux désidératas de cette minorité en rupture de banc lors du processus de négociations d’Alger. Qui a finalement abouti à un accord de paix et de réconciliation nationale, signé en deux étapes à Bamako. Même avec cet accord que des adversaires politiques n’ont pas manqué de qualifier « d’accord de partition, d’abandon ou de capitulation, etc. », le Mali peine à retrouver la sérénité. Au moment où tous les acteurs se positionnaient derrière le Mali pour le mettre en œuvre, c’est le même moment que les complices du MNLA ont choisi pour multiplier les attaques contre les positions des FAMas, dans les régions de Tombouctou, Mopti, Ségou, Sikasso, au centre et au sud du pays. Les médias français ont usé de tous les artifices pour faire porter le chapeau au prédicateur peulh, Amadou Kouffa. En ignorant superbement les liens entre ce dernier et Iyad Ag Ghali, l’allier de poids des insurgés touarègues. Passer sous silence cette relation de cause à effet, revient à masquer à dessein le rôle du MNLA et complices dans la politique de déstabilisation du pays à travers des actes de sabotages qui ont eu lieu à Ténenkou, Goundam, Diré, Léré, Nampala, Nara, Fakola, Misseli et récemment à Sévaré. Cette stratégie de terre brulée ne pouvait jamais se réaliser si les rebelles ne bénéficiaient pas de coup de main.

De nombreuses exactions passées sous silence

En réaction à cette série d’événements tragiques, la MINUSMA et la France ne font que regretter après chaque drame. Quand bien même que la mission onusienne a, elle aussi, perdu des hommes. Mais, il a fallu que le Gatia déloge les rebelles d’Anefis pour soulever une vague de condamnation. Où était donc passé le patron de la MINUSMA quand ses hommes mourraient à Tombouctou et Sévaré récemment ? C’est ce traitement impartial de cette affaire qui doit convaincre les Maliens que le chantier de partition programmé de notre pays par la France est en cours. La seule alternative qui reste aux Maliens est de se donner la main pour faire barrage à leur plan machiavélique.

Le grand paradoxe ignoré de la MINUSMA et de la France

Pour la paix, le président Ibrahim Boubacar Keita et son gouvernement auront accepté tout ce qui ne touche pas à l’intégrité territoriale du Mali. Mais rien n’y fit. Les groupes rebelles ont cette vilaine manie de ne pas respecter les accords qu’ils signent. Ce fut le cas avec l’accord de Ouagadougou du 18 juin 2013 qui a permis l’organisation des élections présidentielle et législative pour doter le pays d’autorités légitimes et mettre fin à la transition. La signature de cet accord acquise à l’arrachée devrait permettre le cantonnement des combattants des groupes rebelles, leur désarmement, mais aussi permettre à l’armée d’entrer à Kidal pour assurer son rôle régalien de défense de l’intégrité territoriale et de sécurisation des personnes et leurs bien. Mais ce fut le revers de la médaille car au lieu que les rebelles soient désarmés conformément à cet accord, ce sont les soldats maliens qui avaient été cantonnés, confinés dans un périmètre qu’ils ne peuvent franchir au risque de s’attirer les balles de la force Serval ou de la Minusma. Arrive ensuite l’accord de cessez-le-feu après les affrontements meurtriers qui ont suivi la visite du Premier ministre Moussa Mara à Kidal. Mais aussi, l’accord signé les 15 mai et 20 juin 2015 à Bamako que les groupes armés n’ont pas encore respecté bien que la communauté internationale dans toutes sa composante ait été témoin de cette signature. Cela s’explique par la reprise des hostilités à Anefis. En effet, toujours les premiers à attaquer et à se cacher derrière la Minusma ou Barkhane, les combattants de la CMA on attaqué des positions du Gatia, déclenchant ainsi les hostilités et violant du coup le cessez-le-feu prôné par cet accord. La réplique des combattants du Gatia ne s’est pas fait attendre. Ils vont infliger une déculottée aux rebelles à Anefis. Lorsqu’ils s’apprêtaient en finir avec eux dans leur dernier bastion qui est Kidal, la Minusma va s’empresser d’établir un cordon sécuritaire de 20 km autour de la capitale de l’Adrar des Ifoghas, pour dit-elle protéger les populations civiles au cas où les combats venaient à s’intensifier.

Pendant cette situation, les leaders de la CMA se trouvent à Bamako en train de se pavaner entre les hôtels. Un paradoxe que seule la MINUSMA peut expliquer. Une situation que la France, le chantre de la démocratie et de la République semble ignorer. Des rebelles qui ont tué, mutilé et violé des mères de familles, se pavanent à Bamako, comme s’il ne s’était rien passé. Ils multiplient des contacts et des audiences pour demander le départ de la plateforme d’Anefis. Ils ont même décidé de suspendre leur participation du comité de suivi de la mise en œuvre de l’accord. Et du coup, le retour à la case de départ. Sous le nez et la barbe de la Communauté dite internationale, qui se dit en plus solidaire du Mali. Pendant ce temps, les autorités légitimes de Bamako, élus avec des suffrages exprimés tant à Kidal que dans le reste de la région, y sont déclarées personae non grata. Le gouverneur de Kidal est obligé d’avoir ses bureaux à Gao d’où il tente de faire ce qu’il peut pour les populations. Ce qui fâche, c’est qu’en raison de la reprise des hostilités, le gouvernement a été obligé de revoir le calendrier de la mission de balisage de terrain qui devrait partir à Kidal en vue de préparer le retour de l’administration, et des services sociaux de base (la Santé et l’Education). Mais avec la reprise des hostilités, cette mission a été renvoyée aux calendes grecques. Autant de situations qui poussent certains à conclure que Kidal n’est plus malien et ne le sera plus.

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